A Tahiti, livrer les médicaments dans les îles est un service incontournable - Le Moniteur des Pharmacies n° 3267 du 30/03/2019 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3267 du 30/03/2019
 
MON MÉTIER

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Auteur(s) : ■  CÉLINE PROPECK 

Avec ses 118 îles (76 habitées) disséminées sur un territoire grand comme l’Europe, et une population d’un peu plus de 268 000 habitants, la Polynésie française, toujours territoire de la République mais compétente en matière de santé, doit, en fait de soins et pour acheminer les médicaments, répondre à une exigence de qualité tout en faisant face à une réalité géographique compliquée. Un contexte dans lequel la livraison prend tout son sens.

Un océan, une superficie de 2 500 000 km2. Dans ce paysage sans nul autre pareil, la livraison de médicaments dans les îles est un service incontournable et indispensable. Dans les îles les plus reculées, la présence d’un médecin est rare, voire nulle. On y trouve le plus souvent un dispensaire ou un poste de secours avec un « référent santé ». Celui-ci gère les bobos comme les cas plus sérieux, pose les diagnostics et rédige les ordonnances. Celles-ci sont faxées à une plate-forme à Tahiti, où un médecin les reçoit et les valide, avant de les transmettre à la pharmacie. « Ça ressemble quand même un peu à la France ici pour la santé. Les pharmacies disposent d’un monopole et le médicament passe forcément par la pharmacie. Sauf que, pour nous, le fret (aérien et/ou maritime) c’est la normalité », déclare Guillaume Gervais, adjoint de la pharmacie Heiri de Faa’a (commune la plus peuplée de Polynésie, voisine de Papeete, la capitale), et diplômé de la faculté de pharmacie de Marseille (Bouches-du-Rhône) en 2010.

Les pharmacies qui livrent les médicaments dans les îles se sont réparti les archipels. Mais toutes les bonnes volontés sont à l’œuvre pour répondre aux imprévus, car sur ce territoire immense, tout est question d’entraide et de stock.

Service payant

A la pharmacie Heiri, qui s’occupe surtout de l’archipel des Tuamotu/Gambier (voir carte), c’est Georges Bellais qui prépare les commandes qui partiront prochainement par avion. Les rotations, bien que planifiées, restent aléatoires, sauf pour les patients chroniques (tous les trimestres). Pour l’« aigu », c’est le plus souvent possible : une, deux ou trois fois par semaine. En revanche, quand il s’agit de fret maritime, les délais s’allongent pouvant atteindre un mois.

80 % des livraisons se font par avion. Chaque jour, avant 16 h, Georges Bellais amène au service du fret d’Air Tahiti (la compagnie aérienne locale) les commandes de médicaments qu’il a préparées. Elles seront acheminées sur les îles en quelques heures. Pour les îles dépourvues de pistes d’atterrissage, les livraisons se poursuivront par bateau. Et en cas d’urgence ? « Là, c’est l’horreur, faut même pas que tu poses la question », confie Guillaume Gervais.

En dehors des Evasan1, il n’y a aucune prise en charge de la part des organismes sociaux pour les envois de médicaments dans les îles. Le service est payant et la règle est simple : ceux qui peuvent payer payent. Cependant, à la pharmacie Heiri, on offre le fret si l’ordonnance excède 40 % de celui-ci. Des deux côtés, et sauf urgence, on essaye d’optimiser le service en mutualisant le plus possible les commandes afin de réduire les coûts. Malgré tout, « c’est très exigeant quand même, la logistique, la gestion des caisses, tout ça, c’est énorme », avoue Guillaume Gervais.

Une réalité difficile mais enrichissante

Pour la pharmacie Heiri qui compte à peu près 200 clients par jour, « la livraison de médicaments dans les îles représente, certes, 18 % de son chiffre d’affaires, mais il y a toujours beaucoup d’argent dehors2 », déclare Guillaume Gervais. Il témoigne aussi d’une réalité difficile à laquelle ses études en métropole ne l’ont pas du tout préparé, mais une réalité enrichissante sur bien des points. « Certes, il n’y a pas le côté immédiatement valorisant du comptoir avec le conseil au patient, mais tu participes à une espèce de service public, de cordon sanitaire, et cela en vaut vraiment la peine ! »

1 Evacuation sanitaire ou médicale

2 La mutuelle n’est pas obligatoire en Polynésie française

Guillaume Gervais, adjoint de la pharmacie Heiri de Faa’a à Tahiti, et Georges Bellais, en charge de la préparation des commandes de médicaments pour les îles. Sur les étagères, les bacs de commandes qui attendent d’être acheminées.

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