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Enjeux
Auteur(s) : PAR FRANÇOIS POUZAUD
L’intervention de Muriel Dahan, directrice des recommandations et du médicament à l’Institut national du cancer (INCa), sur les enjeux de la chimiothérapie orale et l’amélioration de la prise en charge des patients par le pharmacien d’officine, en ouverture des 10e Rencontres de l’USPO, le 31 janvier dernier avait tout l’air d’une perche tendue à l’un des invités, Nicolas Revel, directeur général de la CNAMTS.
Pour Gilles Bonnefond, président de l’USPO, la profession ne doit pas rater le virage de l’ambulatoire : « Toute une série de médicaments arrive sous forme orale, plus confortable pour les patients. Mais pour qu’il n’y ait pas de perte de chances en termes d’efficacité, il faut mettre en place un suivi, des protocoles, une coordination étroite et structurée entre l’hôpital et la ville et une organisation au préalable entre l’officine, l’environnement médical et paramédical du patient. Dans ce dispositif, le pharmacien devra avoir les bons réflexes en présence de signaux d’alerte, remonter les informations au médecin prescripteur et à l’infirmière face à des effets indésirables ou si le patient adapte ou interrompt son traitement de sa propre initiative ».
« Il est important que le titulaire d’une officine identifie les pharmaciens hospitaliers de proximité afin d’établir des relations fluides, et de pouvoir aller très vite quand un patient sort de l’hôpital et lui est adressé. Il faut tout faire pour que la collaboration soit étroite, ce qui est facile aujourd’hui avec les messageries sécurisées », précise Muriel Dahan.
Le lien ville-hôpital et l’interprofessionnalité sont aussi les deux axes que défend Philippe Gaertner, président de la FSPF. « Le patient doit être pris en charge par la pharmacie où il a l’habitude d’aller, tout titulaire doit être en capacité d’accompagner des patients sous chimiothérapie orale », estime-t-il.
Muriel Dahan souligne que si la chimiothérapie orale a des avantages pour le patient, elle présente aussi des risques potentiels : isolement et banalisation de la maladie, effets indésirables, risque de mauvaise adhésion au traitement. « Le patient a besoin du soutien du pharmacien dans la compréhension de son traitement et d’un accompagnement pour prendre de façon régulière ses médicaments. En dessous d’un seuil de 80 % d’observance, l’efficacité du médicament est compromise », explique-t-elle.
Face à l’escalade des prix de ces médicaments très onéreux, l’enjeu de l’observance est également financier. En ville, les médicaments anticancéreux coûteux sont essentiellement constitués par les thérapies ciblées orales* et certains médicaments d’hormonothérapie dispensés en officine (nouvelles hormonothérapies du cancer de la prostate) et à la marge par certains médicaments rétrocédés. Très peu de chimiothérapies conventionnelles sont dispensées en officine.
Les remboursements de thérapies ciblées en officine ont représenté 753 millions d’euros en 2014 (+ 11,9 % par rapport à 2013), soit 51,5 % des dépenses remboursées pour tous les anticancéreux disponibles.
Assurer une bonne dispensation d’anticancéreux par voie orale et optimiser leur coût impliquent donc que le pharmacien connaisse les médicaments en question. « Le pharmacien doit avoir une formation de base pour comprendre les modes d’action des nouvelles thérapies ciblées orales et connaître leurs effets secondaires afin de prendre en charge précocement d’éventuels événements indésirables et minimiser les risques de non-observance du traitement », insiste Muriel Dahan. Les outils de l’INCa sont à sa disposition : référentiels nationaux de pratique clinique, recommandations en ligne sur les effets secondaires par classe thérapeutique, fiches « effets indésirables », fiches de bon usage des médicaments, guides Cancer Info pour les patients et leurs proches…
Pour concrétiser cette nouvelle mission, il faudra donc que tous les ingrédients soient présents : mise à disposition en ville de tous ces nouveaux traitements, rédaction d’un protocole global et général pour la prise en charge d’une chimiothérapie orale à domicile validé par la Haute Autorité de santé, mise en place de formations e-learning pour la réactualisation des connaissances du pharmacien, intégrées dans le cadre du développement professionnel continu (DPC) et d’outils permettant le dialogue avec les PUI et la coordination des soins : messageries sécurisées, dossier médical partagé (DMP)… « Il faut également faire évoluer la formation initiale », souhaite Philippe Gaertner.
S’agissant de la rémunération conventionnelle, il est prématuré d’en définir les contours. Gilles Bonnefond est favorable à une rémunération ressemblant, sur le principe, à celle des bilans de médication. « La valorisation doit être à la hdiv de l’investissement des pharmaciens, il faudra avoir une réflexion sur la durée de suivi des patients et celle du protocole de soins, évaluer l’enjeu financier pour l’assurance maladie », précise le président de l’USPO, ajoutant que les données collectées en vie réelle sur ces nouveaux médicaments peuvent aussi être une source de rémunération complémentaire pour le pharmacien. Philippe Gaertner considère lui que cette nouvelle mission doit relever d’une rémunération spécifique, sur le mode des entretiens pharmaceutiques AVK, AOD et asthme. En tout cas, les deux syndicats souhaitent ouvrir les discussions au plus vite avec l’Assurance maladie, en mars ou avril.
UN PROTOCOLE D’ACCUEIL DU PATIENT MIS AU POINT EN ESSONNE
À RETENIR
CHIFFRES CLÉS ET ENJEUX ÉCONOMIQUES DE LA CHIMIOTHÉRAPIE
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