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Temps Forts
Enjeu
Auteur(s) : PAR MATTHIEU VANDENDRIESSCHE
A gnès Buzyn veut-elle vraiment instituer la dispensation de médicaments à l’unité, promesse de campagne présidentielle d’Emmanuel Macron pour lutter contre le gaspillage et faire réaliser des économies à l’Assurance maladie ? En indiquant en octobre à l’Assemblée nationale qu’une concertation allait réunir les acteurs concernés courant 2019, l’actuelle ministre de la Santé montre son volontarisme sur ce dossier laissé en suspens par celle qui l’a précédée. A l’automne 2014, sous la menace d’une ouverture du capital des officines et du monopole pharmaceutique insufflée par Bercy, la profession avait expérimenté cette pratique à la demande de Marisol Touraine. Une expérimentation très contestée qui a livré fin 2017 des résultats incomplets et sans surprise (voir Repères page 17). Ils ont tout de même servi d’appui à Emmanuelle Ménard, députée de l’Hérault (non inscrite), pour déposer un amendement aux projets de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2018 et 2019 en faveur de la dispensation à l’unité pour des traitements courts. « L’étude montre une bonne acceptation par les patients, une meilleure observance au traitement et une réduction du nombre de comprimés vendus », justifie-t-elle, ajoutant que l’intérêt n’est donc pas seulement d’ordre économique. « En fait, l’intérêt n’est même pas économique du tout », selon l’économiste de la santé Claude Le Pen, qui juge de son côté les conditionnements de médicaments adaptés.
N’en déplaise à cet expert, cette pratique déjà en œuvre dans de nombreux pays, y compris européens, fait son chemin dans la profession. « Nous sommes prêts à l’étudier, dans le cas de certains médicaments, comme les antibiotiques critiques, et pour certains patients telles que les personnes âgées qui gèrent seules leur traitement au domicile. Cela ne pourrait bien sûr pas se faire sans rémunération », estime ouvertement Philippe Besset depuis son accession à la tête de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), fin mars. Pour sa part, Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), est farouchement opposé à la mesure : « Ce serait une régression pour les pharmaciens, qui n’ont pas à faire du découpage et stocker des bouts de blisters dans les rayons ». La position de l’industrie pharmaceutique est également très hostile. « Les conditionnements de médicaments sont adaptés à la posologie et généralement à la durée de traitement telles qu’elles sont indiquées sur la notice et validées par les autorités de santé française et européenne », rappelle Philippe Lamoureux. Selon le directeur général du LEEM (Les Entreprises du médicament), le gaspillage serait avant tout lié à des prescriptions inappropriées ou mal suivies par les patients. « On ne peut pas demander à l’industrie de sécuriser davantage les conditionnements, en instaurant le système anticontrefaçon de la sérialisation ou encore des pictogrammes d’alerte en cas de grossesse ou de conduite automobile, et prôner d’un autre côté le déconditionnement », argumente-t-il.
De son côté, le syndicat* Union nationale des pharmacies de France (UNPF) milite pour une dispensation à l’unité de médicaments prescrits « si besoin », tels que des antalgiques, des anxiolytiques ou encore des régulateurs du transit intestinal délivrés au compte-gouttes en fonction de la situation du patient. « Il faudrait donc pouvoir communiquer avec lui plus régulièrement, au comptoir ou par des moyens à distance. Sur la douleur chronique, ce pourrait être toutes les deux semaines », indique Jean-Luc Fournival, président de l’UNPF. Souvent pointés du doigt, les antibiotiques sont, selon lui, moins concernés car souvent bien prescrits par les médecins. Ce que confirme Luc Duquesnel, président de la branche des médecins généralistes au sein de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) : « Lorsque nous les prescrivons, nos logiciels nous proposent différents conditionnements en fonction du nombre de comprimés. » Il n’est cependant pas opposé à cette mesure qui réduirait l’automédication, au prix d’un « changement pour les patients qui sont habitués à recevoir plus de médicaments que ce qu’ils ont à prendre ».
Un changement de mentalités que la ministre de la Santé serait prête à entériner si sécurité et traçabilité étaient assurées dans les officines. D’autant que pour Agnès Buzyn, il n’y a qu’un seul problème, qui est d’ordre technique. Dans le prolongement de la préparation des doses à administrer, « il est aujourd’hui possible de s’équiper de machines à produire des sachets sans engager d’importants investissements », estime Jean-Luc Fournival, au maximum quelques dizaines de milliers d’euros. Les officines pourraient aussi avoir recours à des petits flacons nominatifs, comme c’est le cas au Québec. Reste alors à Agnès Buzyn à trancher : le bénéfice attendu surpasse-t-il les risques potentiellement encourus ?
LA DÉLICATE PRATIQUE DU DÉCONDITIONNEMENT
À RETENIR
LES RÉSULTATS DE L’EXPÉRIMENTATION SUR LA DISPENSATION À L’UNITÉ
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