Au tableau ibuprofène et kétoprofène ! - Le Moniteur des Pharmacies n° 3271 du 27/04/2019 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3271 du 27/04/2019
 
PHARMACOVIGILANCE

Expertise

Ouverture

Auteur(s) : YOLANDE GAUTHIER 

Développer l’automédication, c’est bien. Mais il ne faut pas pour autant oublier que les médicaments peuvent être dangereux. La preuve en est une nouvelle fois apportée par une enquête demandée par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) aux centres de pharmacovigilance de Tours (Indre-et-Loire) et de Marseille (Bouches-du-Rhône), à la suite de signalements de complications infectieuses graves liées aux AINS : infections sévères de la peau et des tissus mous (dermohypodermite, fasciite nécrosante, etc.), sepsis, pleuropneumopathies sévères, infections graves du SNC (méningite, abcès cérébral, etc.), cellulite de la face, etc. Depuis l’année 2000, 337 cas ont été recensés avec l’ibuprofène, dont 10 % ont entraîné le décès et 10 % des séquelles (amputation). Quant au kétoprofène, il a fait l’objet de 49 déclarations. « En raison de la sous-notification probablement importante, le nombre réel de cas est probablement largement supérieur », estime l’enquête. Les complications, surtout à streptocoque ou pneumocoque, sont observées chez des enfants (30 % de nourrissons) ou des adultes jeunes (âge médian 37 ans) sans facteur de risque, après une très courte durée de traitement (4 jours pour l’ibuprofène, 2 pour le kétoprofène), même lorsqu’une antibiothérapie est associée. Elles surviennent alors que l’AINS est utilisé dans la fièvre, la toux, des manifestations ORL (dysphagie, angine, otite, etc.) ou cutanées inflammatoires (piqûre d’insecte, réaction locale, etc.). Plus inquiétant, presque 20 % des cas pédiatriques adviennent lors d’une varicelle, alors que l’administration d’AINS doit être évitée dans ce cadre. Les études confirment que dans certaines circonstances – varicelle, zona, infection à streptocoques pyogènes, pneumonie aiguë communautaire bactérienne –, l’évolution vers une forme grave est favorisée par la prise d’un AINS, en particulier l’ibuprofène. Le mécanisme serait un effet propre aggravant l’extension de l’infection et une diminution de l’efficacité de l’antibiothérapie associée. Pour les divs de l’enquête, les données disponibles à ce jour devraient conduire à des mesures de réduction des risques. Au premier rang desquelles l’inscription sur liste de l’ibuprofène et du kétoprofène. Et la contre-indication de ces molécules dans les situations à risque d’infection invasive de la peau et des tissus mous à streptocques pyogènes (varicelle et toutes les lésions cutanées inflammatoires) ou dans toute manifestation respiratoire, fébrile ou non. En attendant, l’ANSM rappelle les règles de prudence : privilégier le paracétamol en cas de douleur et/ou de fièvre, en particulier en automédication, limiter le traitement par AINS à 3 jours en cas de fièvre et 5 en cas de douleur, utiliser la dose efficace la plus faible possible, et ne pas associer deux AINS. §

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