Le rhume de Claude B. - Le Moniteur des Pharmacies n° 3231 du 23/06/2018 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3231 du 23/06/2018
 

Expertise

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Auteur(s) : ALEXANDRA BLANC D’APRÈS LE SCENARIO ÉLABORÉ PAR LA FACULTÉ DE NANCY 

Le cas est simple et banal : une prescription pour une rhinopharyngite. Pour autant, il impose une analyse et un réel travail de pédagogie assorti de nombreux conseils. Au sein de 23 facultés, 150 étudiants volontaires de 6 e année de pharmacie se sont prêtés au jeu. En dix minutes maximum, devant une caméra et sous le regard de leurs professeurs, ils ont fait la preuve qu’aucune délivrance ne doit être négligée. Et vous, qu’auriez-vous fait ? Claude B., 51 ans, hypertendu mal contrôlé, sort de sa consultation avec le D r Perrache, le successeur du D r Beauvais, son médecin traitant parti récemment à la retraite. M. B. n’est pas satisfait car il voulait des antibiotiques que son précédent médecin lui prescrivait systématiquement. Il demande Pernazène et des pastilles pour la gorge.

La pharmacienne : Que vous arrive-t-il ?

- Le patient :J’ai pris un coup de froid il y a deux jours. J’ai mal au crâne, à la gorge et j’ai le nez qui coule. Et comme je commence à tousser, je suis allé voir le Dr Perrache. Il m’a dit que j’avais une rhinopharyngite. Il m’a mis un antibiotique au moins ?

– Non, il n’y a pas d’antibiotique.

- Le Dr Beauvais me mettait toujours sous antibiotique.

– La rhinopharyngite est une maladie provoquée par un virus qui ne nécessite pas d’antibiotiques puisqu'ils ne sont actifs que sur les bactéries.

- Mais je pourrais en prendre au cas où ?

– Ce n’est pas conseillé pour plusieurs raisons. D’abord les antibiotiques sont des médicaments qui, comme toutes molécules actives, peuvent induire des effets indésirables type diarrhées ou allergies. Ensuite, l’usage inadapté des antibiotiques entraîne des résistances au traitement, pouvant être responsables à terme d’infections plus difficiles à guérir et que vous pourriez transmettre à vos proches.

- Mais c’est long à passer ?

– Les symptômes d’une rhinopharyngite virale durent plusieurs semaines. Les maux de tête peuvent durer jusqu’à 5 à 7 jours, comme le mal de gorge. Le nez peut couler encore 15 jours. La couleur des écoulements peut aller de blanc à jaune et vert sans pour autant être un signe d’aggravation. Parfois même, le nez semble bouché. Cela fait partie des symptômes habituels. Enfin, il faut souvent compter trois semaines pour voir disparaître complètement la toux.

- Admettons. Alors, qu’est-ce qu’il m’a prescrit ?

– Du paracétamol pour la fièvre et un sirop contre la toux d’irritation. Il vous conseille de faire des lavages de nez également. Avez-vous de quoi en faire ?

- Ça sert à quoi ?

– Il s’agit d’eau de mer ou de sérum physiologique sous forme de dosette ou de spray. Plus efficace que le mouchage, Cela sert à éliminer le mucus et les cellules mortes qui s’écoulent du nez. Ces cellules sont en partie responsables de la persistance de l’inflammation et aussi, en coulant dans la gorge, de cette gêne au niveau du pharynx et de la toux d’irritation. Vous pouvez faire 3 à 6 lavages par jour. N’oubliez pas de nettoyer l’embout du spray à l’eau chaude ensuite, ou de jeter la pipette après usage.

- J’avais un spray l’année dernière… Pernazène. Il marchait bien. Vous ne pouvez pas m’en donner plutôt.

– Je vois dans votre dossier pharmaceutique que vous êtes sous traitement antihypertenseur. Pernazène contient un vasoconstricteur qui peut provoquer des poussées de tension.

- Ah. Il n’a rien mis pour le mal de gorge ? J’aime bien sucer des pastilles.

– Avez-vous beaucoup de tension ?

- Disons qu’elle n’est pas très équilibrée.

– Alors il faut éviter celles à base d’anti-inflammatoire non stéroïdien. Je peux en revanche vous proposer ces pastilles. N’en prenez pas plus de 8 par jour.

– Autre chose, est-ce que vous, ou une personne de votre entourage, êtes fumeur ?

- Non.

– Le médecin vous demande de surveiller votre température. Avez-vous ce qu’il faut ?

- Non, j’ai cassé mon dernier thermomètre il y a des années.

– Je peux vous proposer un thermomètre électronique qui convient à toutes les prises de température : dans la bouche, sous l’aisselle ou en rectal. Un signal sonore retentit pour indiquer que la mesure est terminée. Par voie rectale la température habituelle varie entre 36,6 et 38 °C, par voie buccale entre 35,5 et 37,5 °C et sous l’aisselle entre 34,7 et 37,3 °C.

- Espérons que je n’aurai pas à retourner chez le médecin...

– Il va falloir être un petit peu patient. En revanche, si la fièvre ne baisse pas ou réapparaît avec d’autres symptômes, il sera nécessaire de consulter à nouveau. Pensez à vous hydrater suffisamment, à dormir dans une pièce humide et fraîche, et lavez-vous les mains souvent afin d’éviter de contaminer l’entourage.

- Merci beaucoup. Je vais faire ce que vous m’avez conseillé et je vais faire confiance également au jeune médecin. Si tout se passe bien, je ne vous dis pas à bientôt !

* Organisé chaque année à l’initiative de l’Association pour la promotion des pharmacies expérimentales (Appex) et sous le patronage du Collège des conseillers et maîtres de stage, de l’UTIP et des sections A, D et E de l’ordre national des pharmaciens.

Les 23 lauréats régionaux de la 11 e édition du prix de dispensation d’ordonnance se s’ont retrouvés le 1 er juin pour la finale nationale dans les locaux de l’Ordre des pharmaciens à Paris. Au premier rang, les 3 gagnants (de gauche à droite) : Nicolas Mattern de la faculté de Strasbourg (Bas-Rhin), 2 e prix, Alessandra Dragoni, de la faculté de Paris-V, 3 e prix, et Noura Akkari, de la faculté de Montpellier (Herault), 1 er prix.

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