La toxicité du paracétamol - Le Moniteur des Pharmacies n° 3286 du 14/09/2019 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3286 du 14/09/2019
 

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Formation

Auteur(s) : THIBAULT GAUSSET 

La prise de paracétamol est souvent banalisée par les patients. Or il expose à des effets indésirables parfois mortels. En juillet 2019, l’ANSM a demandé aux fabricants de toutes les spécialités à base de paracétamol d’apposer des messages d’alertes sur leurs boîtes pour avertir sur le risque de toxicité hépatique en cas de surdosage.

Pourquoi le paracétamol peut-il être toxique ?

Le paracétamol est toxique en cas de surdosage car une voie de métabolisation mineure aux doses thérapeutiques est alors davantage sollicitée, celle des cytochromes P450 formant un métabolite réactif et toxique : la N-acétyl-p-benzoquinone-imine (NAPQI).

La NAPQI, dans les conditions normales d’utilisation, est détoxiquée par le glutathion puis éliminée.

Lors d’une ingestion d’une dose massive de paracétamol, le glutathion est rapidement consommé ce qui conduit à une augmentation de NAPQI. Ce métabolite réactif crée alors des liaisons covalentes avec des protéines hépatocytaires à l’origine d’une nécrose hépatique.

Quels sont les symptômes d’une toxicité ?

Dans les 2 heures qui suivent l’ingestion, sont parfois observés des nausées, des vomissements, de l’anorexie ou des douleurs digestives. L’absence de symptômes est également possible. Les enzymes hépatiques vont augmenter dans les 12 à 24 heures suivant l’ingestion. L’apparition des troubles digestifs et d’une sensibilité du foie à la palpation marque le début de l’hépatite cytolytique aiguë.

Dans les formes graves, entre le troisième et le sixième jour, une évolution vers une hépatite fulminante avec ictère, troubles de l’hémostase, coagulation intravasculaire disséminée, insuffisance rénale et encéphalopathie est possible conduisant au décès dans 25 % des cas.

Quand suspecte-t-on un surdosage et quelle est la prise en charge ?

Une toxicité peut survenir aussi bien après un surdosage aigu unique qu’après une prise chronique de doses suprathérapeutiques. Dans ce dernier cas, le risque de toxicité et de décès est alors plus important. Plus la dose est élevée, plus l’atteinte hépatique est sévère. En général, la dose toxique nécessitant une hospitalisation chez l’adulte est de 10 g en 24 heures ou 150 mg/kg voire 125 mg/kg en cas de facteurs de risques (affections hépatiques, alcoolisme chronique, jeûne prolongé, dénutrition) ; elle est de 200 mg/kg chez l’enfant.

Le produit ingéré devra, si possible, être évacué par lavage gastrique dans l’heure qui suit l’ingestion.

Il existe un antidote efficace qui peut protéger de l’hépatotoxicité : la N-acétylcystéine (NAC). Il n’existe pas de recommandation unique pour ses modalités de traitement. Souvent, la NAC est administrée le plus tôt possible, avant les résultats de paracétamolémie si la dose supposée ingérée est supérieure à 8 g.

Sources : «   Intoxication aiguë par le paracétamol   », La Revue du praticien , vol 58, 2008 ; «   Paracétamol : mieux savoir comment l’utiliser en sécurité   », prescrire.org, mai   2019 ; «   Insuffisance hépatique aiguë médicamenteuse   », Prescrire , n°   422, décembre   2018 ; Gastroentérologie clinique et biologique , vol 30 n° 5, mai   2006 ; «   Paracétamol et risques hépatiques   », vidal.fr, juillet   2019 ; «   Paracétamol et risque pour le foie   », Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), juillet   2019 ; «   Intoxication au paracétamol   », protocole hospitalier de l’Hôtel-Dieu, août   2009.

EN PRATIQUE

1) Rappeler des recommandations de bon usage : - Administrer la dose efficace la plus faible, le moins longtemps possible. - Chez l’enfant, choisir une présentation adaptée et calculer la posologie au poids (voir le résumé des caractéristiques du produit). - Chez l’adulte et l’enfant de plus de 50 kg (hors populations particulières), la posologie est de 3 g par jour au maximum en automédication et 4 g par jour sur prescription médicale. Ne pas dépasser 1 g par prise et les espacer d’au moins 4 heures.
2)Vérifier la présence de paracétamoldans les autres médicaments.
3)Alerter les populations particulières : personnes de moins de 50 kg, de plus de 75 ans, souffrant d’une insuffisance hépatique, d’un alcoolisme chronique ou en malnutrition chronique. La dose maximale quotidienne ne devra pas dépasser 3 g et les prises seront plus espacées (toutes les 6 à 8 heures).
4) En l’absence d’effet thérapeutique, ne pas dépasser la dose maximale ni rapprocher les prises, mais arrêter le paracétamol et prendre un avis médical.

mécanisme de toxicité du paracétamol

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