«   Nous demandons de pouvoir maintenir la qualité de nos services   » - Le Moniteur des Pharmacies n° 3228 du 02/06/2018 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3228 du 02/06/2018
 
ENTRETIEN

Temps Forts

Entretien

Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR FRANÇOIS POUZAUD 

Mêmes motifs, mêmes solutions. Comme les pharmaciens, les répartiteurs n’ont pas d’autre issue que d’évoluer vers un modèle de rémunération déconnecté partiellement des prix des médicaments. Les arguments d’Olivier Bronchain, président de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP), ont semble-t-il fait mouche auprès d’Agnès Buzyn, ministre de la Santé, puisqu’elle semble prête à discuter d’une refonte du mode de rémunération.

Les pouvoirs publics prendraient-ils enfin la mesure de l’urgence de la situation des répartiteurs ?

Olivier Bronchain : La CSRP a en effet relevé ces dernières semaines plusieurs signaux favorables. En février, nous avons été reçus par Agnès Buzyn, ministre de la Santé ; nous lui avons expliqué que le mix « baisse des prix et développement des génériques », pour lequel la concurrence avec le direct nous a contraints à abandonner le cadre de l’arrêté de marge pour une rémunération bien inférieure, n’est plus soutenable. La réponse fournie rapidement par la ministre de la Santé à la question écrite de deux députés portant sur l’avenir de la répartition et la création d’un groupe de travail commun à la Direction de la sécurité sociale sont encourageantes.

Quel est l’objectif de ce groupe de travail ?

L’heure n’est plus à la réflexion mais à l’action, avec obligation de résultats. Notre profession reste aujourd’hui la seule à absorber entièrement l’impact des mesures sur les médicaments remboursables qui représentent 90 % de nos ventes. Il faut que le groupe de travail, constitué fin mai, émette d’ici à l’été des propositions de refonte de notre système de rémunération. Nous attendons des mesures concrètes qui puissent être inscrites dès la rentrée prochaine dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2019.

Une négociation est-elle réaliste dans des délais aussi courts ?

Oui. Le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) de 2017 a permis d’identifier des pistes d’évolution. Ce rapport préconise notamment d’explorer un mode de rémunération mixte intégrant un forfait à la boîte et une marge correspondant à un pourcentage du prix fabricant hors taxe. Dans les grandes lignes, cette préconisation est proche de nos revendications : un forfait par boîte de générique, une part forfaitaire plus un pourcentage pour le princeps, une rémunération spécifique pour les produits thermosensibles et les stupéfiants. Les solutions sont donc identifiées. Le groupe de travail devra travailler sur les modalités de mise en œuvre. Nous demandons qu’il envisage également une évolution de la taxe sur les ventes en gros pour en exonérer les médicaments génériques dont nous contribuons à développer le marché.

En quoi les problèmes que vous évoquez concernent-ils les pharmaciens ?

Dans un sondage IPSOS mené par la CSRP, 92 % des Français considèrent que l’égalité d’accès au médicament est essentielle. La répartition pharmaceutique est le garant de cette égalité d’accès et elle est aujourd’hui menacée. En 2016, le résultat d’exploitation consolidé des six principaux acteurs du marché était nul pour un chiffre d’affaires de 17 Mds€. Entre 2008 et 2016, les mesures gouvernementales ont entraîné une diminution de nos ressources de 239 M€. Au niveau de nos entreprises, il n’est plus possible d’absorber l’augmentation des coûts par des gains de productivité. La répartition a supprimé plus de 1 000 emplois depuis 2008. Notre marge est actuellement de 900 M€ après paiement de la taxe sur les ventes en gros, nous souhaitons retrouver la situation de 2008 et demandons une revalorisation a minima de 200 M€ afin de pouvoir maintenir la qualité de nos services, satisfaire à nos obligations de service public, et prendre en compte les aléas tels que l’inflation, les coûts additionnels liés à l’accroissement constant des exigences réglementaires et à la sérialisation. 

OLIVIER BRONCHAIN 

BIO EXPRESS


•   1986 : Diplômé de Neoma Business School.

•   1999 : Entrée à CERP Rouen (Seine-Maritime), après 12 années passées au sein du cabinet d’audit PricewaterhouseCoopers.

•   Janvier 2012 : président de CERP Rouen et directeur général du groupe Astera.

•   Juin 2017 : président de la CSRP.

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