Soluté hydroalcoolique : bien l’utiliser, c’est encore mieux !
EXPERTISE
AUTOUR DU MÉDICAMENT
Auteur(s) : Yolande Gauthier
Face à la pénurie engendrée par l’épidémie de Covid-19, un arrêté publié au Journal officiel du 7 mars 2020 autorise les pharmacies d’officine et les pharmacies à usage intérieur (PUI) à préparer des solutions hydroalcooliques, et ce jusqu’au 31 mai. Mode de bon emploi.
De l’alcool éthylique qui dénature les protéines et les membranes lipidiques microbiennes, une pointe de peroxyde d’hydrogène pour inactiver les spores bactériennes potentiellement présentes dans le produit, un zeste de glycérol (ou glycérine) humectant et émollient pour ralentir le temps de séchage et protéger la peau. Et c’est tout. Telle est la recette de la solution hydroalcoolique préconisée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), adoptée par le gouvernement français. Ce produit est au cœur des mesures barrières recommandées pour limiter la propagation exponentielle du SARS-CoV-2, au même titre que le lavage des mains à l’eau et au savon. Le soluté hydroalcoolique s’utilise en l’absence de point d’eau (transports en commun, lieux publics, etc.) sur une peau propre, sèche, visiblement non souillée et non lésée. L’application sur des mains humides est à éviter car elle peut augmenter l’irritation. Chez l’enfant en bas âge, la désinfection par friction des mains paraît difficile en l’absence de la surveillance d’un adulte. Le lavage des mains à l’eau et au savon - de préférence liquide plutôt que solide - sera donc privilégié, tout comme d’ailleurs chez l’adulte dès lors qu’un point d’eau est disponible.
Des risques mesurés
Y a-t-il un risque à utiliser (très) fréquemment un soluté hydroalcoolique ? Dans une évaluation menée en 2011, l’Afssaps (devenue depuis l’Agence nationale de sécurité du médicament) s’est penchée sur l’innocuité de ces produits. Les études de la littérature ont montré que « l’absorption par voie cutanée ou inhalée de l’éthanol, survenant lors des frictions des mains de manière intensive avec des produits hydroalcooliques, est extrêmement faible, voire quasi nulle ». Aucun risque supplémentaire cancérogène, reprotoxique ou neurotoxique n’a été identifié. Des accidents ont toutefois été rapportés, notamment chez des enfants, à la suite de projections de produits hydroalcooliques dans les yeux. Ces solutés ne doivent donc pas être laissés à portée de main des plus jeunes, surtout s’ils sont colorés ou aromatisés (risque supplémentaire d’absorption par voie orale). La présence d’alcool rend le soluté facilement inflammable. Le récipient est par conséquent conservé bien fermé, à l’écart de toute flamme et de toute source d’étincelles ou de chaleur.
Prudence avec les huiles essentielles
Les huiles essentielles type ravintsara, tea tree ou laurier noble font souvent l’objet de demandes. Elles ont, certes, des propriétés antivirales mais elles ne font pas partie des moyens recommandés par l’OMS contre le coronavirus. En outre, certaines d’entre elles, particulièrement le laurier noble, sont allergisantes par voie cutanée.
ET LES SURFACES ?
Les surfaces possiblement contaminées (comptoirs, poignées de porte, etc.) peuvent être nettoyées avec un désinfectant ordinaire. Le Haut Conseil de la santé publique préconise d’utiliser d’abord un bandeau de lavage à usage unique imprégné de produit détergent, de rincer à l’eau avec un autre bandeau de lavage à usage unique, puis de laisser sécher avant de désinfecter à l’eau de Javel diluée à 0,5 % de chlore actif, soit 1 litre d’eau de Javel à 2,6 % + 4 litres d’eau froide.
1, 2, 3 SOLUTÉ !
1 LA FORMULE
- Ethanol à 96 % V/V : 833,3 ml
- Peroxyde d’hydrogène solution à 3 % : 41,7 ml
- Glycérol : 14,5 ml
- Eau purifiée QSP 1 000 ml
2 LA FABRICATION
- Dans un récipient de contenance adaptée, introduire le glycérol. Rincer le contenant du glycérol avec une partie de l’éthanol de la préparation. Ajouter le peroxyde d’hydrogène, l’eau purifiée puis l’éthanol par petites quantités, en mélangeant après chaque ajout. Homogénéiser. Si nécessaire, compléter au volume avec de l’eau purifiée. La solution obtenue est un liquide limpide et incolore.
- Répartir immédiatement dans des flacons de plus petite contenance en vue de leur dispensation. Une mise en quarantaine des lots pendant 72 heures est nécessaire avant la dispensation. Elle permet la destruction des spores éventuellement présentes dans l’alcool ou les flacons. Les locaux de stockage doivent être équipés d’une ventilation adaptée ou d’une chambre froide.
- La solution se conserve à température ambiante (15 à 25 °C) pour une durée de deux ans à compter de la date de réalisation.
3 L’ÉTIQUETAGE
- Nom de la solution : « Solution hydroalcoolique recommandée par l’Organisation mondiale de la santé pour l’antisepsie des mains ».
- Composition : « Ethanol - peroxyde d’hydrogène - glycérol ».
- Nom de la pharmacie qui a réalisé la solution.
- Date de fabrication et numéro de lot.
- Conditions de conservation.
- Mentions : « Pour application cutanée uniquement », « Eviter tout contact avec les yeux », « Maintenir hors de portée des enfants », « Liquide inflammable : tenir éloigné de la chaleur et de toute flamme ».
- Mode d’emploi : « Remplir la paume d’une main avec la solution et frictionner toutes les surfaces des mains jusqu’à ce que la peau soit sèche ».
Source : Journal officiel du 7 mars 2020.
Prévoyez-vous de fermer votre officine le 30 mai prochain en signe de protestation ?
1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.
Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !
