A Fréjus, une consœur se bat pour sauver sa pharmacie - Le Moniteur des Pharmacies n° 3276 du 01/06/2019 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3276 du 01/06/2019
 
DIFFICULTÉS FINANCIÈRES

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Auteur(s) : FRANÇOIS POUZAUD 

Les difficultés financières et les charges salariales ont eu raison de la pharmacie de Florence Tisserant, installée à Fréjus (Var). Elle risque d’être vendue aux enchères le 17 juin après avoir été déclarée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de la ville. Dans ce compte à rebours, la titulaire met tout en œuvre pour ne pas fermer.

Deux repreneurs sont sur les rangs pour racheter le fonds de commerce aux enchères, le 17 juin, si la liquidation judiciaire de l’officine de Florence Tisserant est prononcée. Pour éviter le pire, cette titulaire, installée à Fréjus (Var), doit obtenir du juge un plan de continuation, à condition qu’elle puisse justifier d’un nouvel apport de 200 k€ d’ici le 12 juin. « Je ne me verse plus de salaire depuis 2 mois et mes 2 associés investisseurs ont refusé de mettre plus d’argent dans la société (une société d’exercice libéral par actions simplifiée, ou SELAS) », indique, dépitée, cette pharmacienne qui n’a plus de salariés. C’est donc l’impasse car, sans rémunération possible pour la titulaire, elle ne pourra pas obtenir du tribunal l’autorisation de poursuivre son activité. A ce stade des difficultés, les banques ne peuvent plus rien faire. Sur les conseils d’amis pharmaciens, Florence Tisserant a décidé de lancer un appel aux dons via une cagnotte en ligne Leetchi supervisée par un huissier de justice. Pour l’instant, les sommes collectées sont loin du compte (un peu plus de 3 500 € au 28 mai).

Un chiffre d’affaires en dents de scie

L’aventure sous le soleil azuréen aura vite tourné au cauchemar pour cette titulaire, dont l’installation précédente à Nancy (Meurthe-et-Moselle) s’était déroulée sans difficultés notables. En pleine saison, le 29 juillet 2017, elle fait l’acquisition de sa pharmacie de Fréjus qui réalisait alors un chiffre d’affaires (CA) de 200 k€. Compte tenu du prix de cession très élevé au regard de la très faible taille de l’officine (plus de 200 % du CA HT), «   la banque m’a demandé 300 k€ d’apport et pour cela j’ai dû faire appel à 2 associés investisseurs   », raconte-t-elle.Les débuts sont prometteurs et conformes au potentiel de développement présenté par son vendeur. «   La pharmacie affichait un CA de 435 k€ au premier bilan, c’était déjà un bon résultat même si je pensais que la patientèle reviendrait plus vite à la pharmacie   », indique-t-elle. En effet, elle a repris derrière un titulaire semble-t-il peu attentionné à l’égard de sa clientèle. A tel point que, malgré l’annonce de la reprise de la pharmacie dans les journaux locaux, les habitants du quartier n’étaient que rarement au courant du changement de titulaire.

Sa « remontada » a été stoppée net avec la faillite d’un bar-tabac et la fermeture d’un petit supermarché, rendant le quartier moins fréquenté. «   Les habitants se sont progressivement tournés vers un autre café et un autre magasin pour faire leurs courses et, à ces 2 endroits, il y a à chaque fois une pharmacie à proximité   », précise Florence Tisserant qui a pourtant repris un peu espoir quand le bar-tabac d’à côté a rouvert ses portes il y a quelques semaines. Mais cela ne suffit pas. «   J’ai sollicité le maire de Fréjus pour voir comment le quartier pouvait être redynamisé   », ajoute-t-elle. Pour l’instant, elle n’a pas eu de retour de la municipalité laissant entrevoir de nouvelles perspectives pour le quartier. Un élément, s’il avait été positif, qu’elle aurait pu glisser dans son dossier de demande d’un plan de continuation.

Deux mois sans livraisons

En l’espace de 1 an, de juillet 2018 à juin 2019, Florence Tisserant a vécu une descente aux enfers et un retour à la case départ. Son CA est retombé à 250 k€, les clients se lassant du stock défaillant de la pharmacie. «   Je n’ai plus été livrée pendant 2 mois par mon grossiste-répartiteur et l’approvisionnement de la pharmacie n’a ensuite été possible qu’en payant au cul du camion   », ajoute-t-elle.

Le risque de fermeture définitive est une chose mais cette pharmacienne n’en aura pas pour autant fini avec les dettes. Car les éléments du fonds de commerce vont être revendus aux enchères à prix dégradé et le produit de cette vente ne sera peut-être pas suffisant pour rembourser la banque. Mal conseillée au moment de l’acquisition, cette pharmacienne s’est, en outre, portée caution personnelle à hdiv de 100 k€ sur ses biens. 

Florence Tisserant, titulaire à Fréjus (Var), espère pouvoir continuer à exercer dans l’officine qu’elle a achetée en juillet 2017.

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