Effets du confinement sur les dispensations - Le Moniteur des Pharmacies n° 3327 du 20/06/2020 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3327 du 20/06/2020
 

EXPERTISE

AUTOUR DU MÉDICAMENT

Auteur(s) : Anne-Hélène Collin

Le confinement et un système de santé presque exclusivement tourné vers la lutte contre le Covid-19 auront « profondément et durablement déstabilisé la consommation de médicaments de ville », conclut le troisième volet de l’enquête du groupement Epi-Phare (groupe d’intérêt scientifique constitué par l’Agence nationale de sécurité du médicament et la Caisse nationale de l’assurance maladie), publié le 12 juin et fondé sur l’analyse de 725 millions d’ordonnances pendant les huit semaines de confinement et la première semaine postconfinement. Les résultats montrent en effet une tendance à la baisse des dispensations en ville par rapport à la normale, avec une remarquable dégringolade pour les vaccins (jusqu’à - 71  %, sans qu’il y ait de début de rattrapage) ou pour les produits nécessitant une administration par un professionnel de santé (- 82  % pour les préparations pour coloscopie), confirmant le recul des examens avec, pour conséquence, un retard de prise en charge pour les patients « dont le rattrapage demandera probablement plusieurs mois, voire années ».

Moins inquiétante, la baisse de délivrance d’anticoagulants (AVK, AOD, héparines), avec 120 000 patients traités de moins par rapport à l’attendu, s’explique par un arrêt total de la chirurgie et la baisse des accidents de la route pendant le confinement. Autre baisse notable, celle des antibiotiques systémiques généraux (- 30 à 40  %), notamment chez les enfants, en raison de la fermeture des crèches et des écoles qui a réduit la transmission des agents infectieux habituels (hors nouveau coronavirus), mais peut-être aussi de la difficulté d’accès aux pédiatres et aux médecins généralistes. A l’inverse, en fin de confinement (trois dernières semaines) et lors de la première semaine de déconfinement, les divs notent une augmentation de l’utilisation des hypnotiques (+ 6,9  % en postconfinement) et des anxiolytiques (+ 1,2  %), sans hausse des antidépresseurs. Une observation sans doute associée à une anxiété et des troubles du sommeil liés au confinement/déconfinement, aux conséquences professionnelles et économiques, au fait d’avoir un proche malade, etc.

Moins de traitements instaurés

Paradoxalement, s’il y a bien eu un effet de stockage des traitements chroniques au début du confinement, il « n’a représenté globalement que moins d’une semaine de délivrance de médicaments », rattrapé par une sous-consommation en quatrième semaine de confinement et un lent retour à la normale depuis mi-avril, notamment pour les médicaments cardiovasculaires. Encore fallait-il que les doses aient été adaptées et le suivi biologique poursuivi, mettent en garde les divs. D’autant que l’enquête démontre par ailleurs une forte baisse de l’instauration de traitements pour de nouveaux patients pendant le confinement, correspondant à plus de 100 000 patients hypertendus, 37 500 diabétiques et 70 000 personnes relevant d’un traitement par statines et non traitées. « Ces résultats corroborent la baisse de l’activité de médecine de ville malgré le développement de la téléconsultation. » Reste à en estimer les conséquences à moyen et long termes. Ces données brutes laissent en effet présager une vague de patients malades… de ne pas avoir été soignés à temps.

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