« J’organise un suivi payant pour l’arrêt du tabac »

Cela m’a toujours intrigué cette addiction dont il est si difficile de se défaire. » elle-même ne fume pas, mais Agnès Toullec, préparatrice à Saint-Domineuc, en Ille-et-Vilaine, se forme sur le sujet. Le lancement des rendez-vous sur le tabac initiés par l’enseigne de l’officine, Pharmactiv, est un déclencheur pour sa titulaire audrey gautier. En 2015, elle décide de proposer des entretiens sur le sevrage tabagique aux clients. « Ce n’était pas du tout une demande de leur part. Mais il y avait une appétence. Nous y passions d’ailleurs beaucoup de temps, bien au-delà de la vente de substituts nicotiniques », se souvient agnès toullec. Pour cette nouvelle approche, il a d’abord fallu définir un cadre. « formaliser, cela permet de légitimer. Pour le sevrage tabagique, il ne faut pas brûler les étapes. Il faut y aller progressivement, sur une période de quatre à six mois. » pendant les deux premiers, un rendez-vous hebdomadaire est fixé. « le premier entretien, qui dure 45 minutes environ, permet de confirmer l’adhésion du patient et de fixer ses objectifs. Les suivants doivent tenir en une demi-heure. » les mois suivants, les entretiens sont espacés de deux semaines. Ils sont intercalés dans le planning de la préparatrice, qui en assure deux à trois et jusqu’à cinq par jour. Selon les disponibilités, ils se tiennent en matinée ou en fin de journée.

Entre confidences et compétences

Sur la dépendance à leur « meilleure amie », les fumeurs aiment se confier et en viennent parfois à évoquer leur vie de couple ou leurs difficultés professionnelles. « Tout d’abord, il est important de conserver le vouvoiement. Et mon rôle est de faire en sorte que l’on ne s’aventure pas sur ces sujets qui dépasse notre compétence officinale », pointe la préparatrice. Si l’échange s’oriente vers la prise de poids, le relais peut être assuré par sa collègue elle-même spécialisée, et qui mène des entretiens nutritionnels. Des collaborations sont aussi proposées en appui avec hypnothérapeutes ou sophrologues. « Aujourd’hui, nous sommes reconnus pour cette expertise à plusieurs dizaines de kilomètres aux alentours », se réjouit Agnès Toullec. Un succès qui confirme la réflexion du chef d’entreprise sur le modèle économique de ces initiatives. « Nous ne devons plus offrir nos services. Ne pas leur attribuer une valeur numéraire, c’est considérer qu’ils ne valent rien », estime Audrey Gautier. Pourtant, pendant trois ans, cet entretien sur le sevrage tabagique est mené gratuitement. En octobre 2018, le décret sur les conseils et prestations à l’officine* change la donne en rendant possible leur facturation. Il est décidé de faire payer vingt euros chaque entretien hebdomadaire et quinze la séance bimensuelle. Bénéfices collatéraux : la vente des médicaments du sevrage, la fidélisation d’une nouvelle clientèle, des conseils associés en parapharmacie… la préparatrice est d’ailleurs intéressée à ses résultats. Et pas question de dissimuler cet accompagnement derrière un écran de fumée : une communication est déployée pour le faire connaître sur les réseaux sociaux, par des flyers au comptoir et une grande affiche posée au sol à l’entrée !