Épisode 46 La Pharmacie Galien démarre les bilans de médication - Le Moniteur des Pharmacies n° 3221 du 14/04/2018 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3221 du 14/04/2018
 
UNE ANNÉE DANS LA VIE DE MADAME MARTIN

Expertise

Feuilleton

Auteur(s) : FLORENCE BONTEMPS 

Lors du salon PharmagoraPlus qui s’est tenu le week-end dernier, monsieur Galien a assisté à une conférence sur les bilans partagés de médication. Il en est revenu très enthousiaste…

A la pharmacie

–  M. Galien, pharmacien titulaire :Je n’avais pas trop suivi cette histoire de bilan de médication, mais vraiment cette conférence à Pharmagora, ça m’a donné envie ! Il faut qu’on se lance…

– Mme Dorvault, pharmacienne adjointe :Je suis bien d’accord avec vous, ça semble intéressant. Mais est-ce qu’on va vraiment avoir le temps ?

– Maintenant que Marlène et revenue de congé maternité, on va s’organiser. La première étape, c’est le recueil d’informations sur le patient avec 4 grilles à remplir, mais ce sont des questions simples, un peu comme pour les entretiens AVK ou asthme.

– Mais 4 grilles à remplir, ça va prendre un temps fou !

– C’est sûr qu’il va falloir recadrer les patients s’ils nous racontent leur vie… C’est la deuxième étape qui est vraiment intéressante, l’analyse d’ordonnances, mais en s’aidant des sites internet proposés, cela ne me semble pas si compliqué….

– Il y a des sites internet faits pour le bilan de médication ?

– Pas exprès pour le bilan de médication, mais il existe des sites qui peuvent aider : Stoppstart.free.fr, par exemple, pour les médicaments non indiqués chez la personne âgée, et le site GPR pour la posologie selon la fonction rénale. Une fois l’analyse faite, il faut rédiger une synthèse et l’envoyer au médecin…

– Oh là, et ça va leur plaire aux médecins ?

– Il va falloir le faire de façon intelligente et avec doigté. Dans l’exemple que nous avons vu à la conférence, le patient avait arrêté le Xatral LP car il n’arrivait pas à avaler les comprimés qui sont effectivement assez gros. Donc on proposait au médecin de remplacer par un autre alpha-bloquant plus facile à avaler. Rien de bien méchant pour le médecin… Bon, ce qu’on va faire, c’est envoyer à tous nos médecins généralistes habituels un courrier pour leur expliquer la démarche. Et puis j’appellerai les médecins du quartier pour leur expliquer de vive voix…

– Ah, avec le Dr Duschmoll, je vous souhaite bon courage…

– Hum, oui. On pourrait commencer avec le Dr Carel ou le Dr Dubois… Je termine pour les étapes : la troisième étape est l’entretien « Conseils » au patient, dans lequel on va expliquer au patient les résultats de l’analyse, et faire des suggestions pour améliorer la prise en charge globale. Et quelques semaines après, on fait un suivi d’observance. Ça prend 10 minutes, pas plus.

– Bon, il y a du monde monsieur Galien. On en reparle demain matin ?

Le lendemain

– M. Galien : Bonjour madame Dorvault. Voici la lettre que je pensais envoyer aux médecins pour les bilans de médication. Vous me donnerez votre avis ?

– Madame Dorvault : C’est parfait ! Vous voulez que je me charge des envois ?

– Volontiers. Oh, vous savez ce qui serait bien... Ce serait que tous les confrères des pharmacies voisines signent ce courrier. Ça aurait plus de force, et ça éviterait que les médecins ne reçoivent 10 fois la même lettre ! Je vais les contacter.

– Donc on commence à en parler aux patients ?

- Oui !

Quelques jours plus tard…

–  M. galien :Bonjour monsieur Lambert. Comment allez-vous ?

– m. lambert : On fait aller… Je viens renouveler l’ordonnance du Dr Carel et les gouttes de l’ophtalmo.

– Oui, je vais vous donner ça. Previscan, Preterax, Tahor, Colchimax et allopurinol, et pour l’ophtalmo, Azopt. Vous avez aussi une ordonnance du rhumatologue : tramadol LP 50. Ça commence à faire beaucoup. Vous savez monsieur Lambert, je pourrais vous inscrire pour un bilan de médication si vous souhaitez qu’on fasse un point général sur tout ça.

– C’est quoi ce bilan ?

– Il y a tout d’abord un entretien pendant lequel je vais vous poser des questions sur vos différents traitements, le but étant de vérifier qu’il n’y a pas d’incompatibilités, pas de problèmes avec l’ensemble des médicaments qui vous sont prescrits et avec ceux que vous prenez en dehors des ordonnances.

– Et c’est gratuit ?

– Vous n’aurez rien à payer. C’est la Sécurité sociale qui le finance. Lors du premier entretien vous amènerez toutes vos ordonnances, vos dernières analyses biologiques, vos boîtes de médicaments… Et vous aurez un deuxième entretien 15 jours ou 3 semaines plus tard, où je vous donnerai des conseils personnalisés. Vous avez entendu parler de l’iatrogénie ?

– Ah oui, j’ai vu ça à la télévision…

– Et bien, le bilan de médication, c’est pour éviter l’iatrogénie.

– Et le Dr Carel est au courant ? Parce qu’il ne va pas aimer si vous changez mon traitement…

– Rassurez-vous, nous ne changerons absolument rien sans son accord. Il est prévenu, et surtout, nous lui enverrons une synthèse du bilan pour échanger avec lui et voir s’il y a des points à modifier.

– Bon, je vais en parler à ma femme.

Je vous dirai… 

« Cher Dr X

Les pharmaciens peuvent désormais proposer à leurs patients âgés un « bilan partagé de médication ». Il s’agit d’une nouvelle mission mise en place par l’Assurance maladie.

Le but de ce bilan, gratuit pour le patient, est de diminuer l’iatrogénie, en faisant un point détaillé sur l’ensemble des médicaments prescrits au patient, ou pris en automédication.

En effet, grâce au Dossier Pharmaceutique, nous recensons l’ensemble des médicaments dispensés à partir des prescriptions des différents confrères (ophtalmologiste, rhumatologue, chirurgien…), ainsi que les médicaments pris sans ordonnance et pouvons vérifier l’absence de redondance ou d’incompatibilités. Nous pouvons également mesurer l’observance au vu du nombre de boîtes délivrées ou rapportées, ainsi que les freins éventuels à la prise du traitement (forme galénique, difficultés à la prise…).

Bien entendu, aucune modification de traitement ne sera effectuée sans votre accord. Si une modification du traitement apparaît nécessaire, le patient sera invité à vous consulter.

Ce bilan partagé de médication concerne les patients à risque élevé d’iatrogénie. En pratique, 3 conditions doivent être réunies pour inscrire un patient :

– patient âgé de 75 ans ou plus, ou, s’il est en ALD, de 65 ans ou plus

– patient polymédiqué, c’est-à-dire prenant de façon chronique au moins 5 molécules prescrites

– traitement prescrit pour au minimum 6 mois.

Afin de ne pas vous déranger durant vos plages de consultation, une synthèse de ce bilan vous sera adressée par messagerie sécurisée ou courrier postal.

Nous restons en outre disponibles pour un échange téléphonique, à votre convenance.

En espérant que cette nouvelle mission sera l’occasion d’une collaboration fructueuse dans l’intérêt de nos patients, nous vous prions d’agréer, cher Dr X, nos sentiments les meilleurs ».

Nous remercions le D r Brice Le Taillandier pour son aimable relecture. Sources : Avenant 12 à la convention nationale ( JO du 16 mars 2018), Guide d’accompagnement des patients Annexe II.7, Fiche mémo Bilan de médication SFPC 2017, Cahier Formation du Moniteur des pharmacies « Spécial Bilan de médication » du 26/01 et du 10/02/2018, Cahiers Formation du Moniteur des pharmacies, « Bilan de médication de M. Victor » du 07/04/2018

À RETENIR


• Les bilans partagés de médication s’adressent aux patients à partir de 75 ans (ou 65 ans en ALD), polymédiqués, c’est-à-dire pour lesquels sont prescrits au moins 5 principes actifs à la date d’adhésion, sous réserve que ce traitement soit d’une durée minimum de 6 mois.

• Les 4 étapes du bilan partagé de médication sont le recueil d’information, l’analyse d’ordonnance (qui se pratique en dehors de la présence du patient), l’entretien conseil au patient et le suivi d’observance.

• Chaque bilan est rémunéré 60 euros, payé au plus tard le 31 mars de l’année suivante, sous réserve d’avoir réalisé les 4 étapes dans l’année. Toutefois, si le bilan est débuté au deuxième semestre, les deux dernières étapes peuvent être réalisées en année N+1.

• Les années suivantes, la rémunération est de 20 euros pour réaliser deux suivis d’observance, et de 30 euros en cas de modification de traitement.

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