La fibromyalgie, reconnue mais encore méconnue

La fibromyalgie est une forme de douleur chronique diffuse définie comme un syndrome associant des symptômes chroniques, d’intensité modérée à sévère, incluant de la fatigue, des troubles du sommeil et cognitifs, ainsi que de nombreuses plaintes somatiques. Ce syndrome touche majoritairement les femmes âgées de 30 à 55 ans, sans explications à ce jour, mais les enfants et les personnes âgées peuvent aussi être atteints. La fibromyalgie est plus fréquemment observée au sein des catégories socioéconomiques modestes. La maladie a toutefois par elle-même des conséquences susceptibles de renforcer les inégalités sociales : marginalisation, limitation des relations familiales et sociales, perte d’autonomie, difficultés dans l’emploi… L’absence de marqueur biologique rend le diagnostic difficile à poser. L’autoquestionnaire Fibromyalgia Rapid Screening Tool (First) constitue un outil simple, « bien adapté au dépistage de la fibromyalgie en pratique clinique courante », estime l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Ses six questions explorent l’existence de douleurs diffuses localisées dans tout le corps, leur qualité (brûlure, piqûre, crampe, etc.), la présence d’une fatigue, de sensations anormales non douloureuses (fourmillements, engourdissement, par exemple), de troubles du sommeil et cognitifs, et d’autres symptômes associés tels des problèmes digestifs ou urinaires, des maux de tête, etc. L’altération de la qualité de vie du patient est constante.

Une absence de traitement

La prise en charge de la fibromyalgie est complexe et nécessite souvent une approche multidisciplinaire, adaptée à chacun. « Même si depuis le rapport de la commission d’enquête à l’Assemblée nationale en 2016 de nombreuses actions ont été mises en œuvre, la situation des patients est encore source d’inégalités que ce soit pour le diagnostic ou la prise en charge qui restent un défi pour les patients et les professionnels de santé », a d’ailleurs récemment souligné Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé. L’approche thérapeutique n’est pas codifiée et est le plus souvent symptomatique. La Food and Drug Administration américaine a approuvé l’usage de la prégabaline, de la duloxétine et du milnacipran dans la fibromyalgie. Même si la Ligue européenne contre le rhumatisme (Eular) a émis une recommandation modérée en faveur de ces trois molécules et de l’amitriptyline, aucun de ces médicaments n’a été autorisé dans cette indication en Europe ni en France. En tout état de cause, la majorité des patients n’est pas soulagée par un traitement médicamenteux : une amélioration de 30 % ou plus de la douleur est observée chez seulement 4 patients sur 10.

Le socle du traitement repose en premier lieu sur une activité physique personnalisée et adaptée. C’est pourquoi l’Inserm suggère d’étendre à la fibromyalgie ses recommandations émises sur la pratique de l’activité physique dans les maladies chroniques. La psychothérapie peut aider à améliorer la qualité de vie des patients ayant des difficultés à gérer leur maladie ou présentant des symptômes anxiodépressifs. Des outils à destination des professionnels de santé et du grand public sont en cours de développement. Ils permettront de réduire l’errance médicale ou de limiter le mésusage des antalgiques opioïdes, et de rendre les patients plus autonomes dans la gestion de leur douleur. L’association Fibromyalgie France appelle de son côté à continuer le travail sur l’étiologie de la fibromyalgie, « regrettant que la piste environnementale n’ait pas fait partie intégrante du cahier des charges » des experts, comme recommandé par l’Académie nationale de médecine en… 2007.