L’ANSM surveille les prescriptions des femmes enceintes - Le Moniteur des Pharmacies n° 3308 du 15/02/2020 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3308 du 15/02/2020
 
PHARMACOVIGILANCE

Expertise

Ouverture

Auteur(s) : YOLANDE GAUTHIER 

En moins d’une semaine, deux études du Groupement d’intérêt scientifique Epi-Phare, constitué par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), ont conduit l’ANSM à lancer une alerte. La première, publiée le 4 février, dénombrait encore 224 femmes enceintes traitées en 2018 par du valproate de sodium, dont plus du tiers pour des troubles bipolaires, conduisant à 124 naissances d’enfants exposés in utero. Et ce, alors même que la molécule est formellement contre-indiquée pendant la grossesse dans l’indication troubles bipolaires et ne doit être utilisée chez les femmes enceintes épileptiques qu’en l’absence d’alternative thérapeutique appropriée.

La seconde alerte a concerné cette semaine le mycophénolate (Myfortic, Cellcept et génériques). Largement prescrit après une greffe d’organe ou, hors AMM, pour le traitement de certaines maladies auto-immunes (lupus érythémateux, sclérose en plaques ou glomérulopathies), cet immunosuppresseur est lui aussi contre-indiqué chez les femmes enceintes. Sur la période 2010-2017, l’étude recense au moins une dispensation de mycophénolate chez 17 726 femmes en âge de procréer et pointe une augmentation de l’utilisation de 44 % en sept ans. 383 grossesses exposées ont été identifiées, dont plus de la moitié (54 %) chez des femmes non transplantées. 169 grossesses ont eu une issue défavorable, principalement par interruption volontaire ou médicale de grossesse. Un diagnostic de malformation congénitale à la naissance a été retrouvé pour 12 % des nouveau-nés exposés in utero. « L’utilisation du mycophénolate augmentera probablement dans les années à venir avec l’accroissement du nombre de transplantations et de la prévalence des maladies auto-immunes », prévoit l’étude. Qui insiste sur l’importance de respecter les conditions de prescription et de délivrance de la molécule : signature du formulaire d’accord de soins, test de grossesse négatif avant le début du traitement, mise en place d’une contraception efficace et adaptée à poursuivre au moins six semaines après l’arrêt du traitement chez la femme, 90 jours chez l’homme.

En pratique au comptoir, l’ANSM appelle à nouveau à la vigilance en cas de dispensation de mycophénolate ou de valproate à une patiente en âge de procréer. Le pharmacien doit alerter sur les risques encourus en cas de grossesse. Cette même vigilance s’impose lors de la délivrance, entre autres, de rétinoïde topique ou per os, d’acétazolamide (Diamox, Défiltran), d’ondansétron (Zophren et génériques) ou de fingolimod (Gilenya), dont l’utilisation chez la femme enceinte a été contre-indiquée ou restreinte ces dernières années. Sans oublier, bien sûr, les AINS qui ne doivent absolument pas être utilisés à partir du début du 6e mois de grossesse.§

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