Des solutions numériques pour lutter contre le Covid-19 - Le Moniteur des Pharmacies n° 3324 du 30/05/2020 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3324 du 30/05/2020
 
DÉCONFINEMENT

EXPERTISE

AUTOUR DU MÉDICAMENT

Auteur(s) : Magali Clausener

Information et prévention, suivi des patients Covid-19, tracing… Les innovations numériques se sont développées durant la crise sanitaire. Le point sur ces outils qui fascinent autant qu’ils inquiètent.

Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, le numérique et l’intelligence artificielle (IA) sont apparus comme des outils pouvant contribuer à la lutte contre le coronavirus dans trois champs d’action : l’auto-évaluation des symptômes de la maladie, le suivi des patients et le tracing ou tracking des personnes contaminées et des personnes « contact ».

L’évaluation des symptômes

Les outils destinés aux particuliers, notamment dans le cadre du déconfinement, consistent en des sites internet d’auto-évaluation. L’objectif est d’aider la personne à évaluer ses symptômes afin de savoir si elle a un risque d’être infectée par le coronavirus. C’est le cas de covidapp.fr (lancé par Silvan), de maladiecoronavirus.fr (financé par l’Alliance digitale contre le Covid-19), de mesconseilscovid.sante.gouv.fr (du gouvernement), de medvir.fr (créé par des médecins urgentistes), etc. Pour tous ces sites internet, le principe est identique : la personne remplit un questionnaire (âge, sexe, taille et poids, maladies chroniques et traitements, contacts avec des personnes malades ou contaminées par le SARS-CoV-2, département de résidence, symptômes, etc.) qui lui permet d’évaluer son risque d’être infecté et d’avoir des conseils sur la conduite à tenir en ce cas.

MedVir, conçu bien avant l’épidémie actuelle, paraît plus intéressant dans la mesure où la personne peut spécifier toute une série de symptômes qui permet d’évaluer ses risques pour un grand nombre de maladies. Les résultats sont présentés sous forme de pourcentages : à titre d’exemple, avec des symptômes de fièvre, de toux et de maux de tête, le risque d’être infecté par le SARS-CoV-2 est évalué à 40 %, le risque de rhinopharyngite à 23 %, de syndrome viral à 19 %, de grippe à 15 %, etc. Le conseil est cependant le même que pour les autres outils : l’orientation vers un médecin et, si besoin, l’appel au 15. Enfin, le grand public peut également évaluer ses risques de contracter une forme grave du Covid-19 sur le site internet covid-score.fr, élaboré par l’Institut Pasteur de Lille (Nord). A partir de trois critères (âge, sexe et IMC), la personne n’ayant pas de maladie chronique, d’obésité très sévère ou de grossesse en cours peut connaître son risque présenté par un code couleur (du vert au rouge) à l’instar du nutri-score.

Le suivi des patients à domicile

Plusieurs sociétés proposent des solutions de suivi à domicile des patients Covid-19. La plupart sont en fait l’adaptation d’outils déjà existants. La solution la plus aboutie (et celle dont on a le plus parlé) est Covidom, développée par Nouveal en collaboration avec l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) en Ile-de-France. Covidom est une application e-santé qui permet aux patients à risque, suspects ou porteurs du Covid-19, de bénéficier d’un télésuivi à distance via des questionnaires médicaux proposés automatiquement une ou plusieurs fois par jour. Le patient utilise l’application disponible sur ordinateur ou sur smartphone et le médecin utilise un tableau de bord disponible sur internet. Ce dernier enregistre le patient vu en consultation en saisissant ses principales données médicales et administratives et lui transmet un identifiant et un mot de passe afin de se connecter à l’application. Chaque patient est ainsi lié à un médecin de référence, même si le télésuivi peut être délégué à un infirmier. Fin avril, plus de 320 établissements de santé (dont plus de 160 hors Ile-de-France) et plus de 20 000 professionnels de santé (dont 5 000 médecins généralistes) utilisaient Covidom. Au total, plus de 60 000 patients suspects ou porteurs confirmés du Covid-19 ont été suivis sur l’ensemble du territoire et plus de 1 250 000 questionnaires ont été complétés en moins de deux mois. Le 23 avril, en vue du déconfinement, Nouveal a annoncé la mise à disposition gratuite de Covidom à l’ensemble des médecins et des infirmiers libéraux en métropole.

Dans les Bouches-du-Rhône, l’Assistance publique - Hôpitaux de Marseille (AP-HM) a également lancé le 19 mars une application pour assurer la prise en charge à domicile des patients atteints du Covid-19 ou suspectés de l’être, Covid APHM. Le principe est semblable à celui de Covidom. Téléchargeable sur un smartphone, l’application est activée par un code fourni par les médecins de l’AP-HM. Les patients répondent ensuite à un questionnaire quotidien. Ils peuvent aussi déclencher une alerte en cas d’aggravation des symptômes. Une cellule de télésurveillance active 24 heures sur 24, sept jours sur sept, installée en plein cœur du Samu/centre 15, rappelle les patients présentant des réponses défavorables et coordonne l’envoi de moyens appropriés avec le Samu.

Le tracing des personnes

Mais c’est certainement le tracing des personnes via une application mobile, utilisé dans d’autres pays, qui a fait couler le plus d’encre depuis plus d’un mois. Le gouvernement français a décidé de lancer sa propre application : StopCovid. Elle devait être prête le 11 mai pour le déconfinement. Finalement, le gouvernement l’a présentée au Parlement le 27 mai. De quoi s’agit-il ? Cette application permet de prévenir immédiatement une personne si elle a été en contact rapproché (par exemple, dans les transports ou dans un commerce) dans les derniers jours avec une personne qu’elle ne connaît pas et qui vient d’être testée positive au Covid-19. Les contacts pris en compte sont ceux qui sont restés à moins de 1 mètre de la personne atteinte pendant au moins 15 minutes. L’objectif est d’identifier très rapidement les personnes potentiellement infectées afin de les prendre en charge et de casser la chaîne de transmission du coronavirus. StopCovid permet ainsi à un patient Covid + de prévenir les personnes qu’il a pu croiser les jours précédents. Le téléchargement de l’application repose sur le volontariat. Le gouvernement compte sur la responsabilité de chacun pour prévenir et consulter un médecin en cas de contact avec une personne malade. Le gouvernement s’engage à respecter la vie privée - l’application ne géolocalise pas l’usager - et l’anonymat des utilisateurs. L’application n’a pas non plus vocation à être pérennisée. Le 25 mai, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) a rendu un avis favorable au déploiement de StopCovid, sous réserve d’améliorer l’information fournie aux utilisateurs, en particulier aux mineurs et à leurs parents, de permettre un droit à l’effacement des données pseudonymisées enregistrées et de donner l’accès à l’intégralité du code source. StopCovid devrait être déployée à partir du 2 juin.

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