Marie, 55 ans, fidèle patiente de la pharmacie :– Au moindre souci, mes plaques de psoriasis réapparaissent. Je vais reprendre un tube de Diprolène. Je crois qu’il m’en reste un à prendre sur cette ordonnance.– Effectivement. Mais vous devriez prendre en plus un traitement calmant pour réduire le nombre de poussées. Les plantes ont montré leur efficacité.
L’anxiété est utile lorsqu’elle permet d’éviter un danger et normale lorsqu’elle est justifiée par des causes réelles. Examens, stress chronique, maladie ou décès d’un proche, problèmes financiers, soucis professionnels, changements de mode de vie (départ à la retraite, divorce, départ d’un enfant de la maison), traumatismes (accident, agression) sont les principaux facteurs générateurs d’anxiété. L’anxiété est considérée comme pathologique lorsqu’elle survient sans raison ou que son intensité est disproportionnée par rapport à l’événement.
Elle se traduit par un sentiment d’inquiétude, de peur qui peut conduire à s’isoler ou au contraire à devenir hyperactif. Sur le plan physique, les symptômes sont très variables : troubles du sommeil, palpitations, maux de ventre, troubles du transit, sensation de nœud à la gorge ou à l’estomac, envie constante d’uriner, etc.
LES LIMITES DU CONSEIL
Anxiété généralisée, phobie, TOC, attaque de panique nécessitent une consultation médicale.
Le conseil à l’officine se limite à la nervosité ou à une anxiété légère lorsqu’elles sont liées à un événement précis.
CONSEILS EN PHYTOTHÉRAPIE
PLANTES ANXIOLYTIQUES MAJEURES
Les plantes relaxantes sont le traitement de choix des états de nervosité et d’irritabilité. La prise quotidienne est étalée sur la journée en 3 ou 4 prises dont la dernière 30 minutes avant le coucher.
En l’absence d’amélioration après 2 semaines de prise, il est préférable de consulter.
Une susceptibilité particulière peut gêner la conduite.
Elles sont déconseillées chez la femme enceinte ou qui allaite et chez l’enfant de moins de 12 ans.
Des propriétés anxiolytiques ont été démontrées pour certaines plantes sédatives :
> La passiflore (Passiflora incarnata, parties aériennes).
POSOLOGIE
:
– en infusion de 15 minutes, 1 à 2 g (1 demie à 1 cuillère à café rase) par tasse d’eau chaude, 1 à 4 fois par jour ;
– poudre en gélules, 0,5 à 2 g par prise 1 à 4 fois par jour ;
– extrait fluide (alcool 70 %), 2 ml dilués dans un peu d’eau 3 fois par jour.
> L’eschscholtzia ou pavot de Californie (Eschscholtzia californica, parties aériennes fleuries).
POSOLOGIE
:
– 480 à 600 mg de poudre en gélules, 2 à 3 fois par jour pour une dose journalière de 960 à 1 500 mg de poudre ;
– infusion de 15 minutes, 6 à 10 g pour 500 ml d’eau à boire en 3 fois.
> La valériane (Valeriana officinalis, organes souterrains).
POSOLOGIE
:
– 0,3 à 1 g de poudre en gélules par prise ;
– infusion de 10 minutes, 1 à 3 g (1 cuillère à café rase = 2,5 g) par tasse (mais goût peu agréable) ;
– l’équivalent de 400 à 600 mg d’extrait sec (solvant d’extraction : éthanol 40 à 70 %) par prise, jusqu’à 3 fois par jour.
> Le tilleul (Tillia sp., inflorescence) : l’extrait aqueux agirait par action agoniste sur les récepteurs périphériques aux benzodiazépines.
POSOLOGIE
:
À PRENDRE EN INFUSION DE 15 MINUTES, 1,5
G (ENVIRON 1 CUILLÈRE À CAFÉ RASE) POUR 1 TASSE D’EAU CHAUDE, 2 À 4
FOIS PAR JOUR POUR UNE DOSE JOURNALIÈRE DE 3 À 6
G.
> La ballote fétide ou ballote noire (Ballota nigra, sommités fleuries) : ses propriétés anxiolytiques sont attribuées à des dérivés du phénylpropane et leur affinité pour les récepteurs dopaminergiques et aux benzodiazépines. Elle est également sédative.
POSOLOGIE
:
ELLE S’UTILISE EN INFUSION DE 10 MINUTES À 10
G/L, 250 À 500
ML PAR JOUR.
Pour masquer son odeur fétide, aromatiser avec des plantes comme la mélisse, l’anis ou la fleur d’oranger amer.
Bien qu’aucun effet indésirable n’ait été signalé avec la ballote, la présence de diterpènes labdaniques, structurellement proches de ceux de la germandrée petit-chêne, incite à l’utiliser sur de courtes durées (cas documentés d’hépatites liées à la consommation prolongée de germandrée petit-chêne et en particulier sous forme d’extrait hydroalcoolique).
EN COMPLÉMENT
Les plantes calmantes sont très complémentaires des plantes anxiolytiques et permettent d’adapter son conseil aux plaintes des patients :
> Le houblon (Humulus lupulus, cône) est à privilégier si les troubles du sommeil sont marqués.
POSOLOGIE
:
– 400 mg de poudre en gélules, 2 fois par jour pour un adulte, et 200 mg, 2 fois par jour pour un adolescent ;
– infusion de 10 minutes, 500 mg (environ 1 cuillère à café) par tasse jusqu’à 4 tasses par jour.
L’aubépine (Cratægus sp., fleur et sommités fleuries) est la plante de choix en cas de palpitations nerveuses ou de troubles tensionnels, chez l’adulte.
POSOLOGIE
:
– infusion de 15 minutes à 10 g/l, (1 cuillère à café rase = 1,8 g), 250 à 500 ml par jour ;
– poudre en gélules, 190 à 350 mg par prise, 2 à 5 fois par jour pour une dose quotidienne de 570 à 1 750 mg.
L’oranger amer (Citrus aurantium ssp. aurantium ou amara, feuille) est indiqué en cas de spasmes associés.
POSOLOGIE
:
INFUSION DE 15
MINUTES À 20
G/L, 250 À 500
ML PAR JOUR. LA FLEUR D’ORANGER SÉDATIVE S’UTILISE À LA MÊME POSOLOGIE.
La lavande (Lavandula angustifolia, sommités fleuries) a un intérêt dans les troubles digestifs d’origine nerveuse en raison de ses propriétés à la fois sédatives et spasmolytiques.
POSOLOGIE
:
INFUSION DE 15
MINUTES, 1 À 2
G PAR TASSE (1
CUILLÈRE À CAFÉ RASE =
0,8
G), 3
FOIS PAR JOUR.
CONSEILS EN AROMATHÉRAPIE
EN APPLICATION SUR LA PEAU
En cas d’anxiété, la voie cutanée est le principal mode d’utilisation de l’aromathérapie. Les huiles essentielles (HE) diluées dans une huile végétale sont appliquées sur la face interne des poignets et le plexus solaire : 2 à 3 gouttes d’HE dans 1 demi-cuillère à café d’huile végétale, 3 fois par jour.
> HE de lavande vraie ou fine : c’est un bon anxiolytique et elle peut aussi être utilisée en inhalation sèche (sur un mouchoir) ou per os (1 à 4 gouttes par jour dans 1 cuillère à café de miel). Elle semble également diminuer les sensations douloureuses et le ressenti en postopératoire.
> Les HE utilisées en diffusion le sont également en application sur la peau : mandarine (zeste), bigaradier (feuille), litsée citronnée (à diluer impérativement).
> HE d’ylang-ylang (Cananga odorata, fleur, HE complète) : son odeur est unique, à la fois florale, chaude et exotique. Elle peut être dermocaustique (diluer à 10 à 20 % au maximum).
> HE de marjolaine à coquilles ou marjolaine des jardins (Origanum majorana, plante fleurie) : elle est indiquée dans tout trouble dont l’origine nerveuse est confirmée.
> HE de palmarosa (Cymbopogon martinii, parties aériennes) : lorsque l’anxiété entraîne des spasmes gastro-intestinaux. Diluée, cette HE est bien tolérée par voie cutanée.
> HE de verveine citronnée (Lippia citriodora ou Aloysia triphylla, feuille) : elle est à diluer en raison de sa dermocausticité potentielle.
EN DIFFUSION ATMOSPHÉRIQUE
La diffusion atmosphérique d’HE calmantes permet de créer une atmosphère relaxante. Utiliser un diffuseur électrique sur une courte période : 5 à 10 minutes toutes les heures ou toutes les 2 heures. Une intolérance (migraines, nausées) ou une irritation des muqueuses peuvent survenir si les HE sont mal choisies ou si elles sont diffusées trop longtemps.
Les HE le plus souvent utilisées en diffusion pour détendre sont les HE d’orange douce (Citrus sinensis, zeste), de lavande fine (Lavandula officinalis, vera ou angustifolia, sommités fleuries), de mandarine (Citrus reticulata, zeste), de bigaradier (Citrus aurantium ssp. aurantium ou amara, feuille) et de litsée citronnée (Litsea citrata, en association).
INFOS CLÉS
INFOS CLÉS
• Les plantes anxiolytiques permettent de calmer les états d’inquiétude, de nervosité et d’irritabilité : passiflore, eschscholtzia, valériane, tilleul et ballote noire.
• Les plantes calmantes sont de bons compléments : houblon, aubépine, lavande et oranger amer (feuilles).
• Les prises sont étalées sur la journée dont une 30 minutes avant le coucher.
TESTEZ-VOUS
testez-vous
Dans cette liste, quelle(s) plante(s) n’a(ont) pas de propriétés anxiolytiques ?
Passiflore, eschscholtzia, houblon, valériane, tilleul.
Réponse : houblon.
HUILES ESSENTIELLES
: PRÉCAUTIONS D’EMPLOI
Huiles essentielles : précautions d’emploi
• Utiliser des HE 100 % pures, naturelles, certifiées. Bien refermer les flacons après utilisation. Ne pas laisser à portée des enfants. Bien se laver les mains après avoir touché une HE.
• Avis médical nécessaire : grossesse, allaitement, enfant de moins de 3 ans, pour la voie orale chez l’enfant de moins de 6 ans, antécédents d’épilepsie, allergie avérée.
• Voie orale : sauf avis contraire d’un professionnel de santé, ne pas dépasser 6 gouttes d’HE par jour chez un adulte (toutes HE confondues), une semaine au maximum et les prendre sur un support (miel, huile d’olive, mie de pain). En cas d’ulcère gastrique, utiliser des HE sous forme de gélules gastrorésistantes. Prudence avec les HE neurotoxiques.
• En application sur la peau : les HE s’appliquent le plus souvent diluées dans une huile végétale. Attention aux HE allergisantes, photosensibilisantes, dermocaustiques (y compris pour la muqueuse buccale) ou neurotoxiques. Sur un terrain allergique ou en cas de peau sensible, effectuer au préalable un test de tolérance cutanée des HE ou mélanges appliqués sur la peau : déposer une goutte dans le pli du coude. Ne pas utiliser le produit si dans les 24 heures apparaît une réaction (rougeur, irritation, démangeaison, etc.).
• En cas d’allergie respiratoire ou asthme, éviter l’inhalation et la diffusion d’HE sans avis médical.
LE POUVOIR DES ODEURS
Le pouvoir des odeurs
• Les odeurs influencent notre comportement et notre humeur car le message olfactif est délivré au niveau du système limbique, siège des émotions et de la mémoire, sans passer par le conscient. Analysée par le cerveau, l’odeur déclenche une réponse selon qu’elle est perçue comme agréable ou désagréable et des réactions spécifiques de notre organisme : selon les odeurs diffusées, il est possible de calmer, stimuler ou favoriser la concentration.
• L’aromachologie, qui étudie le pouvoir des odeurs sur le comportement, est particulièrement mise à profit dans le domaine du bien-être et de la gestion du stress par la diffusion d’huiles essentielles dans des lieux privilégiés (spas, centres de remise en forme).
HE D’YLANG-YLANG
: FRACTIONS ET TOTUM
HE d’ylang-ylang : fractions et totum
• L’huile essentielle d’ylang-ylang est obtenue par entraînement à la vapeur d’eau des fleurs fraîches de Cananga odorata dans des alambics permettant d’isoler des fractions de densités différentes, au cours d’un processus de distillation qui peut durer jusqu’à 20 heures.
• Cinq fractions sont définies :
– Les fractions extra S (supérieure) et extra, obtenues dans les 2 premières heures de distillation et à l’odeur très fine ainsi que la fraction première (I), obtenue au moins 1 heure après l’obtention de l’extra, sont destinées à la parfumerie de luxe.
– Les fractions IIet III (la fraction III est obtenue après plus de 6 heures de chauffe) sont utilisées en parfumerie et surtout en cosmétique (1 goutte dans la crème de jour pour tonifier la peau), mais aussi en aromathérapie pour leurs propriétés anti-inflammatoires et relaxantes.
– L’HE totum (HE complète) correspond au mélange de toutes ces fractions. C’est la plus appréciée en aromathérapie car la plus relaxante du fait de sa composition plus équilibrée. Mais son odeur est moins fine que l’extra.