Contre les nausées et vomissements chimio-induits - Le Moniteur des Pharmacies n° 3210 du 03/02/2018 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3210 du 03/02/2018
 
VARUBY

Expertise

Nouvelle molécule

Varuby (rolapitant 90 mg par comprimé) est le troisième représentant des antagonistes des récepteurs NK1 à être commercialisé en France, après l’aprépitant (Emend) qui connaît actuellement des tensions d’approvisionnement, et le nétupitant, présent en association dans Akynzeo lancé fin 2017. Varuby est réservé à la prévention des nausées et vomissements retardés.

INDICATIONS

Varuby est indiqué pour prévenir les nausées et vomissements retardés associés à une chimiothérapie anticancéreuse hautement et modérément émétisante. Ce médicament réservé à l’adulte n’est pas indiqué en prévention des nausées et vomissements aigus.

Varuby doit être administré dans le cadre d’un schéma thérapeutique comportant de la dexaméthasone et un antagoniste des récepteurs 5-HT3 (sétrons).

POSOLOGIE

Deux comprimés (180 mg) à prendre dans les deux heures qui précèdent le début de chaque cycle de chimiothérapie, en respectant des intervalles d’au moins 2 semaines entre chaque prise. Les comprimés sont à avaler avec de l’eau, avec ou sans nourriture.

Aucune adaptation posologique n’est requise chez les patients âgés mais la prudence est recommandée après 75 ans, ainsi que chez les patients atteints d’insuffisance rénale ou hépatique sévère.

CONTRE-INDICATIONS

Varuby est contre-indiqué en cas d’hypersensibilité au rolapitant ou à l’un des excipients. En raison de la présence de lactose, les patients atteints d’intolérance au galactose, de déficit en lactase de Lapp ou de syndrome de malabsorption du glucose-galactose ne doivent pas prendre Varuby.

GROSSESSE ET ALLAITEMENT

Varuby ne doit pas être utilisé pendant la grossesse, sauf si nécessité absolue.

L’allaitement est déconseillé pendant tout le traitement.

EFFETS INDÉSIRABLES

Les effets indésirables les plus fréquents sont de la fatigue, des céphalées ou une constipation.

INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

La prise de millepertuis avec le rolapitant est contre-indiquée.

L’association à un autre antagoniste des récepteurs NK1 est déconseillée.

Varuby est déconseillé chez les patients qui prennent des inducteurs enzymatiques puissants (rifampicine, carbamazépine, phénytoïne… ) ou modérés (éfavirenz, rifabutine…) de manière chronique.

Prudence en cas d’association à un médicament métabolisé par le CYP2D6 ayant une marge thérapeutique étroite : tamoxifène, pimozide, métoprolol… Idem en cas d’utilisation concomitante avec des substrats de la glycoproteine P (P-gp) : digoxine, dabigatran, colchicine… Une surveillance clinique et biologique sera nécessaire.

La rosuvastatine devra être utilisée à la dose efficace la plus faible. 

FICHE TECHNIQUE

Rolapitant 90 mg pour un comprimé pelliculé bleu.
Boîte de 2 comprimés, 59,95 €, remb. SS à 100 %, AMM : 34009 300 909 1 6.
CSP : 01 76 72 89 15
Les prix sont mentionnés hors honoraires de dispensation.

L’AVIS DE LA HAS


• Service médical rendu faible

• Pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V)

• Population cible comprise entre 200 000 et 234 000 patients par an

Delphine Guilloux

DÉLIVRANCE


• Liste I

• Médicament d’exception

DITES-LE AU PATIENT

Des sensations vertigineuses et une fatigue peuvent survenir après la prise de Varuby. Dans ce cas, éviter de conduire ou d’utiliser une machine.

NAUSÉES ET VOMISSEMENTS CHIMIO-INDUITS

Les nausées et vomissements chimio-induits (NVCI) sont plus ou moins fréquents selon les molécules utilisées. Leur survenue dépend également de facteurs de risque individuels et ils sont plus fréquents chez les femmes, chez les sujets de moins de 55 ans, chez les sujets anxieux, ou en cas d’antécédents de nausées gravidiques et de mal des transports. Les NVCI ont un impact à la fois sur la qualité de vie et sur la poursuite du traitement. Ils peuvent en effet être responsables de troubles hydroélectrolytiques graves.

A quoi sont-ils dus ?
Les NVCI sont dus à l’action sur les centres cérébraux et bulbaires de neuromédiateurs (5-HT3, dopamine, substance P) libérés par la chimiothérapie. Les différents neuromédiateurs agissent à la fois au niveau digestif (effet immédiat, notamment via le 5-HT3) et au niveau central (effet retardé avec essentiellement la substance P). Les chimiothérapies anticancéreuses sont classées en fonction de leur potentiel émétisant en l’absence de prévention : risque élevé avec 90 % de vomissements (cisplatine, dacarbazine, cyclophosphamide…), modéré avec 30 à 90 % de vomissements (anthracyclines, cyclophosphamide à forte dose, irinotécan, oxaliplatine…), faible avec 10 à 30 % de vomissements (gemcitabine, paclitaxel, docétaxel, tamoxifène, 5-fluoro-uracile, étoposide, topotécan…) et minime avec moins de 10 % de vomissements (bléomycine, vinblastine, vincristine, vindésine, vinorelbine…).

Quelles sont les différentes formes de nausées et vomissements chimio-induits ?
Les NVCI sont classés en trois catégories : les NVCI aigus qui surviennent dans les heures qui suivent l’administration de la chimiothérapie et cèdent en 24 heures, les NVCI retardés qui surviennent entre la 24e heure de la chimiothérapie et 5 à 7 jours après le début de la chimiothérapie, et les NVCI anticipés qui surviennent avant la chimiothérapie par un mécanisme de conditionnement réflexe.


PHARMACOLOGIE


1 COMMENT AGIT LE MÉDICAMENT ?

Le rolapitant est un antagoniste hautement sélectif à affinité élevée pour les récepteurs de la neurokinine-1 (NK1) dont le ligand physiologique est la substance P. Il est dépourvu d’affinité pour les récepteurs à la sérotonine (5-HT3), à la dopamine ou aux corticostéroïdes.


2 SON ACTION EST-ELLE ORIGINALE ?

Non : le rolapitant est un analogue de l’aprépitant (Emend) et du nétupitant (dans Akynzeo), tous deux déjà commercialisés comme anti-émétique.
Il bénéficie cependant d’une originalité cinétique : une demi-vie très prolongée (environ une semaine). Ceci est cohérent avec une administration en prise unique 2 heures avant le début de chaque cycle de chimiothérapie.

3 QUEL EST LE VERDICT DES ÉTUDES CLINIQUES ?

L’évaluation du rolapitant en prévention des nausées et vomissements retardés chimio-induits a été réalisée à la dose unique de 180 mg à J1 du cycle de chimiothérapie, en association avec un sétron et de la dexaméthasone. Elle repose sur trois études de phase III randomisées, en double aveugle, vs placebo :
Deux études conduites globalement sur 1 070 patients traités par une chimiothérapie hautement émétisante à base de cisplatine montrent, en phase retardée, une différence en faveur du rolapitant de 14,3 % dans l’une et de 8,2 % dans l’autre.
La supériorité du rolapitant associé au granisétron et à la dexaméthasone vs placebo associé aux deux mêmes médicaments est démontrée chez 1 332 patients traités par une chimiothérapie modérément émétisante ou par une chimiothérapie à base d’anthracycline et de cyclophosphamide, en termes de proportion de sujets présentant une réponse complète durant la phase retardée, avec une différence de 9,7 % en faveur du rolapitant.
La quantité d’effet vs placebo demeure modeste. De plus, les études fournies à la Haute Autorité de santé (HAS) ne permettent pas de situer l’intérêt du rolapitant par rapport à une trithérapie de référence incluant, outre un sétron et la dexaméthasone, un autre antagoniste NK1 déjà commercialisé. Enfin, l’incertitude sur l’efficacité du rolapitant en prévention des nausées et vomissements durant la phase aiguë (0-24 h après la chimiothérapie) explique que son indication soit restreinte à la prévention des troubles émétiques retardés uniquement. Pour la HAS, ces données ne permettent pas d’exclure une moindre efficacité du rolapitant par rapport à la stratégie de référence.
Denis Richard

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