Dans l’hépatite C chronique - Le Moniteur des Pharmacies n° 3224 du 05/05/2018 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3224 du 05/05/2018
 
EPCLUSA

Expertise

Nouvelle molécule

Auteur(s) : YOLANDE GAUTHIER 

Epclusa est une association fixe de deux antiviraux d’action directe, le sofosbuvir (principe actif unique de Sovaldi) et le velpatasvir. Ce médicament est actif sur tous les génotypes du virus de l’hépatite C. Il peut être prescrit seul, ou en association à la ribavirine chez certains patients.

INDICATION

Traitement de l’infection chronique par le virus de l’hépatite C chez les adultes.

POSOLOGIE

La dose recommandée est d’un comprimé une fois par jour, à prendre avec ou sans nourriture. En raison de son goût amer, ne pas croquer ni écraser le comprimé pelliculé.

Epclusa est associé à la ribavirine chez les patients avec une cirrhose décompensée. Cette association peut aussi être envisagée chez les patients infectés par un VHC de génotype 3 avec une cirrhose compensée.

La durée du traitement est de 12 semaines, quel que soit le génotype du VHC. Cette durée peut être portée à 24 semaines chez les patients en échec d’un traitement contenant un inhibiteur de NS5A, qui sont à haut risque de progression clinique de la maladie et qui n’ont pas d’autres options de traitement, en association à la ribavirine.

CONTRE-INDICATIONS

Hypersensibilité au sofosbuvir, au velpatasvir ou à l’un des excipients.

Co-administration avec des médicaments inducteurs puissants de la P-gp tels que rifampicine, millepertuis, carbamazépine, phénytoïne… (risque de perte d’efficacité d’Epclusa).

GROSSESSE ET ALLAITEMENT

Par mesure de précaution, l’utilisation d’Epclusa pendant la grossesse n’est pas recommandée.

Epclusa ne doit pas être utilisé pendant l’allaitement.

En cas d’association à la ribavirine, les patientes en âge de procréer ou leurs partenaires masculins doivent utiliser une méthode de contraception efficace durant le traitement et les 4 mois qui suivent son arrêt. Les patients masculins ou leurs partenaires féminines en âge de procréer doivent utiliser une méthode de contraception efficace pendant le traitement par ribavirine et pendant les 7 mois qui suivent son arrêt.

EFFETS INDÉSIRABLES

Maux de tête, fatigue et nausées sont les effets indésirables les plus fréquemment observés.

INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

L’amiodarone sera utilisée avec Epclusa seulement en cas d’intolérance ou de contre-indication aux autres traitements antiarythmiques (risque de bradycardie sévère et de troubles de la conduction nécessitant une surveillance étroite).

La co-administration avec des inducteurs modérés de la P-gp ou des CYP (oxcarbazépine, modafinil, efavirenz…) n’est pas recommandée (risque de diminution des concentrations plasmatiques d’Epclusa).

La co-administration avec des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) n’est pas recommandée. Si elle est nécessaire, Epclusa doit être pris avec de la nourriture 4 heures avant l’IPP à des doses maximales comparables à 20 mg d’oméprazole.

SURVEILLANCE PARTICULIÈRE

Le dépistage du virus de l’hépatite B doit être effectué chez tous les patients avant le début du traitement en raison du risque de réactivation du VHB chez les patients coinfectés par le VHB/VHC. §

DITES-LE AU PATIENT

- En cas de vomissements survenant dans les 3 heures après la prise de la dose, prendre un autre comprimé. Au-delà de 3 heures, il n’est pas nécessaire de prendre une autre dose.
- Si une dose est oubliée et que l’oubli date de moins de 18 heures, prendre le comprimé oublié le plus tôt possible et prendre la dose suivante comme prévu. Si l’oubli date de plus de 18 heures, attendre et prendre la dose suivante comme prévu.
- En raison de modifications de la fonction hépatique, une surveillance étroite de l’INR est recommandée chez les patients traités par AVK.

FICHE TECHNIQUE

Sofosbuvir 400 mg et velpatasvir 100 mg pour un comprimé pelliculé en forme de losange et rose, flacon de 28 : 9 907,22 €, remb. SS à 100 %, AMM : 34009 300 673 1 4.
Gilead : 01 46 09 41 00
Les prix sont mentionnés hors honoraires de dispensation.
Delphine Guilloux

L’AVIS DE LA HAS

- Service médical rendu important
- Amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV)
- Population cible estimée à 60 000 patients

DÉLIVRANCE


• Liste I

• Prescription hospitalière réservée aux spécialistes en gastro-entérologie et hépatologie, en médecine interne ou en infectiologie.

L’HÉPATITE C

En France, près de 200 000 personnes seraient atteintes par une infection chronique du virus de l’hépatite C.

Qu’est-ce que c’est ?
L’hépatite C est une maladie virale dont la transmission se fait essentiellement par voie sanguine. Le mode de contamination le plus fréquent est la toxicomanie intraveineuse et nasale, les autres voies de transmission (sexuelle, materno-fœtale lors de l’accouchement ou l’exposition accidentelle au sang) étant plus rares. En dehors de ces comportements, différents facteurs de risque sont identifiés : pays d’origine à forte prévalence du virus de l’hépatite C, infection par le VIH et précarité sociale. L’infection aiguë, le plus souvent asymptomatique, évolue soit vers une guérison spontanée dans un délai de six mois (15 à 35 % des cas), soit vers la chronicité (65 à 85 % des cas). L’infection chronique se manifeste par des symptômes : - hépatiques allant de la fibrose à la cirrhose, avec un risque de cirrhose compris entre 15 et 30 % après 20 ans d’évolution de la maladie ; - extrahépatiques (fatigue, syndrome sec…).
Quels sont les différents génotypes du VHC ?
Le virus de l’hépatite C, dont le génome est un ARN, présente une grande variabilité génétique. Les fréquences des 7 génotypes majeurs identifiés varient en fonction de la localisation géographique. En France, les génotypes 1a et 1b sont les plus fréquents, représentant 61 % des cas. Le génotype 3 qui concerne 19 % des patients en France est associé à un risque plus élevé de cirrhose et de carcinome hépatocellulaire. Les autres génotypes, 2 (9 %), 4, (9 %), 5 (2 %) et 6 (moins de 1 %) sont plus rares en France.

PHARMACOLOGIE


1 COMMENT AGIT LE MÉDICAMENT ?

Le sofosbuvir est un inhibiteur pangénotypique de l'ARN polymérase ARN-dépendante NS5B du virus de l’hépatite C (VHC), essentielle à sa réplication. Cette prodrogue d'un nucléotide subit une métabolisation intracellulaire pour former un analogue de l'uridine triphosphate qui peut être incorporé dans l'ARN viral par la polymérase NS5B et agit comme « terminateur » de chaîne, bloquant donc son élongation.
Le velpatasvir est un inhibiteur du complexe de réplication virale NS5A.

2 SON ACTION EST-ELLE ORIGINALE ?

Le sofosbuvir est également commercialisé isolément (Sovaldi). D’autres anti-VHC partagent son mode d’action, comme le dasabuvir (Exviera).
Il existe de nombreux autres inhibiteurs NS5A, généralement inclus dans une association fixe, comme par exemple le daclatasvir (Daklinza), l'elbasvir (in Zepatier), le lédipasvir (in Harvoni), l'ombitasvir (in Viekirax) ou le pibrentasvir (in Maviret).

3 QUEL EST LE VERDICT DES ÉTUDES CLINIQUES ?

L’efficacité et la tolérance de l’association sofosbuvir + velpatasvir (Epclusa) ont été évaluées par la Haute Autorité de santé (2016) au vu de 3 études de phase III chez des sujets infectés par un VHC de génotype 1 à 6 avec ou sans cirrhose compensée, et une étude de phase III chez des patients infectés par un VHC de génotypes 1 à 6 avec cirrhose décompensée. La durée du traitement était de 12 semaines sans ribavirine (sauf chez les patients avec cirrhose décompensée qui ont été traités par ribavirine sur 12 semaines, ou sans mais sur 24 semaines). Le critère principal de jugement était la réponse virologique soutenue (RVS) définie par un ARN inférieur à la limite de quantification 12 semaines après la fin du traitement.
Dans l’étude ASTRAL-1 vs placebo, la RVS12 a été de 99 % (versus 0 % dans le bras placebo), sans impact de l’existence d’une cirrhose compensée ou d’antécédents de traitement antiviral. La RVS12 a été de 98,5 % chez les sujets de génotype 1, comparable à celle rapportée dans les études de phase III pour Harvoni. Elle a été de 100 % chez les patients de génotypes 2, 4 et 6, et de 97,1 % chez les patients de génotype 5.
L’étude ASTRAL-2 a montré la supériorité d’Epclusa sur une bithérapie sofosbuvir + ribavirine sur des patients de génotype 2.
L’étude ASTRAL-3 a montré la supériorité d’Epclusa sur 12 semaines sur une bithérapie sofosbuvir + ribavirine sur 24 semaines chez des patients de génotype 3. L’absence d’étude comparative rend toutefois difficile la comparaison Epclusa vs sofosbuvir (Sovaldi) + daclatasvir (Daklinza) dans cette population.
La RVS12 a été, dans l’étude ASTRAL-4 réalisée chez des patients de génotype 1, 2, 3, 4 ou 6 et ayant une cirrhose décompensée, de 94 % avec Epclusa + ribavirine pendant 12 semaines ; elle a été plus faible avec un VHC de génotype 3.
Ces études montrent une efficacité pangénotypique importante sur 12 semaines de traitement, sans adjonction de ribavirine pour la majorité des patients. Les effets sont du même ordre que ceux rapportés avec les autres options thérapeutiques recommandées pour les patients de génotype 1, 3 et 4 ; les données restent limitées pour les génotypes 5 et 6 ; Epclusa est modestement supérieur à la bithérapie sofosbuvir + ribavirine sur le génotype 2.
Denis Richard

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