Hausse des détournements de protoxyde d’azote - Le Moniteur des Pharmacies n° 3295 du 16/11/2019 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3295 du 16/11/2019
 
ADDICTOVIGILANCE

Expertise

Ouverture

Auteur(s) : ANNE-HÉLÈNE COLLIN 

P as si hilarant, le protoxyde d’azote. Avec déjà 8 cas d’atteintes neurologiques graves signalés uniquement par le centre d’addictovigilance de Lille (Nord) depuis le début de l’année, les instances sanitaires s’inquiètent de la recrudescence d’une consommation détournée du protoxyde d’azote ou « gaz hilarant », en particulier chez les adolescents et les étudiants, dans un condiv festif et récréatif. «   Le protoxyde d’azote est la deuxième substance la plus consommée après le cannabis   » parmi les étudiants bordelais, relevait le bulletin de l’Association française des centres d’addictovigilance de février.

Gaz médical utilisé en anesthésie ou comme antalgique, le protoxyde d’azote est également présent en cuisine comme propulseur dans les aérosols de crème chantilly ou en cartouches destinées aux siphons pour émulsion, «   cartouches détournées de leur usage et inhalées le plus souvent via des ballons   », explique l’Association française des centres d’addictovigilance dans un communiqué publié le 8 novembre. Les effets recherchés sont notamment l’euphorie, la distorsion des perceptions et la désinhibition. Comme la durée des sensations est brève, 2 à 3 minutes, les prises sont souvent répétées, jusqu’à 30 cartouches par jour, faisant suspecter un comportement addictif. L’existence de « bars à proto » a même été signalée. Or les conséquences pour la santé peuvent être graves, parfois même mortelles. Le protoxyde d’azote est dépresseur du système nerveux central et interagit avec le métabolisme de la vitamine B12. Outre les brûlures par le froid du gaz libéré directement depuis la cartouche, une asphyxie liée au manque d’oxygène ou encore une perte des réflexes de la toux et de la déglutition entraînant un risque mortel de fausse-route, le protoxyde d’azote peut provoquer des troubles neurologiques parfois irréversibles, psychiques et cardiovasculaires. Sans compter les conséquences d’un déficit en vitamine B12 (paresthésies, anémie, myélopathies, etc.). «   L’évolution défavorable de ces complications peut être évitée par un diagnostic immédiat, un arrêt rapide et total des consommations ainsi qu’une prise en charge […] spécialisée en neurologie pour mise en place d’une vitaminothérapie   », alertent les centres d’addictovigilance. Paradoxe de l’histoire, alors que les cartouches de protoxyde d’azote sont en vente libre dans les supermarchés, les épiceries et sur internet, le gaz est inscrit sur la liste I des substances vénéneuses lorsqu’il est à usage médical. Dans l’attente d’une démarche administrative et réglementaire et d’une campagne de sensibilisation « en cours », les professionnels de santé doivent se montrer vigilants.§

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