« Les pharmacies ont des opportunités à saisir dans le cœur des villes » - Le Moniteur des Pharmacies n° 3214 du 03/03/2018 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3214 du 03/03/2018
 

Stratégies

Interview

Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR CHLOÉ DEVIS  

Pour Hervé Lemainque, président de la Journée nationale du commerce de proximité, les pharmaciens sont moteurs pour la revitalisation des centres-villes. Explications.

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est la Journée nationale du commerce de proximité (JNCP) et quels sont ses objectifs ?

Hervé Lemainque : Née en 2005 dans les Hauts-de-Seine, cette manifestation est devenue nationale trois ans plus tard. A l’origine, nous constatons que les commerçants savaient monter des opérations de trafic dans leur point de vente en centre-ville, mais ne travaillaient pas assez sur leurs valeurs et les bénéfices apportés à la population sur le plan environnemental, sociétal, en termes de sécurité… La JNCP vise donc à mettre en lumière les enjeux liés à l’activité des commerces de proximité, à en fédérer les acteurs et à récompenser par un label les politiques les plus volontaires et consensuelles en faveur de leur développement, matérialisé par un panneau à l’entrée d’une ville.

Quel diagnostic portez-vous aujourd’hui sur la situation de nos coeurs de ville ?

H.L. : Notre cible, ce sont les centre-villes des villes moyennes et les centre-bourgs. Or le déficit commercial est parfois très marqué dans certains d’entre eux, voire catastrophique en ce qui concerne les communes de quelques dizaines de milliers d’habitants. Celles-ci sont en effet souvent proches d’agglomérations urbaines importantes, avec des pôles commerciaux qui ont tendance à appauvrir le territoire autour d’eux. Heureusement, le plan « Action cœur de ville » qui vient d’être lancé va dans le sens de notre démarche en faisant des villes moyennes une priorité nationale. Par ailleurs, je crois beaucoup au rôle des communautés de communes, dont dépendent nombre des 480 villes labellisées JNCP depuis sa création. Pour moi, les nouvelles délégations en matière de développement économique représentent une chance de mieux gérer l’équilibre des forces en présence entre centres commerciaux et commerces indépendants.

Les pharmacies prennent-elles part à cet effort de redynamisation ?

H.L. : Les pharmaciens assument aujourd’hui leur statut de commerçants à part entière. Je constate qu’ils s’intègrent parfaitement dans la vie économique locale, rejoignent les unions commerciales, entrent dans les bureaux de ces associations. Les officines font bel et bien partie des commerces dont la présence est la plus souhaitée et la plus nécessaire dans les coeurs de ville. C’est une profession qui doit rester proche de sa clientèle géographiquement : quand une personne est fatiguée ou malade, elle n’a pas envie de faire des kilomètres en voiture pour aller chercher ses médicaments.

Comment pouvez-vous convaincre les officines de rester dans les cœurs des villes ?

H.L. : Nombre de pharmacies se sont installées dans les galeries commerciales depuis une vingtaine d’années. Cependant, on assiste à une désaffection croissante de ces dernières notamment liée à des charges très importantes. Parallèlement se fait jour une volonté de consommer moins mais mieux. Or cette évolution joue résolument en faveur d’une relocalisation. Les pharmacies, notamment, ont un rôle décisif à jouer dans ce mouvement qui comporte des enjeux de santé publique et de qualité de vie. A l’heure du repli de l’ordonnance, elles ont là des opportunités à saisir dans le développement de leur activité vers des aspects comme la recherche de produits sains et bios, la prévention et le bien-être. Cette carte peut être jouée sur le point de vente à travers l’offre et les services proposés mais aussi au dehors, en s’investissant dans des animations sur ces thèmes, sans outrepasser les règles qui s’imposent à elles en matière de communication.

Comment voyez-vous se dessiner l’avenir des coeurs de ville ?

H.L. : La capacité des différents acteurs, municipalités, commerçants mais aussi organismes consulaires, à travailler ensemble est déterminante pour bâtir une dynamique de revitalisation sur le long terme. Ce critère est primordial pour le jury de la JNCP : nous regardons non seulement qui a travaillé, mais aussi comment, et avec quels résultats. Notons à ce propos que l’événement génère plus de 500 articles dans la presse locale, ce qui intéresse beaucoup les commerçants. Un autre paramètre est également décisif : la société civile. Celle-ci, pendant de nombreuses années, n’a pas suffisamment été sollicitée : les distributeurs avaient le pouvoir sur les clients. Or aujourd’hui, ces derniers s’informent avant d’acheter. C’est aussi le cas en officine. Via la JNCP, nous nous tournons donc vers ces consommateurs plus mûrs pour leur rappeler que c’est en faisant travailler les commerçants de proximité qu’ils leur éviteront de disparaître.

Hervé Lemainque, pré ́ sident JNCP, mise sur les pharmacies pour dynamiser les centres-villes.

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