Une pharmacienne relève le défi des zones sensibles - Le Moniteur des Pharmacies n° 3213 du 24/02/2018 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3213 du 24/02/2018
 
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Auteur(s) : FRANÇOIS POUZAUD 

Modeline Safeno est arrivée dans un quartier difficile vidé de ses commerces de proximité. Alors que beaucoup d’acquéreurs se détournent des officines des quartiers dits « sensibles », elle a eu le coup de foudre pour cette pharmacie en panne de repreneur. Récit et trajectoire professionnelle à rebours des préjugés.

La croix verte de la pharmacie de Montconseil, située à Corbeil-Essonnes (Essonne) scintille à nouveau. Après sa fermeture, les habitants de ce quartier difficile et déshérité ont accueilli Modeline Safeno comme le messie. Elle a racheté à la barre du tribunal de commerce l’officine de Pierre et Christiane Tellier placée en redressement judiciaire. Ce couple était installé depuis 1990 dans le centre commercial de ce quartier marqué par une délinquance endémique.

Menaces, agressions, injures, actes de vandalisme, braquages étaient le quotidien de ces deux anciens gérants qui ont déposé plus de 25 plaintes en 10 ans et basculé dans le désespoir. La fermeture de leur officine, sans être parvenu à trouver un successeur, reflète cet état d’usure.

Si ces conditions sont un frein à l’installation, Modeline Safeno en a fait abstraction lors de ses recherches en deuxième installation. « J’étais précédemment titulaire d’une pharmacie à Saint Maurice dans le Val de Marne, et habitant à Villebon-sur-Yvette dans l’Essonne, je souhaitais me rapprocher de mon domicile », raconte-t-elle.

Mais cette pharmacienne n’a pas repris cette officine uniquement par commodité. « En vente en agence, je l’ai visitée alors qu’elle était encore ouverte, elle m’a plu tout de suite car il y a de l’espace, 120 m², dans cette pharmacie, on respire et on ne se bouscule pas. ». Trois mois plus tard, elle décide de faire une offre… Trop tard, les vendeurs ont fermé ! C’est en épluchant le Bodacc* qu’elle retrouve la trace de cette pharmacie mise en vente par adjudication judiciaire. « J’ai pris un avocat et j’ai acheté cette affaire d’environ 1 million d’euros entre 30 % et 40 % de son chiffre d’affaires », indique-t-elle, sans trop rentrer dans les détails de cette acquisition achetée sur fonds propres. « Le seul emprunt porte sur le stock. »

L’indulgence des clients

En effet, Modeline Safeno a racheté une pharmacie avec des étagères totalement vides. « J’ai ouvert mi-décembre et je me suis approvisionnée rapidement en médicaments au vu des ordonnances que je servais, cela n’a pas été évident car je découvrais les traitements de mes patients mais aujourd’hui, j’ai un stock qui répond à leurs besoins. » En revanche, les étagères en parapharmacie sont encore dégarnies. « L’offre est un peu pauvre et j’ai demandé l’indulgence des clients », concède cette pharmacienne qui attend avec impatience la visite des laboratoires.

Depuis qu’elle est en place, l’intégration est plutôt réussie pour cette pharmacienne malgache, de nature accueillante, toujours avec le sourire aux lèvres, et qui a su d’emblée adopter une posture bienveillante avec ses patients. Elle a reçu de nombreux cadeaux de sa clientèle pour la nouvelle année. Et n’a été à ce jour victime d’aucune menace, agression ou dégradation sur sa pharmacie. « Pendant 9 mois, la population a été privée d’officine, j’ai appris que les habitants du quartier avaient signé une pétition pour sa réouverture », indique-t-elle. Sa pharmacie est devenue le nouveau point de ralliement du centre commercial qui a vu une grande partie de ses commerces fermer les uns après les autres.

Pour faire revenir la clientèle habituelle du quartier, où se côtoient une forte population maghrébine et des personnes âgées, Modeline Safeno travaille seule (pour le moment) et sans relâche, de 9 heures à 20 heures, du lundi au samedi. « Je reçois une cinquantaine de clients par jour et la fréquentation augmente régulièrement ». Son objectif ? Retrouver le chiffre d’affaires de ses prédécesseurs en 18 mois. Et pour réussir, il n’y a pas de recette miracle. « Il est indispensable de bien connaître sa patientèle, explique-t-elle. J’ai beaucoup de jeunes mamans et de diabétiques dans ma clientèle, je compte développer les rayons bébés, phyto et homéopathie, diététique et dès que je le pourrai, réaliser des entretiens pharmaceutiques comme dans ma précédente officine. »

* Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales.

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