Immunologie et stratégie vaccinale contre le Covid-19

L’analyse de la réponse humorale au cours de l’infection par le Sars-CoV-2 est un élément clé de la recherche vaccinale. « Les données actuellement disponibles indiquent que l’infection par le Sars-CoV-2 s’accompagne d’une réponse anticorps essentiellement de type IgA et IgG, la réponse IgM semblant moins importante », rappelle la Haute Autorité de santé (HAS), qui vient de publier une synthèse des connaissances sur le sujet. La réponse neutralisante est principalement dirigée contre la protéine d’enveloppe S (spike), cible de la majeure partie des vaccins contre le Covid-19. La sévérité de la maladie, l’âge (40 ans et plus) et le sexe masculin sont corrélés positivement au pourcentage de séroconversion et au taux d’anticorps. « Aucun effet de type ADE* n’a été mis en évidence à l’heure actuelle au cours de l’infection par le Sars-CoV-2 », précise le rapport. La guérison est possible même en l’absence d’anticorps neutralisants, particulièrement chez les plus jeunes et les asymptomatiques, laissant penser que d’autres réponses sont impliquées dans la clairance virale. La HAS relève ainsi qu’une réponse lymphocytaire T à la fois CD4+ et CD8+ est retrouvée chez les patients infectés, même asymptomatiques.

Les atouts des vaccins

Les vaccins les plus immunogéniques sont a priori ceux à vecteur viral (université d’Oxford/AstraZeneca, Janssen, etc.) et ceux à ARN (BioNTech/Pfizer, Moderna). Développés depuis une dizaine d’années dans les tumeurs cancéreuses, les vaccins à ARN anti-Covid-19 figurent parmi les premiers à pouvoir être autorisés. L’ARNm est une plateforme vaccinale non infectieuse, dénuée de capacité d’intégration dans le génome cellulaire. « Il n’y a aucun risque potentiel d’infection ou de mutagenèse insertionnelle », souligne la HAS, puisque la cellule humaine n’a pas le matériel enzymatique nécessaire pour intégrer un ARN étranger à son génome. L’ARNm imite une infection virale et potentialise la réponse immunitaire à la fois humorale et cellulaire contre l’antigène viral exprimé. Le profil de sécurité de ce type de vaccin est a priori optimal, l’ARNm étant dégradé par des processus cellulaires normaux. Les vaccins protéiques (Novavax, Sanofi Pasteur/GSK, etc.) ont une immunogénicité moindre et nécessitent généralement, pour être efficaces, l’ajout d’un adjuvant, ainsi que plusieurs administrations. Même chose pour les vaccins à pseudoparticules virales (VLP), qui sont en revanche plus simples à produire. Le candidat vaccin de Medicago qui vient d’entrer en phase III est ainsi issu de plantes génétiquement modifiées.

En l’absence de tests immunologiques standardisés et de critères d’efficacité harmonisés, il est difficile pour l’instant de comparer ces différents vaccins. D’autres approches intégrant des antigènes plus divers sont étudiées, afin notamment d’élargir la réponse lymphocytaire. Des vaccins à délivrance muqueuse - l’immunité muqueuse semble associée au contrôle de la réplication du Sars-CoV-2 au niveau des voies aériennes respiratoires supérieures - pourraient à terme se montrer intéressants pour rompre les chaînes de transmission virale. « Il est très vraisemblable que plusieurs vaccins anti-Sars-CoV-2 seront produits avec succès, selon plusieurs vagues successives, et que les rappels vaccinaux pourraient faire appel à des vaccins de différentes générations », conclut la HAS.