Les bilans de médication au pas de course

Comme pour les entretiens pharmaceutiques des patients sous anticoagulants oraux et asthmatiques, les partenaires signataires de l’avenant (Assurance maladie, FSPF et USPO) ont élaboré des supports validés par la Haute Autorité de santé et des outils électroniques, pour aider les pharmaciens à s’approprier cette mission étendard.

L’Assurance maladie aide à informer

Cette fois, c’est au pharmacien de repérer lui-même les patients éligibles au nouveau dispositif d’accompagnement, l’Assurance maladie n’ayant prévu ni d’informer directement les patients concernés ni d’impliquer les médecins dans leur recrutement.

La population cible représente environ 3,9 millions de patients. Pour être inclus dans le dispositif, les patients doivent cumuler trois conditions :

– être âgés soit d’au moins 75 ans, soit de 65 ans et plus avec au moins une affection de longue durée (ALD) ;

– avoir au moins cinq principes actifs prescrits au moment de l’inclusion ;

– être sous traitement chronique, c’est-à-dire pour une durée consécutive d’au moins 6 mois (durée constatée avant ou après l’adhésion au dispositif).

Chaque patient doit être informé des objectifs de ce bilan : recensement de l’ensemble des médicaments prescrits par les différents médecins et d’automédication, explication si nécessaire de leur intérêt, détection d’interactions ou de mésusage, en coordination avec le médecin traitant. Pour prolonger cet échange avec le pharmacien, l’Assurance maladie a prévu un document d’information téléchargeable sur le portail Amelipro – nouveau nom de l’espace pro du site ameli.fr –, à remettre au patient. Ce document et une affiche seront en outre remis lors des visites des délégués de l’Assurance maladie, lesquelles débutent actuellement.

Un bulletin d’adhésion électronique

L’adhésion peut intervenir à l’issue du recrutement ou lors d’une entrevue ultérieure. Elle est réalisée en présence du patient sur le portail Amelipro dans l’onglet « Convention pharmaciens ». La page « Gestion des adhésions » donne accès à un formulaire en six parties. Les deux premières, « Informations du pharmacien désigné » et « Informations du patient adhérent », sont à compléter le jour de l’adhésion. Les parties « Information sur le traitement », « Analyse » et « Transmission » (au médecin traitant) seront à incrémenter au fur et à mesure de la réalisation des étapes de l’accompagnement.

La dernière rubrique « Accord de l’adhérent » permet au patient de donner son consentement pour intégrer le dispositif, impliquant dans le même temps un accord « pour que le pharmacien porte à la connaissance du médecin traitant et/ou des prescripteurs des traitements l’adhésion du patient au dispositif et prenne contact autant que de besoin avec lui ».

Le formulaire électronique peut ensuite être imprimé. Un exemplaire est ainsi remis au patient. Le pharmacien doit conserver un exemplaire électronique ou papier et doit pouvoir le mettre à disposition de l’Assurance maladie si celle-ci en fait la demande.

Le bulletin d'adhésion doit être renseigné complètement et transmis avant le 31 décembre de l'année en cours pour obtenir la rémunération prévue (soit 60 euros par patient, sous réserve d’avoir réalisé l’ensemble des étapes prévues).

Une trame pour le suivi et l’accompagnement

Comme pour les entretiens pharmaceutiques, l’Assurance maladie a prévu une trame pour réaliser les bilans partagés de médication sous forme de fiches, accompagnées d’un guide destiné aux pharmaciens. Ces outils, annexés à l’avenant 12 de la convention pharmaceutique, sont également mis à disposition des pharmaciens sur le site internet de l’Assurance maladie.

Ainsi, à chaque étape du bilan, des fiches d’information sont à compléter. Elles constituent un support d’échanges avec le patient et le médecin traitant. Elles sont disponibles sur Amelipro dans des versions qui leur permettent de les télécharger, de les renseigner de façon électronique et de les imprimer.

La première étape de recueil de données s’appuie sur quatre fiches :

– La première concerne le patient. En huit questions, elle cerne les habitudes de vie et l’état physiologique (antécédents médicaux, fonction rénale et hépatique, troubles fonctionnels) du patient… Elle est remplie à partir des réponses du patient et des résultats de ses dernières analyses biologiques.

– La deuxième s’intéresse aux traitements en cours. Elle permet de colliger l’ensemble des médicaments, prescrits ou non, et de noter d’éventuels problèmes liés à la forme galénique ou d’observance et la survenue d’effets indésirables.

– La troisième évalue, en 16 questions, la connaissance du patient vis-à-vis des ses médicaments.

– Le questionnaire d’observance de Girerd constitue la dernière fiche de cette première étape. L’adhésion médicamenteuse est appréciée à l’aide de six questions simples. Le questionnaire sera également utilisé au cours de l’entretien de suivi qui conclut le bilan de médication.

Une étape sans le patient

Deuxième étape du bilan, l’analyse pharmaceutique s’effectue en l’absence du patient. Le pharmacien compile dans une fiche les conclusions de son analyse (validation de la posologie, détection d’interactions, problèmes liés à la forme galénique, observance…) et, lorsque cela est possible, les points discutés avec le médecin traitant pour chaque traitement. Pour conclure, une dernière fiche est prévue pour établir une synthèse des actions à mener concernant l’observance, l’état du patient et les ruptures de soins ainsi que les propositions à soumettre à l’entourage. Elle sert de fiche de transmission à adresser au médecin traitant, idéalement par messagerie sécurisée, et pourra être enregistrée dans le dossier médical partagé lorsqu’il sera opérationnel.

Au cours de la troisième étape du bilan, le pharmacien mène un « entretien conseils » avec le patient. Il lui explique les points d’amélioration à envisager et les actions à mettre en place. Le guide d’accompagnement propose un modèle de plan de prise des médicaments à remettre au patient, incluant des conseils associés à chaque produit. 