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Enjeux
Auteur(s) : PAR FRANÇOIS POUZAUD
Le 15 janvier dernier, les deux chambres patronales (FSPF et USPO) et quatre syndicats de salariés (FO, CFDT, UNSA, CFTC) sont parvenus à un accord pour débloquer la valeur du point conventionnel de salaire, qui était gelée depuis pratiquement deux ans. Sa revalorisation de 1,6 %* est le résultat d’une négociation difficile où chaque signataire a dû faire des concessions. « Nous avions demandé une revalorisation de 2,6 % afin de rattraper l’année blanche de 2017 et compenser l’inflation, nous sommes donc moyennement satisfaits », rapporte Olivier Clarhaut, secrétaire fédéral de FO-Pharmacie.
« Le coût de la vie continue à augmenter, nous ne pouvions pas laisser le personnel des officines au bord du chemin, par ailleurs l’attractivité du métier pourrait être remise en cause si la grille salariale n’est pas réajustée », indique Philippe Gaertner, président du syndicat patronal FSPF. Et de souligner l’importance de l’effort consenti par la branche patronale pour parvenir à un point d’équilibre entre les attentes des salariés et les contraintes économiques des pharmacies. Et incontestablement, certains titulaires n’auront d’autre choix que de se serrer la ceinture car, lorsque l’activité stagne et que les charges augmentent, la seule variable d’ajustement possible est… leur propre rémunération. Une rémunération du titulaire qui s’est encore délitée l’an dernier, sous l’effet des baisses de prix, à en juger par la dégradation de la marge sur le médicament remboursable estimée à 141 millions d’euros par la FSPF à fin novembre 2017.
« C’est un dilemme, reconnaît Philippe Gaertner, les entreprises officinales qui sont au minima conventionnel sont souvent celles qui sont en difficulté et dont l’activité principale est autour du médicament. Et ce sont aussi celles qui vont devoir également le plus évoluer au niveau du métier. »
Cette transformation du métier, Gilles Bonnefond, président du syndicat USPO, n’entend pas la rater. « Il était légitime de trouver un accord, il faut voir aussi dans cette revalorisation du point une forme de reconnaissance de l’implication des équipes officinales dans ce qui va être demandé au pharmacien au travers de la nouvelle convention pharmaceutique. Cela tient compte également d’une prise en charge des patients qui sera de plus en plus compliquée. »
Les portes d’entrée sur de nouvelles missions de suivi des patients vont, selon lui, se multiplier dans l’avenir et il est évident que les adjoints et préparateurs seront un relais extrêmement important pour les mettre en place dans l’officine. Même si les entretiens pharmaceutiques et les bilans de médication ne peuvent être réalisés que par les titulaires et leurs adjoints, « les préparateurs représentent la cheville ouvrière active dans le recrutement des patients, ces nouvelles missions relèvent d’un véritable travail d’équipe », souligne Philippe Gaertner.
Fidèle à sa vision d’une officine entrepreneuriale et responsable, l’UNPF doute qu’une négociation conventionnelle sur les salaires suffise, à elle seule, à motiver les équipes sur les défis à relever. « Les équipes compétentes doivent être valorisées à la hdiv de leurs talents mais cela doit relever plus de la liberté de gestion du titulaire en fonction de son appétence à développer de nouvelles missions et des capacités de son entreprise », estime Eric Myon, secrétaire général du syndicat.
De son côté, Olivier Clarhaut ne s’attend pas non plus à un sursaut d’engagement des salariés suite à cet accord sur les salaires. « Sur beaucoup de thèmes abordés en commission paritaire, les syndicats patronaux se contentent de nous donner le minimum, leur politique reste frileuse et réservée. De plus, la zizanie de ces deux syndicats sur la nouvelle rémunération de l’officine dessert les salariés », confie-t-il.
Le désaccord reste en effet entier entre les deux syndicats quant à la capacité de l’avenant conventionnel n° 11 relatif à la rémunération du réseau à stabiliser l’économie de l’officine en 2018. Philippe Gaertner maintient qu’il manque 100 M€ sur la partie de la rémunération réglementée pour arriver à l’équilibre. A l’inverse, Gilles Bonnefond assure que l’augmentation du point de 2018 sera financée par la revalorisation de la marge à hdiv de 70 M€ et par les 26,3 M€ provenant des nouvelles missions, de la meilleure indemnisation du coût du tiers-payant et de la revalorisation des gardes. A condition de faire le « plein » sur les nouveaux entretiens pharmaceutiques (anticoagulants oraux, asthme) et les bilans de médication qui comptent pour 22,1 M€. « Il faudra aller les chercher ces millions ! », invite Denis Millet, président de la commission économie de la FSPF. Cela suffira-t-il ? Philippe Denry, président de la commission relations sociales et formation professionnelle de la FSPF annonce que « la hausse de 1,6 % du point correspond à 68 millions d’euros chargés pour l’ensemble du réseau ». Par ailleurs, la FSPF chiffre à 103 M€ l’impact des baisses de prix publiées jusqu’ici et applicables en 2018 sur les ressources de l’officine, dont 70 millions rien qu’avec les deux vagues de baisses de prix des 2 et 5 janvier derniers. « La pharmacie démarre donc l’année 2018 avec un déficit de rémunération de près de 75 millions d’euros », conclut Denis Millet.
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