L’officine en piste pour le Trod Covid-19 - Le Moniteur des Pharmacies n° 3323 du 23/05/2020 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3323 du 23/05/2020
 
TESTS SÉROLOGIQUES

EXPERTISE

AUTOUR DU MÉDICAMENT

Auteur(s) : Anne-Hélène Collin

En publiant le troisième volet de ses recommandations sur les tests sérologiques, la Haute Autorité de santé a donné ce lundi 18 mai le coup d’envoi des tests rapides d’orientation diagnostique Covid-19 en officine. Pour qui ? Comment ? Que faire après ? Début de réponse.

Les anticorps dirigés contre le SARS-CoV-2 développés après infection sont-ils protecteurs à moyen ou long terme, voire définitivement protecteurs ? En l’absence de réponse certaine, la place des tests sérologiques dans la stratégie de dépistage du Covid-19 est difficile à établir. Prudente, la Haute Autorité de santé (HAS) ne recommande pour l’instant les tests sérologiques automatisables (tests sérologiques de référence) et les tests de diagnostic rapide (TDR) que pour la surveillance épidémiologique et le dépistage de rattrapage, en complément du test virologique par RT-PCR, chez quelques patients cibles.

La place des tests rapides d’orientation diagnostique (Trod), seuls tests réalisables en pharmacie, est encore plus restreinte. Parce que les connaissances scientifiques et l’évaluation de leurs performances en vie réelle sont moindres, les Trod voient leurs indications limitées, sur prescription, aux enquêtes épidémiologiques, à l’orientation diagnostique de Covid-19 chez les patients symptomatiques (y compris les enfants) sans signe de gravité mais qui ont des difficultés d’accès à un laboratoire de biologie médicale, ainsi qu’aux professionnels de santé et aux professionnels travaillant en milieu confiné. Quant aux autotests, leur vente en officine n’est pas à l’ordre du jour. Selon la HAS, il est encore « prématuré » de les recommander du fait d’un trop grand nombre d’incertitudes sur la fiabilité de leurs performances, sur la maladie elle-même et sur les difficultés d’interprétation par le patient.

Le Trod Covid-19, en pratique

Le prélèvement s’effectue, comme pour les autres Trod autorisés en officine (VIH et angine), par un professionnel de santé préalablement formé, dans le local de confidentialité. « Les prélèvements pour les Trod sont réalisés au bout du doigt, ils ne nécessitent donc pas un équipement lourd comme pour les prélèvements nasopharyngés des tests virologiques par RT-PCR, explique Cédric Carbonneil, chef de service et pilote de projet à la HAS. De plus, la transmission par voie sanguine est très rare. » Un masque chirurgical et des gants peuvent suffire, même si le patient est potentiellement contagieux. Et si le résultat est positif ? « Les Trod sont des tests d’orientation diagnostique, et non des tests permettant de poser formellement le diagnostic de Covid-19 », rappelle la HAS.

Ainsi, tout Trod positif devra être confirmé par un test sérologique en laboratoire (technique ELISA). Le patient est donc orienté vers son médecin traitant qui, une fois le résultat confirmé, inscrit le patient dans la base de données « Contact Covid » de l’Assurance maladie et recherche les cas « contact ». Le pharmacien qui réalise le test doit assurer pour sa part une traçabilité écrite des résultats, c’est-à-dire « remonter les données au corps médical » : identité du testeur, informations du kit de Trod, etc.

Un parcours du combattant

La réalisation des Trod Covid-19 en officine n’est autorisée qu’après publication au Journal officiel d’un arrêté ministériel, qui manque toujours en date du 19 mai. La HAS prépare de son côté un guide de bonnes pratiques pour les professionnels de santé, qui devrait être prêt dans les prochains jours. Il reste aussi à discuter d’une prise en charge du test par l’assurance maladie et d’une éventuelle rémunération du pharmacien. Sans compter que la liste des Trod validés par le Centre national de référence (CNR) n’était toujours pas publiée à l’heure où nous bouclions. Les syndicats de groupements Federgy et UDGPO, de leur côté, se tiennent prêts. Ils ont déjà mené plusieurs expérimentations concluantes sur les Trod Covid-19 en officine et, échaudés par l’imbroglio sur les masques, anticipent avec prudence l’achat des tests auprès de fournisseurs, français pour la plupart. Leur plateforme « Masques et santé », qui fournit déjà masques, gels hydroalcooliques, blouses et gants, permettra d’approvisionner les pharmaciens en Trod validés par le CNR, une fois le feu vert des autorités donné. La demande est là. « C’est un besoin des patients, pour savoir où ils en sont », assure Laurent Filoche, président de l’UDGPO.

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