« J’ai adapté mes horaires pendant le confinement »

C’est l’histoire d’une unité. Dans la commune normande de Bernay (Eure), les quatre pharmacies se sont concertées pour trouver des solutions adaptées à la crise sanitaire occasionnée par l’épidémie de Covid-19. Premier résultat de cette concertation tangible pour le grand public : dès la deuxième semaine de confinement, les officines de ce bourg ont fermé boutique à 18 h. Plus précisément, à cette heure-là, elles éteignent leur croix verte et la lumière dans la surface de vente. « En fait, nous avions créé un groupe de discussion pour nos quatre officines sur WhatsApp [application de messagerie]. Au départ, il concernait la problématique de la distribution des masques. Puis le groupe est devenu un lieu plus général afin de trouver des idées pour gérer la crise sanitaire. Certains ont commencé à émettre l’idée de fermer plus tôt le soir. Finalement, nous nous sommes mis d’accord pour faire tous la même chose », explique Geoffrey Ragot, titulaire de la pharmacie de la Charentonne installé, pour la première fois, depuis janvier. Dès que le quatuor a eu la confirmation que les pharmacies de garde prenaient le relais à 19 h, il a pu décider de fermer à 18 h. La permanence du service est donc assurée. Concrètement, les quatre officines se sont mises d’accord pour rédiger un communiqué commun avec les logos de chacune et le diffuser toutes en même temps. « J’ai rédigé un div sur WhatsApp, mes confrères ont changé quelques mots et, dans la demi-heure suivante, c’était plié », se félicite ce tout jeune diplômé de 2019. L’avis, intitulé « Les pharmacies de Bernay s’engagent ensemble », a été rendu public sur les supports de communication de chaque pharmacie (pages Facebook, lieux de vente, etc.).

Encourager les patients à ne pas sortir

« L’idée était d’inciter les gens à ne pas sortir », ajoute Geoffrey Ragot, qui a protégé son équipe par des masques, des gants, des Hygiaphone en plexiglas et par un sens de circulation obligatoire pour les patients acceptés au nombre de trois au maximum en même temps. Dans les faits, une permanence était assurée de 18 h à 19 h dans les quatre officines bernayennes pour les ordonnances et les urgences. Les patients pouvaient donc venir et être servis. A la pharmacie de la Charentonne, un pharmacien et une préparatrice ont été généralement en poste pendant cette heure particulière. « Quand les patients entrent à tâtons dans une semi-obscurité, cela a une vertu pédagogique en nous permettant d’engager la conversation sur la crise sanitaire. » Ailleurs, il suffisait par exemple de sonner pour que l’officine ouvre. « Comme nous fermons habituellement à 19 h 30, nous avons logiquement eu un peu de monde, confie Geoffrey Ragot. Les patients se sont montrés très compréhensifs. Nous avons mené cette action tous ensemble pour qu’ils se rendent compte de l’importance de rester confinés, pour leur santé et la santé des autres. Nous espérons que communiquer ensemble permettra d’avoir une voix plus impactante. »