Comment les répartiteurs luttent contre les manquants - Le Moniteur des Pharmacies n° 3220 du 07/04/2018 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3220 du 07/04/2018
 
RUPTURES DE STOCK

Temps Forts

Enjeux

Auteur(s) : PAR FRANÇOIS POUZAUD 

« Le bon médicament au bon endroit au bon moment ». Ce leitmotiv signe un engagement de l’ensemble des répartiteurs, alors que la hausse de produits manquants devient inquiétante. Chaque grossiste s’attaque donc, à sa façon, aux ruptures de stock.

Les ruptures de stock sont montées d’un cran en 2017. Près de 530 médicaments d’intérêt thérapeutique majeur ont été victimes de pénurie l’an dernier, selon l’Agence nationale de sécurité du médicament. En un an, le nombre de signalements a explosé : + 30 % tandis que 80 % des Français expriment une crainte pour l’avenir à propos des risques de rupture de certains médicaments, révèle un sondage mené par IPSOS pour la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP) publié le 29 mars. Par ailleurs, 64 % estiment qu’il est essentiel de disposer immédiatement des médicaments en pharmacie.

Ces ruptures de stock créent aujourd’hui beaucoup de tensions dans les officines. Selon une enquête d’octobre dernier, menée par Odoxa pour OCP, plus du tiers des patients changeraient de pharmacie en cas de rupture fréquente de médicaments.

Centraliser et synchroniser

Sur la question des ruptures d’approvisionnement, Hubert Olivier, président d’OCP, porte une analyse assez différente de l’opinion générale. Selon lui, ce n’est pas tant un problème industriel qui est en cause mais davantage un manque de réactivité de la chaîne de distribution dans son mode de fonctionnement actuel et historique. « Les ruptures d’origine industrielle représentent au maximum une rupture sur deux », explique-t-il. De ce constat est née en 2016, PCS, plate-forme de centralisation et de synchronisation des stocks, un nouveau modèle de distribution pour le leader de la répartition en France basé sur son site d’Ormes (Loiret). « Un modèle totalement innovant », présente-t-il, car en rupture avec le schéma classique d’organisation adopté par les autres répartiteurs, construit autour de plate-formes régionales qui approvisionnent des agences satellites. « Les laboratoires livrent quotidiennement la plate-forme qui se charge ensuite de répartir les produits entre les établissements OCP en fonction des commandes des pharmaciens et de les approvisionner pendant la nuit. C’est cette synchronisation quotidienne qui donne à ce nouveau modèle de distribution toute sa force », détaille Hubert Olivier.

Après deux ans de recul sur cette nouvelle organisation logistique, OCP dresse son bilan. Ce dispositif a prouvé qu’il permet de simplifier les flux, de gagner du temps et de l’efficacité. Aujourd’hui, sept laboratoires dont Sanofi, GSK, Pierre Fabre, Mylan, Biogaran et Teva sont présents sur la plate-forme où transitent 40 % des flux traités par OCP ; ils seront bientôt rejoints par d’autres laboratoires dont Sandoz et Novartis. « Avec PCS, les ruptures laboratoires ont baissé de 40 % et le taux de disponibilité est de l’ordre de 98 %, voire 99 %, contre 95-96 % dans l’ancien dispositif », annonce-t-il. Et d’ajouter : « Grâce à PCS, un produit sorti de rupture est un produit accessible en 24 heures partout en France, dans l’ensemble de notre réseau. »

Afin de toucher à l’objectif final : réduire à zéro les ruptures de distribution, OCP a investi dans un nouveau site de 48 000 mètres carrés (contre 11 000 mètres carrés pour le site d’Ormes) pour y transférer la totalité de l’activité de PCS, toujours dans le Loiret, à Baule, une commune située à 35 kilomètres d’Orléans. Cet établissement est ouvert depuis janvier et Hubert Olivier s’est fixé des objectifs ambitieux : « PCS gérera 80 % des flux d’OCP en 2018 et 100 % en 2019. »

La seconde solution de l’OCP est sa plate-forme Link, lancée en février, pour alerter le pharmacien dès qu’un produit est à nouveau disponible. Cette nouvelle fonctionnalité intitulée « Le panier à nouveau dispo » enregistre les commandes des 30 derniers jours qui n’ont pas été servies. Par ailleurs, au travers de cette plate-forme, il est possible de connaître en temps réel le stock de son établissement de répartition. « L’articulation de ces deux systèmes permet de gagner un temps considérable et d’augmenter la disponibilité des produits », conclut le président d’OCP.

L’importance de l’anticipation

Chez Alliance Healthcare Répartition, pas de réforme en profondeur du dispositif d’approvisionnement mais une organisation en quatre axes pour faire face aux tensions ou ruptures sur les stocks. Premier axe : une gestion préventive des tensions d’approvisionnement signalées par le laboratoire, des échanges avec le répartiteur en bonne intelligence pour éviter les ruptures et garantir un accès égal au produit sur le territoire. « En cas de réapprovisionnement tardif du laboratoire, il faut faire en sorte que le stock du répartiteur dure le plus longtemps possible, nous étêtons toutes les commandes importantes de nos clients pharmaciens lorsqu’elles sont excessives », explique Philippe Godon, directeur des affaires pharmaceutiques et réglementaires d’Alliance Healthcare Répartition. Deuxième axe : « En cas de rupture avérée, l’objectif est d’être prévenu par le laboratoire pour organiser une remise sur le marché harmonieuse du produit, gérer les remises en stock chez le répartiteur et éviter les à-coups de distribution », détaille-t-il. Troisième axe : la remontée d’informations des établissements sentinelles du réseau facilite la réactivité et l’anticipation d’Alliance Healthcare Répartition face au risque de rupture et concourt à l’approvisionnement de tous les établissements en quantités suffisantes. Quatrième axe : « L’organisation pyramidale, avec un magasin national dans le Loiret et sept plate-formes régionales servant des établissements autonomes et satellisés, est un modèle qui a fait ses preuves dans l’optimisation de la mise à disposition de tous les produits de notre collection, nous garantissons un taux de disponibilité de l’ordre de 99 %, et les manquants magasins représentent moins de 1 % de la totalité de nos ruptures de stock », précise Philippe Godon. Par ailleurs, par mesure de précaution, Alliance Healthcare Répartition dispose de plus de deux semaines de stock. 

LES CERP MOBILISÉES

« Face aux ruptures des médicaments, les sociétés CERP sont mobilisées pour assurer la meilleure disponibilité possible de ces produits en flux tendu auprès de tous leurs clients pharmaciens, indique Marc Kenesi, directeur de CERP France, filiale commune des 3 CERP. Par une gestion des stocks adaptée tant en largeur qu’en profondeur et la fluidité logistique entre leurs établissements, toutes les boîtes disponibles des médicaments sensibles sont mises à disposition des officines. Ainsi pour les ruptures, dues à des problèmes industriels à plus de 80 %, les sociétés CERP assurent par cette gestion optimisée un rôle majeur d’amortisseur en les réduisant de plus des deux tiers. »

À RETENIR


•   Confrontés aux besoins de leurs clients pharmaciens, les répartiteurs ont développé des solutions pour surmonter les ruptures d’approvisionnement à leur niveau.

•   Une répartition harmonisée sur le territoire, des ajustements dans les stocks ou le recours à une plate-forme web d’alerte des pharmaciens sur la disponibilité des produits constituent ces solutions.

REPÈRES 

LES OBLIGATIONS DE L’ACTIVITÉ DE GROSSISTE-RÉPARTITEUR

Par Matthieu Vandendriessche - Infographie : Franck L'Hermitte

Pourrez-vous respecter la minute de silence en mémoire de votre consœur de Guyane le samedi 20 avril ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !