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Temps Forts
Enjeux
Auteur(s) : PAR FRANÇOIS POUZAUD
Le renouvellement de la profession se confirme, livre avec satisfaction et apaisement l’Ordre des pharmaciens en présentant le nouveau panorama de la démographie professionnelle établi au 1er janvier 2018. L’optimisme semble bien ancré au sein de l’instance ordinale et les derniers chiffres publiés donnent a priori de quoi rassurer sur l’avenir de la profession qu’elle disait menacée il y a encore quelques années.
Au chapitre des réjouissances, on retrouve celles de l’année dernière : la profession se restructure, se renouvelle, le maillage est préservé, les titularisations sont de plus en plus précoces.
Sans chercher à masquer les difficultés posées par le nombre des fermetures d’officines, dont l’augmentation est aujourd’hui régulée majoritairement par la rationalisation du réseau officinal (regroupements et rachats de clientèle), et par le taux « d’évaporation » des jeunes diplômés qui continue d’augmenter (+ 1 point à 37,6 % en 2017), Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’ordre des pharmaciens se dit confiante pour l’avenir. « Les jeunes sont ouverts aux nouveaux modes d’exercice de la profession, certains s’installent même quand il n’y a plus de médecins autour de l’officine, faisant le choix d’aller dans des déserts médicaux pour préserver l’accès aux soins et exercer les nouvelles missions. »
Ce discours sur le renouvellement générationnel reste à nuancer. Si les adjoints se montrent plus entreprenants et pressés d’être « titularisés », on n’en a pas encore fini avec le désamour pour l’officine dans les facultés de pharmacie. Les étudiants choisissent de moins en moins la voie de l’exercice libéral (- 5,7 % depuis 2007), s’orientant vers les métiers de l’industrie ou les établissements de santé.
Enfin, ce coup de jeune sur l’officine avec un nombre d’installations multiplié par 4 sur la tranche d’âge 24-35 ans et par 3 sur la tranche 36-46 ans en dix ans ne sera pas suffisant pour relever le défi démographique inscrit dans la pyramide des âges de la profession. Même si le vieillissement de la profession semble enrayé en 2017, la proportion des plus de 66 ans gagne du terrain en raison des départs différés de leur sortie. De même, la part des titulaires de 55 ans a été multipliée par 1,5 en dix ans. Des chiffres à mettre en parallèle avec la part des adjoints qui s’installent et qui ne représentent aujourd’hui que 3 % de l’effectif global de la section D. Si l’on reste sur ces tendances, il n’y aura pas suffisamment de jeunes pour prendre le relais et absorber le nombre massif de départs à la retraite qui se profile.
Pour séduire, la profession a bien compris qu’elle devait se parer de ses plus beaux atours. C’est précisément ce qu’elle est en train de faire aujourd’hui.
« 51 % des pharmaciens entrant en section A ont moins de 36 ans, c’est la preuve que les jeunes ont foi et croient dans l’avenir de la profession », argue Alain Delgutte, président du conseil central A de l’ordre des pharmaciens. Un ressenti également partagé par Jérôme Parésys-Barbier, président de la section D, qui voit dans l’augmentation des nouvelles inscriptions d’adjoints à la section D un signe positif. « Les nouvelles missions s’installent et nécessitent le renforcement de l’équipe officinale avec plus de pharmaciens adjoints et une présence de 1,3 adjoint par officine en moyenne. »
Pour Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), ce frémissement est à mettre sur le compte d’une plus grande lisibilité économique de la profession. « Tant qu’il n’y a pas de lisibilité, il ne peut y avoir que de la morosité, explique-t-il. Le métier est en train de changer, il n’y a jamais euautant de signaux positifs en si peu de temps et cela peut rendre le titulariat plus attractif auprès des pharmaciens, mais le changement de filière ne peut pas se faire en un jour. »
Toutefois, d’autres éléments pourraient contribuer à redonner plus rapidement à l’exercice officinal ses lettres de noblesse. « La nouvelle ordonnance sur le réseau va clarifier les règles d’installation et fluidifier les transferts en territoires fragiles pour permettre une pérennité des officines », souligne Alain Delgutte.
Par ailleurs, tous les indicateurs de l’installation semblent réunis pour offrir à la jeune génération un terrain défriché : un marché de la transaction dynamique, une économie et une rentabilité des officines stables en 2017, un taux de fermetures par liquidation judiciaire en net recul, des prix de vente acceptables, des taux d’intérêts toujours bas, de nouveaux modes de financement et d’exercice en association pour soutenir l’installation des jeunes et réduire le risque financier, une accélération des regroupements générateurs d’économies d’échelle porteuses pour le développement des structures… En 2017, le nombre de SPF-PL a progressé de 44 % (1 846) et a été multiplié par 13 depuis 2013, tandis que l’exercice sous forme de SEL concerne aujourd’hui 49 % des officines.
Si l’avenir de la profession est à imaginer dans le sillage de cette nouvelle manière d’exercer, la partie avec les étudiants n’est pas encore gagnée. Pour Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), le nœud du problème se situe au niveau du cursus des études qui ne valorise pas assez la filière officine. « Je suis très inquiet des projets de réforme dans le cadre de l’évolution du 2e cycle des études qui prévoient une réduction du premier stage de deuxième année de six à quatre semaines, alors que le rallongement des stages en 3e et 4e années n’est pas acté de façon formelle puisqu’il est précisé seulement une durée minimum d’une semaine, mais cela ne signifie pas qu’elle passera à deux semaines… Ce sont de très mauvais signaux qui n’inciteront pas les jeunes à s’orienter vers la filière officine alors qu’elle représente 70 % des débouchés », alerte-t-il. Les arrêtés modificatifs devraient être publiés au Journal officiel dans les tout prochains jours. « Pour le stage d’application à deux semaines, c’est aux responsables des études dans les UFR d’agir », estime Robin Ignasiak, président de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF). Pour aider les étudiants qui ont du mal à se fondre dans le moule de la pharmacie et créer une véritable émulation autour du métier, il suggère la création de stages de découverte et de parcours d’orientation professionnelle (POP), en dehors des stages obligatoires.
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