Tout ce qui change pour les salariés au 1 er janvier 2019 ! - Le Moniteur des Pharmacies n° 3254 du 10/01/2019 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3254 du 10/01/2019
 
POUVOIR D’ACHAT

Temps Forts

Enjeux

Auteur(s) : PAR FRANÇOIS POUZAUD 

Prélèvement à la source, hausse du Smic, heures supplémentaires… place à une année marquée par de profondes mesures sociales et fiscales plus ou moins avantageuses pour le pouvoir d’achat des salariés. L’officine ajoute sa cerise sur le gâteau avec une éventuelle augmentation du point. Après la généralisation in extremis de la revalorisation de 2018.

Les partenaires sociaux de la branche Pharmacie doivent se retrouver le 14 janvier en commission paritaire mixte pour tenter d’aboutir à un accord sur la revalorisation du point officinal, actuellement de 4,425 €. A la fin du mois, les salariés en officine risquent de toute façon d’être plus ou moins agréablement surpris en découvrant sur leur bulletin de paie, un net à payer inférieur aux précédents, prélèvement de l’impôt à la source oblige. Quant aux modifications figurant dans la loi « portant mesures d’urgence économiques et sociales » promulguée en un temps record le 24 décembre, en réponse à la colère des « gilets jaunes », elles sont censées apporter un peu de douceur dans le débat actuel et donner un coup de pouce en matière de pouvoir d’achat aux salariés modestes.

Valeur du point revue à la hausse en 2019

En vue des négociations du 14 janvier, FO Pharmacie annonce, sans ergoter, la couleur. « Notre base de revendication est une augmentation de 4 % du point, afin de rattraper le retard accumulé par rapport à 2018 et de tenir compte de l’inflation », expose Olivier Clarhaut, secrétaire fédéral de FO Pharmacie. Selon les estimations de l’Insee arrêtées à la fin de novembre, l’inflation atteint 1,9 %, sur les douze derniers mois.

Du côté patronal, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) acte les mesures gouvernementales destinées à redonner du pouvoir d’achat aux salariés, « mais, étant soumise à des décisions d’Etat de baisses des prix des médicaments et des volumes, la pharmacie a-t-elle les moyens de les financer ? », lance Philippe Denry, président de la commission des relations sociales et de la formation professionnelle au sein de la FSPF. Les accords sur la valorisation du point des trois dernières années (+ 0,8 % en 2016, 0 % en 2017 et + 1,6 % en 2018) témoignent du souci patronal de contenir chaque année l’augmentation des frais de personnel. « Compte tenu des disparités des situations financières, nous ne pouvons envoyer aux titulaires qu’un signal a minima , si certains peuvent faire plus, c’est bien, mais nous ne pouvons donner un accord pour une revalorisation trop importante du point qui pourrait entraîner des destructions d’emplois dans les officines les plus fragiles », explique-t-il.

En attendant un accord 2019 sur une nouvelle grille des salaires, un arrêté d’extension sur la valeur du point négociée en janvier 2018 a été publié au Journal officiel… du 30 décembre. Il s’applique donc à l’ensemble des pharmacies, syndiquées ou non. « En cas d’un nouveau point négocié en janvier 2019 et de la parution plus rapide de son arrêté d’extension, la gestion des augmentations salariales risque d’être compliquée pour les pharmacies non syndiquées, confrontées à deux hausses rapprochées du point, au titre de 2018 et de 2019, de manière non lissée », prévient Philippe Denry.

Cet arrêté s’appliquant à compter de la date de publication, sans effet rétroactif, un rattrapage de deux jours est à porter sur le salaire de janvier.

Hausse du Smic : + 1,5 %

Comme chaque année, le montant du Smic est revalorisé. En 2019, ce sera 1,5 % d’augmentation (contre 1,24 % en 2018). Soit 10,03 € brut de l’heure à compter du 1er janvier 2019 et 1 521,22 € brut par mois sur la base de la durée légale du travail de 35 heures hebdomadaires. « On ne peut pas se satisfaire d’une hausse du Smic en deçà de l’inflation », livre Olivier Clarhaut.

Prime exceptionnelle de pouvoir d’achat

L’employeur peut décider d’attribuer une prime exceptionnelle de pouvoir d’achat à l’ensemble des salariés ou à ceux dont la rémunération est inférieure à un plafond (3 fois le Smic annuel brut, soit 53 944,80 €) ou un plafond plus bas dont il fixe lui-même le montant, à condition que les salariés soient liés par un contrat de travail au 31 décembre 2018 ou à la date de versement. Mais comme le souligne Olivier Clarhaut, « cette prime reste au bon vouloir de l’employeur ». Il peut aussi faire varier son montant en fonction du niveau de rémunération des bénéficiaires, de la durée du travail ou de la durée de présence effective, voire du niveau de qualification, dans l’entreprise en 2018. Exonérée de charges et d’impôt sur le revenu, cette prime peut être versée jusqu’au 31 mars 2019 pour un montant modulable jusqu’à 1 000 € par bénéficiaire. Elle ne peut se substituer à des augmentations de rémunération ni à des primes prévues dans le cadre d’un accord salarial, du contrat de travail ou des usages en vigueur dans l’entreprise.

Philippe Denry incite les titulaires, qui en ont les moyens, à verser une prime exceptionnelle à leurs salariés.

Revalorisation de la prime d’activité

La revalorisation pour un salarié au Smic est complétée par la hausse de la prime d’activité (90 € maximum par mois). Cette prime d’activité passe d’emblée d’un montant maximum de 70,49 € à un montant maximum de 160,40 € au 1er janvier 2019.

Le nombre de personnes éligibles à la prime est élargi : le plafond de revenus applicable pour en bénéficier a été relevé, passant de 1,2 Smic à 1,5 Smic. Le montant de la prime sera versé dès le 5 février 2019 au titre de janvier. Ce mécanisme ne concerne pas les employeurs, cette prime étant une prestation sociale versée, sous conditions de ressources du foyer, par les caisses d’allocations familiales.

« Cette prime est un pansement sur une jambe de bois, son versement tient compte du niveau des revenus et de la situation familiale, peu de salariés y seront éligibles et ceux qui le seront, devront renouveler la demande de prolongement tous les trois mois », signale Olivier Clarhaut.

Les heures supplémentaires exonérées de cotisations salariales

Depuis le 1er janvier 2019 (donc sans attendre le 1er septembre 2019, comme prévu initialement dans la loi de financement de la Sécurité sociale), les heures supplémentaires et complémentaires (pour les salariés à temps partiel) sont exonérées de cotisations salariales, y compris d’assurance vieillesse et de retraite complémentaire, mais pas de CSG/CRDS.

Cette exonération de cotisations est complétée par une exonération d’impôt sur le revenu, dans la limite annuelle de 5 000 €. Du côté patronal, la déduction forfaitaire de cotisations de 1,50 € par heure supplémentaire cible surtout les employeurs de moins de 20 salariés. Cette version macronienne du « travailler plus pour gagner plus » de Nicolas Sarkozy laisse perplexe Olivier Clarhaut. En effet, au-delà de la non-défiscalisation, l’autre grande différence avec le dispositif du quinquennat Sarkozy, c’est que les cotisations patronales sur les heures supplémentaires restent dues. « Or c’est l’employeur qui décide de faire faire des heures supplémentaires à ses salariés », explique-t-il. Il ajoute que, même sans cette mesure, la prime de fin d’année 2018 est déjà défiscalisée et que la défiscalisation/désocialisation de cette prime « fragilise la Sécurité sociale, l’assurance chômage et l’assurance retraite. » En 2019, la pharmacie va devoir composer avec l’impact de ces différentes mesures, le second volet de la réforme de la rémunération, les ressources encore peu palpables tirées des nouvelles missions, les services rémunérés à mettre en route, sans oublier le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) supprimé en 2019 et remplacé par une baisse pérenne de cotisations sociales étendues aux cotisations de retraite complémentaire et d’assurance chômage… Sacrée équation. 

À RETENIR


•  30 décembre 2018 : généralisation de l’accord négocié en 2018. Valeur actuelle du point : 4,425 euros.

•  1er janvier 2019 : les heures supplémentaires et complémentaires sont exonérées de cotisations salariales.

•  14 janvier 2019 : début des négociations pour la revalorisation du point en 2019.

•   31 mars 2019 : date limite de versement de la prime exceptionnelle.

REPÈRES 

LES SALAIRES AU 1ER JANVIER 2019

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