Les pharmacies d’Auxerre montrent l’exemple

AAuxerre (Yonne), sept officines sont en surnombre par rapport au quorum. Plus pour très longtemps. En effet, trois pharmacies du centre-ville (la pharmacie de l’Horloge, la pharmacie du Progrès et la pharmacie Le Magoarou) vont se regrouper dans l’actuelle pharmacie principale, place Charles Surugue. «  Les quatre pharmacies, environ un million d’euros de chiffre d’affaires chacune, sont espacées de 200 mètres. Trois étaient à vendre depuis un certain temps et ne trouvaient pas de repreneurs et les titulaires avaient pour trois d’entre eux plus de 65 ans », détaille Philippe Boudrey, de DGM Conseils, à l’origine de cette fusion.

« J’ai commencé à approcher ces trois pharmacies en février 2017 qui m’ont donné un mandat de vente en juin de la même année. Mon idée était de les regrouper avec la pharmacie dont le titulaire est un peu plus jeune, c’était la meilleure solution pour tout le monde. On en ferme trois et on garde ouverte la pharmacie qui possède le meilleur emplacement commercial. » Sans déstabiliser l’accès aux soins de la population résidente.

La titulaire de la pharmacie principale, Caroline Lattès, qui accueille ce regroupement multiple n’a pas souhaité vivre cette aventure, dans laquelle son outil de travail centralise l’activité des quatre officines. Elle a décidé de passer la main et a vendu son fonds le 1^er octobre à Sébastien Morisset, un pharmacien de 34 ans du cru auxerrois. Le prix de vente se situe dans la fourchette basse des prix constatés sur le secteur et sur l’Yonne, qui n’est pas le département de Bourgogne le plus recherché des acquéreurs.

Trois prêts pour des acquisitions en deux temps

Quant aux titulaires des pharmacies qui baisseront le rideau le 1^er décembre prochain, ils sont parvenus à céder les éléments de leur fonds de commerce (cession de clientèle, stock principalement) de manière convenable au nouveau titulaire de la pharmacie principale. « Ils n’ont pas été lésés par la décote appliquée sur le prix de cession. Dans les grandes agglomérations comme Paris, les fonds des petites officines se vendent moins chers que le prix d’un rachat de clientèle en province ; en fait il n’y a pas de prix de marché mais des ventes qui se négocient au cas par cas », rapporte Philippe Boudrey. « Le prix de chaque fonds a été négocié individuellement et dans la plus stricte confidentialité, les vendeurs s’étant mutuellement engagés à ne rien divulguer aux autres », ajoute Sébastien Morisset.

Entre les deux opérations de rachat, Sébastien Morisset dispose de deux mois pour réaliser les travaux qui permettront à la pharmacie de répondre au nouvel afflux de clientèle issu du regroupement. Pour acquérir le fonds, réagencer et racheter les clientèles des trois pharmacies à regrouper, il a négocié auprès de la banque un financement global sous forme de trois prêts séparés. « J’ai contracté un prêt personnel avec remboursement in fine pour booster mon apport personnel, grâce à Leader Santé. Quant aux deux autres prêt professionnels, l’un sera débloqué pour le 1 ^er  octobre et l’autre pour le 1 ^er  décembre, pour ne pas alourdir inutilement les premières mensualités », explique-t-il. Son prévisionnel prévoit une perte de 20 % de clientèle à l’issue du regroupement, soit un CA espéré de 3,5 M€. « Bien que reprenant la totalité du personnel des 4 pharmacies (11 salariés), l’opération permet de dégager une bonne rentabilité », précise ce néo-titulaire pour qui la plus grande inconnue reste finalement le management de sa nouvelle équipe. 