Phytothérapie et troubles nerveux - Le Moniteur des Pharmacies n° 3289 du 05/10/2019 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3289 du 05/10/2019
 

Cahiers Formation du Moniteur

Conseil

Auteur(s) : PAR  CHANTAL OLLIER,  PHARMACIENNE, ACTUALISÉ PAR  ANNE-HÉLÈNE COLLIN,  PHARMACIENNE. 

LES TROUBLES DU SOMMEIL 

« JE DORS MAL »

Sylvain, 40 ans, commercial.–  Je pars 2 semaines en déplacement et je dors mal quand je ne suis pas chez moi. Je cherche un produit pour dormir mais qui ne me laisse pas vaseux le matin.–  Je vous conseille ce produit de phytothérapie à base de plantes sédatives. Mais ne vous découragez pas s’il n’y a pas de résultat dès le premier soir, son efficacité est progressive.

LES ÉTATS ANXIEUX 

« JE ME FAIS DU SOUCI »

Marie, 55 ans, fidèle patiente de la pharmacie :– Au moindre souci, mes plaques de psoriasis réapparaissent. Je vais reprendre un tube de Diprolène. Je crois qu’il m’en reste un à prendre sur cette ordonnance.– Effectivement. Mais vous devriez prendre en plus un traitement calmant pour réduire le nombre de poussées. Les plantes ont montré leur efficacité.
L’anxiété est utile lorsqu’elle permet d’éviter un danger et normale lorsqu’elle est justifiée par des causes réelles. Examens, stress chronique, maladie ou décès d’un proche, problèmes financiers, soucis professionnels, changements de mode de vie (départ à la retraite, divorce, départ d’un enfant de la maison), traumatismes (accident, agression) sont les principaux facteurs générateurs d’anxiété. L’anxiété est considérée comme pathologique lorsqu’elle survient sans raison ou que son intensité est disproportionnée par rapport à l’événement.
Elle se traduit par un sentiment d’inquiétude, de peur qui peut conduire à s’isoler ou au contraire à devenir hyperactif. Sur le plan physique, les symptômes sont très variables : troubles du sommeil, palpitations, maux de ventre, troubles du transit, sensation de nœud à la gorge ou à l’estomac, envie constante d’uriner, etc.


LES LIMITES DU CONSEIL


Anxiété généralisée, phobie, TOC, attaque de panique nécessitent une consultation médicale.
Le conseil à l’officine se limite à la nervosité ou à une anxiété légère lorsqu’elles sont liées à un événement précis.


CONSEILS EN PHYTOTHÉRAPIE


PLANTES ANXIOLYTIQUES MAJEURES

Les plantes relaxantes sont le traitement de choix des états de nervosité et d’irritabilité. La prise quotidienne est étalée sur la journée en 3 ou 4 prises dont la dernière 30 minutes avant le coucher.
En l’absence d’amélioration après 2 semaines de prise, il est préférable de consulter.
Une susceptibilité particulière peut gêner la conduite.
Elles sont déconseillées chez la femme enceinte ou qui allaite et chez l’enfant de moins de 12 ans.
Des propriétés anxiolytiques ont été démontrées pour certaines plantes sédatives :
> La passiflore (Passiflora incarnata, parties aériennes).

POSOLOGIE :

– en infusion de 15 minutes, 1 à 2 g (1 demie à 1 cuillère à café rase) par tasse d’eau chaude, 1 à 4 fois par jour ;
– poudre en gélules, 0,5 à 2 g par prise 1 à 4 fois par jour ;
– extrait fluide (alcool 70 %), 2 ml dilués dans un peu d’eau 3 fois par jour.
> L’eschscholtzia ou pavot de Californie (Eschscholtzia californica, parties aériennes fleuries).

POSOLOGIE :

– 480 à 600 mg de poudre en gélules, 2 à 3 fois par jour pour une dose journalière de 960 à 1 500 mg de poudre ;
– infusion de 15 minutes, 6 à 10 g pour 500 ml d’eau à boire en 3 fois.
> La valériane (Valeriana officinalis, organes souterrains).

POSOLOGIE :

– 0,3 à 1 g de poudre en gélules par prise ;
– infusion de 10 minutes, 1 à 3 g (1 cuillère à café rase = 2,5 g) par tasse (mais goût peu agréable) ;
– l’équivalent de 400 à 600 mg d’extrait sec (solvant d’extraction : éthanol 40 à 70 %) par prise, jusqu’à 3 fois par jour.
> Le tilleul (Tillia sp., inflorescence) : l’extrait aqueux agirait par action agoniste sur les récepteurs périphériques aux benzodiazépines.

POSOLOGIE : À PRENDRE EN INFUSION DE 15 MINUTES, 1,5   G (ENVIRON 1 CUILLÈRE À CAFÉ RASE) POUR 1 TASSE D’EAU CHAUDE, 2 À 4 FOIS PAR JOUR POUR UNE DOSE JOURNALIÈRE DE 3 À 6   G.

> La ballote fétide ou ballote noire (Ballota nigra, sommités fleuries) : ses propriétés anxiolytiques sont attribuées à des dérivés du phénylpropane et leur affinité pour les récepteurs dopaminergiques et aux benzodiazépines. Elle est également sédative.

POSOLOGIE : ELLE S’UTILISE EN INFUSION DE 10 MINUTES À 10   G/L, 250 À 500   ML PAR JOUR.

Pour masquer son odeur fétide, aromatiser avec des plantes comme la mélisse, l’anis ou la fleur d’oranger amer.
Bien qu’aucun effet indésirable n’ait été signalé avec la ballote, la présence de diterpènes labdaniques, structurellement proches de ceux de la germandrée petit-chêne, incite à l’utiliser sur de courtes durées (cas documentés d’hépatites liées à la consommation prolongée de germandrée petit-chêne et en particulier sous forme d’extrait hydroalcoolique).


EN COMPLÉMENT

Les plantes calmantes sont très complémentaires des plantes anxiolytiques et permettent d’adapter son conseil aux plaintes des patients :
> Le houblon (Humulus lupulus, cône) est à privilégier si les troubles du sommeil sont marqués.

POSOLOGIE :

– 400 mg de poudre en gélules, 2 fois par jour pour un adulte, et 200 mg, 2 fois par jour pour un adolescent ;
– infusion de 10 minutes, 500 mg (environ 1 cuillère à café) par tasse jusqu’à 4 tasses par jour.
L’aubépine (Cratægus sp., fleur et sommités fleuries) est la plante de choix en cas de palpitations nerveuses ou de troubles tensionnels, chez l’adulte.

POSOLOGIE :

– infusion de 15 minutes à 10 g/l, (1 cuillère à café rase = 1,8 g), 250 à 500 ml par jour ;
– poudre en gélules, 190 à 350 mg par prise, 2 à 5 fois par jour pour une dose quotidienne de 570 à 1 750 mg.
L’oranger amer (Citrus aurantium ssp. aurantium ou amara, feuille) est indiqué en cas de spasmes associés.

POSOLOGIE : INFUSION DE 15 MINUTES À 20   G/L, 250 À 500   ML PAR JOUR. LA FLEUR D’ORANGER SÉDATIVE S’UTILISE À LA MÊME POSOLOGIE.

La lavande (Lavandula angustifolia, sommités fleuries) a un intérêt dans les troubles digestifs d’origine nerveuse en raison de ses propriétés à la fois sédatives et spasmolytiques.

POSOLOGIE : INFUSION DE 15 MINUTES, 1 À 2   G PAR TASSE (1 CUILLÈRE À CAFÉ RASE =   0,8   G), 3 FOIS PAR JOUR.



CONSEILS EN AROMATHÉRAPIE


EN APPLICATION SUR LA PEAU

En cas d’anxiété, la voie cutanée est le principal mode d’utilisation de l’aromathérapie. Les huiles essentielles (HE) diluées dans une huile végétale sont appliquées sur la face interne des poignets et le plexus solaire : 2 à 3 gouttes d’HE dans 1 demi-cuillère à café d’huile végétale, 3 fois par jour.
> HE de lavande vraie ou fine : c’est un bon anxiolytique et elle peut aussi être utilisée en inhalation sèche (sur un mouchoir) ou per os (1 à 4 gouttes par jour dans 1 cuillère à café de miel). Elle semble également diminuer les sensations douloureuses et le ressenti en postopératoire.
> Les HE utilisées en diffusion le sont également en application sur la peau : mandarine (zeste), bigaradier (feuille), litsée citronnée (à diluer impérativement).
> HE d’ylang-ylang (Cananga odorata, fleur, HE complète) : son odeur est unique, à la fois florale, chaude et exotique. Elle peut être dermocaustique (diluer à 10 à 20 % au maximum).
> HE de marjolaine à coquilles ou marjolaine des jardins (Origanum majorana, plante fleurie) : elle est indiquée dans tout trouble dont l’origine nerveuse est confirmée.
> HE de palmarosa (Cymbopogon martinii, parties aériennes) : lorsque l’anxiété entraîne des spasmes gastro-intestinaux. Diluée, cette HE est bien tolérée par voie cutanée.
> HE de verveine citronnée (Lippia citriodora ou Aloysia triphylla, feuille) : elle est à diluer en raison de sa dermocausticité potentielle.


EN DIFFUSION ATMOSPHÉRIQUE

La diffusion atmosphérique d’HE calmantes permet de créer une atmosphère relaxante. Utiliser un diffuseur électrique sur une courte période : 5 à 10 minutes toutes les heures ou toutes les 2 heures. Une intolérance (migraines, nausées) ou une irritation des muqueuses peuvent survenir si les HE sont mal choisies ou si elles sont diffusées trop longtemps.
Les HE le plus souvent utilisées en diffusion pour détendre sont les HE d’orange douce (Citrus sinensis, zeste), de lavande fine (Lavandula officinalis, vera ou angustifolia, sommités fleuries), de mandarine (Citrus reticulata, zeste), de bigaradier (Citrus aurantium ssp. aurantium ou amara, feuille) et de litsée citronnée (Litsea citrata, en association). 

INFOS CLÉS

INFOS CLÉS

•   Les plantes anxiolytiques permettent de calmer les états d’inquiétude, de nervosité et d’irritabilité : passiflore, eschscholtzia, valériane, tilleul et ballote noire.

•    Les plantes calmantes sont de bons compléments : houblon, aubépine, lavande et oranger amer (feuilles).

•   Les prises sont étalées sur la journée dont une 30 minutes avant le coucher.

TESTEZ-VOUS

testez-vous
Dans cette liste, quelle(s) plante(s) n’a(ont) pas de propriétés anxiolytiques ?
Passiflore, eschscholtzia, houblon, valériane, tilleul.
Réponse : houblon.

HUILES ESSENTIELLES : PRÉCAUTIONS D’EMPLOI

Huiles essentielles : précautions d’emploi

•  Utiliser des HE 100 % pures, naturelles, certifiées. Bien refermer les flacons après utilisation. Ne pas laisser à portée des enfants. Bien se laver les mains après avoir touché une HE.

•  Avis médical nécessaire : grossesse, allaitement, enfant de moins de 3 ans, pour la voie orale chez l’enfant de moins de 6 ans, antécédents d’épilepsie, allergie avérée.

•  Voie orale : sauf avis contraire d’un professionnel de santé, ne pas dépasser 6 gouttes d’HE par jour chez un adulte (toutes HE confondues), une semaine au maximum et les prendre sur un support (miel, huile d’olive, mie de pain). En cas d’ulcère gastrique, utiliser des HE sous forme de gélules gastrorésistantes. Prudence avec les HE neurotoxiques.

•  En application sur la peau : les HE s’appliquent le plus souvent diluées dans une huile végétale. Attention aux HE allergisantes, photosensibilisantes, dermocaustiques (y compris pour la muqueuse buccale) ou neurotoxiques. Sur un terrain allergique ou en cas de peau sensible, effectuer au préalable un test de tolérance cutanée des HE ou mélanges appliqués sur la peau : déposer une goutte dans le pli du coude. Ne pas utiliser le produit si dans les 24 heures apparaît une réaction (rougeur, irritation, démangeaison, etc.).

•  En cas d’allergie respiratoire ou asthme, éviter l’inhalation et la diffusion d’HE sans avis médical.

LE POUVOIR DES ODEURS

Le pouvoir des odeurs

•  Les odeurs influencent notre comportement et notre humeur car le message olfactif est délivré au niveau du système limbique, siège des émotions et de la mémoire, sans passer par le conscient. Analysée par le cerveau, l’odeur déclenche une réponse selon qu’elle est perçue comme agréable ou désagréable et des réactions spécifiques de notre organisme : selon les odeurs diffusées, il est possible de calmer, stimuler ou favoriser la concentration.

•  L’aromachologie, qui étudie le pouvoir des odeurs sur le comportement, est particulièrement mise à profit dans le domaine du bien-être et de la gestion du stress par la diffusion d’huiles essentielles dans des lieux privilégiés (spas, centres de remise en forme).

HE D’YLANG-YLANG : FRACTIONS ET TOTUM

HE d’ylang-ylang : fractions et totum

•  L’huile essentielle d’ylang-ylang est obtenue par entraînement à la vapeur d’eau des fleurs fraîches de Cananga odorata dans des alambics permettant d’isoler des fractions de densités différentes, au cours d’un processus de distillation qui peut durer jusqu’à 20 heures.

•  Cinq fractions sont définies :
–  Les fractions extra S (supérieure) et extra, obtenues dans les 2 premières heures de distillation et à l’odeur très fine ainsi que la fraction première (I), obtenue au moins 1 heure après l’obtention de l’extra, sont destinées à la parfumerie de luxe.
–  Les fractions IIet III (la fraction III est obtenue après plus de 6 heures de chauffe) sont utilisées en parfumerie et surtout en cosmétique (1 goutte dans la crème de jour pour tonifier la peau), mais aussi en aromathérapie pour leurs propriétés anti-inflammatoires et relaxantes.
–  L’HE totum (HE complète) correspond au mélange de toutes ces fractions. C’est la plus appréciée en aromathérapie car la plus relaxante du fait de sa composition plus équilibrée. Mais son odeur est moins fine que l’extra.

LES TROUBLES DE L’HUMEUR 

« JE DÉPRIME ! »

Madame S, la cinquantaine.– Je déprime depuis que notre dernier enfant a quitté la maison pour poursuivre ses études. Une amie me conseille de prendre du millepertuis. Qu’est-ce que vous en pensez ?– C’est une plante efficace en cas de dépression légère mais elle n’est pas compatible avec tous les traitements médicamenteux. Nous allons vérifier dans votre dossier pharmaceutique.
Il est normal d’avoir un coup de cafard et de broyer du noir quand certains moments de la vie sont difficiles. Mais si cette tristesse perdure ou si les sautes d’humeur sont fréquentes, que des manifestations physiques (mal de dos, troubles digestifs) apparaissent, une dépression est peut-être en train de s’installer.


LES LIMITES DU CONSEIL


Les épisodes dépressifs caractérisés d’intensité modérée à sévère sont du ressort du médecin.
Les dépressions légères ou les manifestations dépressives transitoires qui durent depuis moins de 2 semaines peuvent être prises en charge à l’officine avec un suivi à 15 jours.


MESURES HYGIÉNO- DIÉTÉTIQUES


L’alimentation doit apporter les nutriments nécessaires à la synthèse des neuromédiateurs, en particulier dopamine et sérotonine : vitamine C, vitamines du groupe B, magnésium mais aussi des antioxydants (fruits et légumes, épices).
L’effet antidépresseur des acides gras polyinsaturés oméga-3 a été démontré. Ils peuvent être associés à la phytothérapie.
Préserver les relations sociales, pratiquer régulièrement une activité physique d’intensité modérée, apprendre à se relaxer, se faire plaisir.


CONSEILS EN PHYTOTHÉRAPIE


Le millepertuis (Hypericum perforatum, sommités fleuries) est un inhibiteur de la recapture de sérotonine, noradrénaline et dopamine et exerce une action antidépressive de type sédatif. Il est reconnu en Europe pour la prise en charge des épisodes dépressifs légers à modérés de l’adulte sous forme :
– d’extrait sec (DER 3-7 : 1, solvant d’extraction méthanol 80 %) : 300 à 600 mg par prise, 1 à 3 fois par jour pour une dose journalière de 600 à 1 800 mg ;
– d’extrait sec (DER 3-6 : 1, solvant d’extraction éthanol 80 %) : 900 mg par jour en 1 prise.
L’extrait sec (DER 2,5-8 : 1, solvant d’extraction éthanol 50 à 68 %) est indiqué dans le traitement à court terme (6 semaines) des symptômes liés à des troubles dépressifs légers, à raison de 250 à 650 mg par prise, 2 à 3 fois par jour pour une dose journalière de 500 à 1 200 mg d’extrait.
Le millepertuis serait intéressant dans le traitement de la dépression saisonnière du fait de ses effets mélatoninergiques. Son action se manifeste en 4 semaines. Si les symptômes persistent, il est conseillé de consulter.
Le millepertuis est déconseillé en cas de grossesse, d’allaitement et chez les moins de 18 ans, faute de données suffisantes. En raison de son risque photosensibilisant, il faut éviter de s’exposer aux UV durant le traitement. Les personnes à peau claire qui s’exposent à un fort ensoleillement peuvent attraper plus facilement des coups de soleil.
Le millepertuis, inducteur enzymatique du cytochrome P450 et de la glycoprotéine P, expose à des interactions médicamenteuses. L’activité enzymatique revient à la normale en 1 semaine après l’arrêt du millepertuis.
Le safran (Crocus sativus, stigmates) est utilisé comme antidépresseur dans la tradition persane. Inhibiteur de la recapture de dopamine et de sérotonine, il a montré son efficacité dans le cadre de quelques études cliniques avec des résultats sur l’humeur dès le quatorzième jour de prise. Il aurait également un intérêt dans les troubles du comportement alimentaire de type compulsif. Il est utilisé sous forme d’extrait hydroalcoolique titré en safranal et le plus souvent proposé comme complément alimentaire.

POSOLOGIE : IL A ÉTÉ UTILISÉ DANS LES ÉTUDES CLINIQUES À UNE DOSE DE 0,6   MG DE SAFRANAL PAR JOUR.



CONSEILS EN AROMATHÉRAPIE


L’application cutanée des huiles essentielles (HE) est la principale voie de prise en charge des troubles de l’humeur. En règle générale, diluer 2 à 3 gouttes d’HE dans 1 demi-cuillère à café d’huile végétale fluide (macadamia, noisette, pépins de raisin, etc.) et appliquer sur le plexus solaire, la face interne des poignets et/ou le long de la colonne vertébrale, 2 à 3 fois par jour. En complément de la phytothérapie.

HE À TENDANCE SÉDATIVE :

– L’HE d’ylang-ylang (Cananga odorata, fleur, HE complète) est appréciée pour son rôle équilibrant et de régulateur nerveux et cardiaque. Son odeur peut vite devenir entêtante et provoquer des nausées ; il vaut donc mieux l’utiliser en mélange avec d’autres HE.
– L’HE de petit grain bigarade (Citrus aurantium ssp. aurantium ou amara, feuille) est indiquée dans la fatigue nerveuse et elle favorise l’attention lors de tâches prolongées.
– L’HE de litsée citronnée (Litsea citrata, fruit) aide à garder le moral par son odeur. Elle s’utilise en inhalation sèche ou en application sur la peau diluée à 10 % au maximum car elle peut être irritante. Par voie orale, prendre de 1 à 5 gouttes au maximum par jour dans 1 cuillère à café d’huile d’olive sous la langue durant 2 à 7 jours.
– L’HE de verveine odorante (Aloysia triphylla, anciennement Lippia citriodora, feuille), à l’odeur également citronnée, est apaisante et sédative. Elle s’emploie en inhalation sèche ou en application diluée à 10 à 20 % car elle peut être irritante à l’état pur. Son prix élevé est un frein à son utilisation.

HE À TENDANCE STIMULANTE :

– L’HE de romarin à verbénone (Rosmarinus officinalis CT verbénone, sommité fleurie) est un régulateur endocrinien, nerveux et cardiaque, indiquée aussi bien en cas d’hypotension et de palpitations qu’en cas de dépression. Elle ne doit pas être utilisée de façon prolongée sans l’avis d’un thérapeute et est contre-indiquée en cas de cancer hormonodépendant en raison de ses propriétés œstrogène-like.
– L’HE de ravintsara (Cinnamomum camphora, feuille) convient aux tempéraments nerveux. Régulateur nerveux, elle s’emploie dans la fatigue nerveuse et physique importante, la dépression légère avec une action à la fois sur l’humeur et sur les troubles du sommeil.

AUTRES :

L’HE de marjolaine des jardins (Origanum majorana L., sommité fleurie) exerce une action rééquilibrante. Elle est ainsi utile dans tous les types de dystonies neurovégétatives : cardiaques (hypertension, palpitations), digestives (aérophagie, dyspepsies), nerveuses (dépression légère, stress, anxiété, agitation). Pouvant être irritante à l’état pur, elle s’emploie diluée sur la peau.
infos clés

•   Le millepertuis est la principale plante utilisée en cas de dépression légère. Les interactions médicamenteuses sont nombreuses.

•   Ylang-ylang, litsée citronnée, romarin à verbénone et ravintsara sont les principales huiles essentielles (HE) de la dépression légère.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?
Quelles plantes sont des toniques amers :

SOPHIE, 35 ANS, SE PRÉSENTE À LA PHARMACIE.

– Bonjour, je voudrais une boîte de Prosoft.
– Je n’en ai plus en stock mais je peux vous proposer des gélules de poudre de millepertuis à la place.
Le pharmacien a-t-il bien répondu ?
Non. Le millepertuis sous forme de poudre n’a pas d’usage bien établi dans la prise en charge des symptômes dépressifs. Sous cette forme, il est traditionnellement utilisé en cas d’épuisement nerveux temporaire. Il en est de même pour la tisane. La forme vrac est à éviter car elle ne permet pas d’évaluer la quantité d’hyperforine (principe actif du millepertuis et inducteur enzymatique) ingérée par jour. Que ce soit pour la poudre ou la tisane, si cette quantité est inférieure à 1 mg et la durée du traitement inférieure à 2 semaines, il n’y a pas de risque d’interactions médicamenteuses. Mais, dans tous les cas, l’exposition aux UV est à éviter.
DER (drug extract ratio) : Rapport entre la quantité de drogue initiale et la quantité de préparation obtenue. Il qualifie la concentration des extraits (sec, mou, fluide).
Exemple :
DER 3-7 : 1 signifie que 3 à 7 parties de drogue permettent d’obtenir 1 partie d’extrait.

LE STRESS  

« JE N’AVANCE PLUS »

Jérôme, 26 ans, chef de produit junior.– Mon directeur me presse pour savoir où j’en suis dans le projet de lancement du nouveau matériel informatique. Ça me stresse et, du coup, je bloque. Je bois du café pour me stimuler mais je n’avance pas plus. Que pouvez-vous me proposer ?– Le café ne fait que vous exciter. Il faut d’abord gérer le stress. Vous pouvez prendre des plantes adaptogènes, par exemple.
Le terme « stress » désigne à la fois l’agent stressant et la réponse au stress. Il entraîne des troubles lorsque la réponse physiologique est inadaptée à l’importance du stress ou ne permet pas de réagir en cas de stress unique mais violent ou en cas de stress répétés.
Le stress physiologique se déroule en 3 phases :
– la phase d’alerte avec sécrétion rapide d’adrénaline et noradrénaline, puis de cortisol : tachycardie, estomac noué, diarrhée, hyperglycémie, infections, parfois hypersomnie et prise de poids peuvent s’ensuivre ;
– la phase de résistance avec apparition des premiers problèmes de santé : troubles de la mémoire, dépression immunitaire, hypertension artérielle ;
– la phase d’épuisement se traduisant par un syndrome de fatigue chronique, des troubles du sommeil, une dépression résistante, des maladies auto-immunes, des rhumatismes inflammatoires.


LES LIMITES DU CONSEIL


L’idéal est d’aider les personnes stressées lorsqu’elles sont en phase d’alerte. En cas de fatigue chronique, de troubles du sommeil ou de signes mnésiques associés, résistants ou évolutifs (phases de résistance et d’épuisement), il est nécessaire de conseiller de consulter son médecin.


MESURES HYGIÉNO-DIÉTÉTIQUES


Une bonne hygiène de vie est indispensable pour mieux vivre le stress : alimentation équilibrée, activité physique, durée de sommeil.
Veiller en particulier à un apport suffisant de magnésium. Cet élément minéral nécessaire au stockage de l’adrénaline et de la noradrénaline et au maintien de l’équilibre nerveux est libéré à chaque déstockage de l’adrénaline et éliminé dans les urines.


CONSEILS EN PHYTOTHÉRAPIE


Les plantes adaptogènes sont les plantes de choix pour résister aux effets délétères du stress. La prise se fait préférentiellement le matin et jusqu’à midi en évitant la prise le soir pour ne pas gêner l’endormissement.
L’absence d’amélioration après 2 semaines de traitement nécessite de consulter un médecin.
Elles sont déconseillées en cas de grossesse et d’allaitement et en cas d’état nerveux non contrôlé.


PLANTES ADAPTOGÈNES MAJEURES

L’éleuthérocoque (Eleutherococcus senticosus, racine) améliore le rendement et la récupération dans des situations de stress physique, procure une sensation de bien-être et aide à lutter contre la fatigue. Elle est utilisable à partir de l’âge de 12 ans.
Posologie : En 1 à 2 prises par jour :
– 0,75 à 3 g de poudre ;
– 2 à 3 ml d’extrait fluide.
Limiter le traitement à 2 mois. L’éleuthérocoque expose à des risques d’insomnie, d’irritabilité, de tachycardie et de maux de tête. Il est déconseillé par certains professionnels en cas d’hypertension artérielle non contrôlée.
Le ginseng (Panax ginseng, racine) contribue également à diminuer la fatigue, stimuler l’immunité, améliorer les fonctions cognitives et l’état psychologique. Il peut être conseillé à partir de 18 ans.
Posologie : 250 à 1 200 mg de poudre par prise, soit en 1 prise unique (1 200 mg), soit en 2 à 8 prises pour une dose journalière de 600 à 2 000 mg de poudre ou l’équivalent sous forme d’extrait hydroalcoolique.
La durée du traitement peut aller jusqu’à 3 mois. Par prudence, il est déconseillé en cas de diarrhée, d’hypertension artérielle non contrôlée, de dépression, d’obésité, de peau grasse, de cancer ou d’antécédent de cancer hormonodépendant en raison de ses effets œstrogènes.
Des effets indésirables sont possibles : hypersensibilité (urticaire et démangeaisons), insomnie, troubles gastro-intestinaux (inconfort gastrique, nausées, vomissements, diarrhée ou constipation).
La rhodiole (Rhodiola rosea, organes souterrains) s’adresse aux situations de fatigue et d’épuisement induits par le stress. Elle a une action rapide (1 semaine environ) sur la sensation de lassitude et sur la concentration. Elle peut être prise en période d’examens et à partir de 18 ans.
Posologie : extrait sec hydroalcoolique (DER 1,5-5 : 1, solvant d’extraction éthanol à 67-70 %) à la posologie de 144 à 200 mg par prise, 1 à 2 fois par jour pour une dose journalière de 144 à 400 mg d’extrait.
Généralement bien supportée, elle est déconseillée en cas de troubles bipolaires en raison de risques d’accès maniaques.


EN COMPLÉMENT

Des plantes complémentaires régulatrices de l’axe neurovégétatif sont souvent nécessaires pour prendre en charge les manifestations somatiques liées au stress. Leur choix est donc individualisé.
La mélisse (Melissa officinalis, feuille) est la plante de choix pour les « urbains » stressés et nerveux, se plaignant de douleurs abdominales d’origine digestive avec des maux d’estomac et d’un mauvais sommeil. Sédative, calmante et antispasmodique, elle peut être conseillée à partir de 12 ans.
Posologie :
– en infusion de 15 minutes, 1,5 à 4,5 g de feuilles (1 cuillère à café rase = 1 g) pour 150 ml d’eau chaude, 1 à 3 fois par jour ;
– en teinture au 1/5 (solvant d’extraction éthanol 45 à 53 %), 2 à 6 ml, 1 à 3 fois par jour.
Elle est déconseillée en cas de grossesse et d’allaitement et chez l’enfant de moins de 12 ans faute de données suffisantes. Une consultation doit être envisagée en l’absence d’amélioration après 2 semaines de prise.
La mélisse peut être associée :
– à l’eschscholtzia en cas de troubles du sommeil ;
– à la valériane, au tilleul ou à la passiflore en cas d’anxiété ;
– à l’aubépine pour calmer des palpitations d’origine nerveuse ;
– à la lavande ou à la verveine odorante, sédatives et à tropisme digestif.
L’angélique (Angelica archangelica, souche radicante) est traditionnellement utilisée pour faciliter la digestion et en cas de douleurs abdominales d’origine digestive. Elle exerce également une action anxiolytique, antistress et s’emploie dans les suites de stress prolongé lorsqu’une grande fatigue se fait sentir.
Posologie : 60 gouttes de TM 3 fois par jour diluées dans un peu d’eau.
En raison du risque de photosensibilisation (présence de furocoumarines), ne pas s’exposer aux UV durant la durée du traitement.
Le ginkgo (Ginkgo biloba, feuille) s’adresse à la personne âgée angoissée car il facilite l’adaptation et réduit les effets néfastes du stress sur la mémoire. Il améliore de plus l’humeur dépressive.
Posologie : 120 mg par jour d’extrait sec (solvant d’extraction : acétone 60 %). Le traitement doit être prolongé au moins 8 semaines.
Le ginkgo s’oppose à l’agrégation plaquettaire : un avis médical est nécessaire en cas de tendance aux saignements, de prise d’anticoagulants ou d’antiagrégants plaquettaires. Il peut déstabiliser un état épileptique et il n’est pas recommandé de le prendre en même temps que la nifédipine (augmentation de sa concentration maximale), l’éfavirenz (diminution de sa concentration plasmatique) et le dabigatran (augmentation de son absorption intestinale). En cas d’opération chirurgicale, interrompre la prise de ginkgo 3 à 4 jours avant. Des effets indésirables sont possibles, tels que des maux de tête, des vertiges, des diarrhées, des douleurs abdominales et des nausées principalement, parfois des saignements et des réactions cutanées allergiques.


CONSEILS EN AROMATHÉRAPIE


Certaines huiles essentielles (HE) ont un effet antistress marqué :
L’HE d’ylang-ylang (HE complète, Cananga odorata, fleur) peut modifier par olfaction le comportement et permet d’échapper au stress engendré par un emploi du temps surchargé et de mieux le gérer. Appliquée sur la peau, elle fait chuter des facteurs impliqués dans le stress comme le rythme respiratoire et cardiaque, la tension artérielle et la température cutanée. Elle s’utilise en inhalation sèche ou en application sur la peau, 3 gouttes diluées dans 10 gouttes d’huile de noisette sur le plexus solaire ou la face interne des poignets. Ne pas l’utiliser seule en diffusion atmosphérique en raison de son odeur prononcée.
L’HE de lavande vraie (Lavandula officinalis, angustifolia ou vera, sommités fleuries) réduit le taux de cortisol chez l’animal. Elle produit une impression de relaxation : – en diffusion atmosphérique, en inhalation sèche ;
– en application sur la peau (3 gouttes sur le plexus solaire ou la face interne des poignets à répéter selon les besoins) ;
– par voie orale à partir de l’âge de 12 ans (1 à 4 gouttes par jour) dans une cuillère à café de miel ;
– en bain de 10 à 20 minutes à 35/38 °C, 10 à 20 gouttes pour un bain complet, exceptionnellement jusqu’à 40 gouttes au maximum conseillées pour cette HE (gouttes standard à 20-25 mg) dispersées dans un solubilisant (dispersant chimique, savon liquide, bain moussant, sels de mer). Les bains sont contre-indiqués en cas de plaies ouvertes ou de maladie de la peau à sa phase aiguë, fièvre élevée, troubles circulatoires importants et insuffisance cardiaque.
L’HE de laurier noble (Laurus nobilis, feuille) est régulatrice du système nerveux sympathique et parasympathique. Elle s’utilise en inhalation sèche ou à l’aide de quelques gouttes appliquées sur le poignet à respirer quand le stress enlève toute assurance ou lorsque l’on craint d’aborder une situation. Elle peut être allergisante.
L’HE de camomille noble (Chamæmelum nobile, herbe fleurie) convient aux stress dus à un choc émotionnel : 3 gouttes sur le plexus solaire dès que le choc survient sinon 2 gouttes diluées dans 2 gouttes d’huile de noisette, 2 fois par jour sur le plexus solaire.
L’HE de ravintsara (Cinnamomum camphora, feuilles) est neurotonique sans être excitante et est privilégiée lorsque le stress entraîne de la fatigue physique et nerveuse et des troubles de l’humeur. Elle est généralement bien tolérée sur la peau : 3 gouttes dans 1 demi-cuillère à café d’huile de noisette ou d’abricot sur le plexus solaire et la face interne des poignets, 2 à 3 fois par jour. Lorsque les idées sont brouillées : 1 goutte ponctuellement sur le poignet pour stimuler le psychisme et à renouveler si besoin 4 à 5 fois dans la journée.
L’HE de bergamote (Citrus aurantium ssp. bergamia, zeste), à l’odeur très fine, est sédative, spasmolytique et à tropisme digestif. C’est l’une des meilleures HE lorsque le stress s’accompagne de manifestations somatiques digestives. Irritante pour la peau à l’état pur et photosensibilisante, elle est à utiliser en diffusion atmosphérique et par voie orale, 1 à 2 gouttes sur un quart de morceau de sucre ou dans du miel, 2 à 3 fois par jour durant 2 à 7 jours.
Les HE à odeur citronnée (litsée, verveine odorante) sont indiquées aussi bien dans l’anxiété que le stress ou la dépression.
En complément, la diffusion d’HE calmantes apporte une atmosphère plus sereine : mandarine, petit grain bigarade, litsée citronnée, orange douce, géranium bourbon, etc. 
infos clés

•   Les plantes adaptogènes permettent de mieux résister au stress : éleuthérocoque, ginseng, rhodiole. Eviter la prise le soir pour ne pas gêner l’endormissement.

•   Les plantes calmantes permettent la prise en charge des manifestations somatiques liées au stress : mélisse, valériane, aubépine, tilleul, passiflore.

TESTEZ-VOUS

testez-vous
A quel moment de la journée administrer le ginseng ?
Réponse : le matin. La prise est possible jusqu’à midi. Eviter la prise du soir qui peut gêner l’endormissement.

MODE D’ACTION DES PLANTES ADAPTOGÈNES

Mode d’action des plantes adaptogènes
Agissant de manière non spécifique, les plantes adaptogènes augmentent la résistance de l’organisme aux agressions physiques (froid, chaud) et biologiques (infections) et permettent de mieux résister à la suractivité physique et au surmenage intellectuel. Indiquées également en cas de fatigue ou de sensation de faiblesse, elles améliorent les capacités physiques et mentales sans permettre de dépasser ses capacités maximales.
Leur mode d’action présumé consiste en :
– une mobilisation de l’énergie (glucose, ATP) ;
–  une interaction avec la sécrétion des neuromédiateurs (adrénaline, noradrénaline, dopamine, sérotonine) ;
– une modification de la sécrétion des hormones (cortisol).

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