Épisode 47 Stupéfaction au lycée - Le Moniteur des Pharmacies n° 3223 du 28/04/2018 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3223 du 28/04/2018
 
UNE ANNÉE DANS LA VIE DE MADAME MARTIN

Expertise

Feuilleton

Auteur(s) : ANNE DROUADAINE 

Violette, l’amie de Lola Martin, a dû être hospitalisée en urgence. Le directeur de l’établissement organise une réunion d’information à 18 heures. Lola va être traitée préventivement pour éviter toute contagion.

Mardi 24 avril

- Valérie Martin à Paul : Je pars chercher Lola au lycée.

- Paul Martin : Quelle excuse a-t-elle encore trouvé pour ne pas rentrer à pied ? Ses allergies ? Une entorse ? Un contrôle demain ?

- Non, tu n’y es pas du tout. Il y a eu un vrai problème au lycée.

- De quel genre ?

- Le SAMU est venu. Sa meilleure amie, Violette, a été hospitalisée hier pour une méningite. Je n’en sais pas plus. Lola m’a parlé d’une réunion…

- Ah, ça a l’air sérieux.

Au lycée

- Lola à sa mère : Je ne comprends pas ce qu’il s’est passé. Le professeur a parlé d’une réunion dans le hall à 18 heures. Et je n’ai pas de nouvelles de Violette depuis hier. Je ne savais même pas qu’elle était à l’hôpital. Ça m’inquiète un peu, elle répond toujours d’habitude.

- Valérie Martin : Elle doit être fatiguée. Elle n’allait pas bien hier ? Que s’est–il passé ?

- Je n’ai pas eu le temps d’en parler et puis il n’y avait pas grand chose à dire. On a mangé ensemble le midi, elle avait très mal à la tête. Et puis en cours de maths, pendant le contrôle, elle a demandé à sortir car elle ne se sentait pas bien. Je croyais que c’était juste pour éviter la mauvaise note. Je l’ai accompagnée à l’infirmerie et elle a vomi plusieurs fois. Mais ensuite je suis retournée finir le contrôle. Et depuis, plus de nouvelles.

- D’accord. Bon, allons-y, le directeur va sûrement nous en dire plus.

Dans le hall du lycée

- M. Pinson, directeur : Bonjour à tous, c’est une tragique affaire qui nous rassemble ce soir. La jeune Violette Prigent est décédée cet après-midi à l’hôpital de l’Etoile. Il s’agit apparemment d’une méningite foudroyante. Elle avait été hospitalisée hier dans la soirée.

- Lola : Quoi ?! Mais non, ce n’est pas possible !

- C’est terrible… Monsieur Giraud, médecin de l’ARS, est présent pour vous informer de la situation afin que les personnes ayant été en contact proche avec Violette puissent recevoir un traitement antibiotique dans les prochains jours pour éviter tout risque de contamination. Je voulais également vous dire qu’un psychologue sera présent dans l’établissement dès demain.

Mercredi 25 avril, 9h00

A la pharmacie

- Valérie Martin : Bonjour, j’ai une ordonnance pour ma fille Lola.

- Madame Dorvault, la pharmacienne : Ah, que lui arrive-t-il ? Je vois, c’est en prévention à la suite de la méningite de la petite Violette…

- Oui, c’est cela… C’était sa meilleure amie. Elles passaient beaucoup de temps ensemble. Lola est même allée dormir chez elle la semaine dernière. Elle est donc considérée comme personne proche et à risque de contamination.

- Elle doit être abattue, la pauvre. Effectivement, la méningite à méningocoques se transmet par les sécrétions rhino-pharyngées.

- Oui, c’est ce qu’a dit le médecin. Comme elles étaient tout le temps ensemble, en cours et le midi aussi…

- Il s’agit donc d’un antibiotique, la rifampicine. Lola devra prendre 600 mg, soit 2 gélules, toutes les 12 heures pendant 2 jours. Les gélules doivent être prises de préférence à jeun, c’est à dire au moins 30 minutes avant le repas.

- Vous pouvez le noter sur la boîte ? Lola va commencer tout de suite.

- Bien sûr. Ne vous inquiétez pas, la rifampicine peut colorer les sécrétions, l’urine ou même la sueur, en orange, voire en rouge.

- Ah, c’est curieux !

- Votre fille ne porte pas de lentilles de contact ? Car cet antibiotique peut aussi les colorer.

- Non, non…

- Bien. Et votre fille est vaccinée contre la méningite ?

- Oui, elle l’avait été il y a 3 ans. Ses camarades de classe vont être vaccinés. Dites, je peux vous demander quelque chose, c’est fréquent les méningites comme ça ?

- La méningite à méningocoques touche environ 600 personnes par an en France, mais cela ne se termine heureusement pas toujours aussi tragiquement. En revanche, c’est souvent cette tranche d’âge qui est touchée, les jeunes adultes, les nourrissons et les enfants jusqu’à 4 ans.

- Et on ne peut rien y faire ?

- Si, il y a la vaccination justement. D’ailleurs elle est désormais obligatoire pour les nourrissons nés à partir du 1er janvier 2018.

- Ah, les fameuses vaccinations obligatoires. Ah oui, je crois que Mylène a récemment fait vacciner Hugo d’ailleurs. Il est né en septembre, mais son médecin lui avait tout de même conseillé. Je comprends mieux pourquoi.

- Oui, c’est tout à fait probable. L’injection est réalisée à l’âge de 5 mois et une seconde dose est administrée à 12 mois pour les nourrissons. Votre fils est vacciné ?

- Euh, je ne sais pas.

- S’il ne l’est pas, il est toujours temps, la vaccination est recommandée jusqu’à 24 ans.

- Je regarderai son carnet de vaccination ou je demanderai au médecin.

La pharmacienne dans le back office :« Je ne pouvais pas trop en parler à sa mère mais je vais appeler Lola pour l’alerter à propos de l’interaction avec sa pilule. J’ai vu qu’on avait noté son téléphone dans sa fiche-patient. Et je vais aussi sortir l'affiche et les dépliants sur les signes de la méningite pour informer un peu les habitants. Ils auront sûrement des questions. »

Nous remercions le D r Brice Le Taillandier pour son aimable relecture. Sources : « Prévenir les méningites aiguës », ameli-santé, avril 2018 ; Guide pour l’immunisation en post-exposition – Vaccination et immunoglobulines, Haut Conseil de la santé publique, février 2016 ; Fiche maladie « Méningites à méningocoques », Institut Pasteur, mars 2013.

À RETENIR


• Les symptômes types de la méningite sont la fièvre, l’apparition de forts maux de tête, une raideur plus ou moins marquée au niveau de la nuque, nausées, vomissements, taches nécrotiques ou purpuriques.

• Après un cas de méningite à méningocoques, un traitement antibiotique est proposé aux sujets contacts (contact direct et prolongé, en face-à-face, d’une distance de moins d’un mètre ou contact intime de bouche à bouche sans notion de durée, dans les 10 jours précédant l’hospitalisation du patient) quel que soit le statut vaccinal.

•  L’antibioprophylaxie repose sur l’administration de rifampicine pendant 2 jours (sauf contre-indications : grossesse, alcoolisme…). En cas d’hypersensibilité ou de contre-indications, la prévention repose sur la prise de ceftriaxone par voie injectable ou de ciprofloxacine par voie orale en dose unique. La prévention de la méningite à méningocoque C est aussi réalisée par la vaccination (Menjugate, Neisvac).

• La rifampicine étant un puissant inducteur enzymatique, l’efficacité des estroprogestatifs et progestatifs contraceptifs peut être diminuée par augmentation du métabolisme hépatique. Une méthode contraceptive mécanique devra être utilisée.

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