Dans le carcinome basocellulaire - Le Moniteur des Pharmacies n° 3211 du 10/02/2018 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3211 du 10/02/2018
 
ODOMZO

Expertise

Nouvelles molécules

Auteur(s) : ANNE DROUADAINE 

Alternative à Erivedge, Odomzo est un traitement de première intention du carcinome basocellulaire présentant une toxicité musculaire marquée. Comme l’isotrétinoïne ou le vismodégib, sa prescription doit être associée à un plan de prévention de la grossesse avec un formulaire d’accord de soins.

INDICATION

Odomzo est indiqué chez l’adulte dans le traitement du carcinome basocellulaire localement avancé et qui ne relève pas d’une chirurgie curative ou d’une radiothérapie.

POSOLOGIE

La dose recommandée est de 200 mg de sonidégib une fois par jour. Les gélules doivent être avalées entières et prises à la même heure chaque jour, au moins 2 heures après un repas et au moins 1 heure avant le repas suivant afin de prévenir l’augmentation du risque d’effets indésirables causée par une exposition plus élevée au sonidégib lorsqu’il est administré avec un repas.

En cas d’élévation symptomatique de la créatine phosphokinase et d’événements indésirables d’ordre musculaire (myalgies, myopathie et/ou spasmes), une réduction de la posologie voire une interruption temporaire d’Odomzo est possible.

CONTRE-INDICATIONS

Hypersensibilité au sonidégib ou à un excipient (présence de lactose contre-indiquant Odomzo chez les patients présentant une intolérance au galactose, un déficit en lactase de Lapp ou un syndrome de malabsorption du glucose et du galactose).

Grossesse et allaitement.

Les femmes en âge d’avoir des enfants ne respectant pas le programme de prévention de la grossesse.

GROSSESSE ET ALLAITEMENT

La grossesse est contre-indiquée en raison du risque de mort embryo-fœtale ou d’anomalies congénitales sévères causées par sonidégib.

L’allaitement est contre-indiqué pendant le traitement par Odomzo et les 20 mois suivant la fin du traitement en raison du risque d’effets indésirables graves (anomalies sévères du développement) chez les nourrissons allaités.

Les femmes en âge de procréer doivent être capables de se conformer à des mesures de contraception efficaces. Deux méthodes sont recommandées : une méthode hautement efficace (stérilisation tubaire, vasectomie, dispositif intra-utérin) et une méthode barrière (préservatif masculin ou diaphragme, tous deux avec spermicide si possible) pendant toute la durée du traitement et les 20 mois suivant la dernière dose. En cas de règles irrégulières ou absentes, toutes ces recommandations doivent impérativement être suivies.

Les hommes traités par Odomzo ne doivent pas concevoir d’enfant ou faire don de leur sperme au cours du traitement par Odomzo et au moins 6 mois après l’arrêt du traitement. En cas de partenaires enceintes, les hommes doivent utiliser un préservatif pendant le traitement et les 6 mois suivant la dernière prise.

EFFETS INDÉSIRABLES

Les effets indésirables les plus fréquents, survenus chez au moins 10 % des patients ont été les suivants : des troubles musculaires (spasmes musculaires, douleurs musculo-squelettiques, myalgies), des troubles gastro-intestinaux (nausées, vomissements, diarrhées, perte de poids, diminution de l’appétit, douleurs abdominales), alopécie, dysgueusie, fatigue, maux de tête, douleur et prurit.

Des anomalies biologiques sont aussi très fréquentes : diminution de l’hémoglobine et du nombre de lymphocytes, augmentation de la créatinine sérique, de la créatine phosphokinase sérique, de la glycémie, de la lipase, des transaminases et de l’amylase.

INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

L’administration concomitante d’inhibiteurs ou d’inducteurs puissants du CYP3A4 peut augmenter ou diminuer les concentrations de sonidégib de manière significative.

Si l’utilisation d’inhibiteurs puissants (ritonavir, kétoconazole…) est nécessaire, la posologie de sonidégib doit être diminuée à 200 mg tous les 2 jours.

L’utilisation d’inducteurs puissants (carbamazépine, rifampicine, millepertuis…) doit être évitée. Sinon, une augmentation de la dose de sonidégib à 400-800 mg doit être envisagée.

Le sonidégib étant inhibiteur du CYP2B6 et du CYP2C9 in vitro et inhibiteur de la protéine BCRP, les patients utilisant des substrats de ces enzymes et transporteurs doivent faire l’objet d’une surveillance attentive. Les substrats à marge thérapeutique étroite (enzymes CYP2B6, 2C9 : warfarine, acénocoumarol, efavirenz, méthadone ; protéine de transport BCRP : méthotrexate, mitoxantrone, irinotécan, topotécan) doivent être évités.

SURVEILLANCE

La prescription nécessite la signature d’un accord de soins.

Pour les femmes susceptibles de procréer, la prescription est limitée à 1 mois de traitement. Un test de grossesse doit être réalisé dans les 7 jours précédant l’initiation, puis chaque mois. La prescription et la délivrance doivent avoir lieu dans les 7 jours qui suivent un test de grossesse négatif.

Le taux de CPK est contrôlé avant le début du traitement puis en cas de symptômes musculaires. En cas d’élévation importante, la fonction rénale doit être évaluée.

Une surveillance dermatologique (recherche de carcinome épidermoïde cutané) est recommandée. 

DITES-LE AU PATIENT

- Une surveillance accrue est recommandée en cas de traitement concomitant par médicaments connus pour accroître le risque de toxicité musculaire (inhibiteurs du CYP3A4, chloroquine, hydroxychloroquine, fibrates, statines…).
- En cas de vomissements, aucune nouvelle prise n’est autorisée avant la prochaine dose prévue.
- En cas d’oubli, la dose omise doit être prise le plus rapidement possible dans les six heures suivant l’oubli. Au delà, le patient doit attendre et prendre la prochaine dose prévue.
- Le don de sang est contre-indiqué pendant le traitement et au moins 20 mois après son arrêt.

LE CARCINOME BASOCELLULAIRE

Les carcinomes basocellulaires, dont l’incidence en France est comprise entre 45 000 et 85 000 cas par an, sont généralement diagnostiqués à partir de 50 ans. Ils touchent aussi bien les hommes que les femmes mais davantage les sujets à peau, yeux et cheveux clairs. La principale cause des cancers cutanés est l’exposition solaire répétée, notamment dans les 20 premières années de vie.

Qu’est-ce que c’est ?
Les carcinomes, qui se développent à partir des kératinocytes, représentent 90% des cancers de la peau. Les kératinocytes constituent l’un des 4 types de cellules de l’épiderme, couche superficielle de la peau. En fonction de l’origine des cellules atteintes, on distingue les carcinomes basocellulaires (cellules basales au niveau de la couche la plus profonde de l’épiderme), les carcinomes spinocellulaires ou épidermoïdes (cellules squameuses à la surface de l’épiderme) et les carcinomes annexiels (glandes sébacées, glandes sudoripares et follicules pileux). Parmi eux, le carcinome basocellulaire est le plus fréquent et dans 90 % des cas, l’activation de la voie Hedgehog est à l’origine de la prolifération cellulaire.

Comment se manifeste-t-il ?
Généralement sous la forme d’un bouton rouge ou rosé avec une bordure surélevée. Les carcinomes basocellulaires sont le plus souvent situés au niveau du visage (nez, paupières, lèvres, joues, front, tempes), du cuir chevelu et du cou. Le carcinome basocellulaire n’évolue que très rarement sous forme de métastases : sa malignité est locale. Les formes multiples ou localement avancées sont en revanche beaucoup plus fréquentes.

FICHE TECHNIQUE

Sonidégib, gélule contenant une poudre blanche à presque blanche avec des granulés, remb. SS à 100 %
200 mg, boîte de 30 gélules, 4663,13 €, AMM : 34009 300 307 2 1
Sun Pharmaceuticals : 01 39 62 10 24
Commande chez CSP
Les prix sont mentionnés hors honoraires de dispensation.

L’AVIS DE LA HAS


• Service médical rendu important

• Amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV)

• Population cible estimée à un maximum de 390 à 720 nouveaux patients par an

DÉLIVRANCE


• Liste I.

•  Prescription hospitalière

• Prescription initiale et renouvellement réservés aux spécialistes en oncologie ou aux médecins compétents en cancérologie

• Médicament nécessitant une surveillance particulière pendant le traitement

PHARMACOLOGIE


1 COMMENT AGIT LE MÉDICAMENT ?

Le sonidégib inhibe la voie de signalisation intracellulaire Hedgehog (Hh) par antagonisme du récepteur transmembranaire Smoothened (SMO = Signal Transducer Smoothened) qui lui est couplé.
La voie Hh participe à la régulation physiologique de la différenciation cellulaire, notamment au niveau fœtal. Sa dérégulation induit le développement de divers types de tumeurs, notamment après mutation de certains récepteurs impliqués dans cette signalisation.
Ainsi, l’activation de cette voie s’observe dans plus de 90 % des cas de carcinome basocellulaire (CBC), où elle participe à l’apparition de la tumeur, à son développement et à sa dissémination métastatique.


2 SON ACTION EST-ELLE ORIGINALE ?

L’action du sonidégib est analogue à celle du vismodégib (Erivedge) : ces deux médicaments sont indiqués dans le traitement du CBC localement avancé (CBCla) ne relevant pas d’une chirurgie curative ou d’une radiothérapie. Le vismodégib est, lui, indiqué de plus dans le carcinome basocellulaire métastatique (CBCm).


3 QUEL EST LE VERDICT DES ÉTUDES CLINIQUES ?

Le dossier de Transparence d’Odomzo repose sur une étude de phase II (étude BOLT) ayant évalué deux posologies de sonidégib chez 230 patients (79 à 200 mg/j ; 151 à 800 mg/j) atteints d’un CBCla ou d’un CBCm, une majorité d’entre eux ayant déjà fait l’objet d’autres traitements.
À l’issu d’un suivi de 26,3 mois, le taux de réponse objective a été de 56,1 % dans le groupe CBCla mais de 7 % seulement dans le groupe CBCm, pour lequel ce traitement ne s’est donc pas révélé efficace.
Il n’y a pas de comparaison de l’efficacité du sonidégib versus vismodégib.
Odomzo constitue donc une éventuelle alternative à Erivedge dans le CBCla ne relevant pas d’une chirurgie curative ou d’une radiothérapie.
Denis Richard

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