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Temps Forts
Enquête
Auteur(s) : MYRIEM LAHIDELY
Un égal accès aux soins, partout en France.» C’est ce que promet Agnès Buzyn. Le 13 octobre, la ministre de la Santé annonçait ses solutions pour lutter contre les déserts médicaux : développer la télémédecine, encourager les nouvelles collaborations ville-hôpital, ou encore les « pratiques avancées » qui permettent à des professionnels de santé de prendre en charge des actes habituellement réservés aux médecins, et les consultations avancées de spécialistes hospitaliers dans les maisons de santé. La ministre a aussi acté le principe de doubler le nombre de maisons pluriprofessionnelles de santé (MPS) sur tout le territoire, d’ici à 2022. « Les initiatives locales et les organisations innovantes vont être facilitées, notamment par des mesures de simplification administrative et réglementaire », a-t-elle précisé.
Depuis dix ans, les initiatives de l’Etat, de l’Assurance maladie et des collectivités locales pour favoriser l’accès aux soins dans des zones sous dotées ont été nombreuses, elles aussi. Mais les différentes mesures incitatives, à l’intention des jeunes médecins par exemple, ne permettent pas toujours aux projets de réussir. En milieu rural en particulier où des MPS ne parviennent pas à attirer les médecins prescripteurs. « Dans beaucoup de villages de France, ne reste plus que le pharmacien », rappelle Jean-Baptiste Chemille, président du syndicat des pharmaciens de la Dordogne (FSPF). « Centraliser l’offre de soins simplifie son accessibilité, toutefois le fondement d’une maison de santé n’est pas qu’un regroupement de professionnels, prévient Antoine Prioux, vice-président de la FNAMPoS. Cela nécessite une dynamique d’équipe qui travaille en coordination, autour du patient, et communique grâce aux outils d’information actuels. »
La Dordogne, par exemple - 348 médecins généralistes et 210 pharmaciens titulaires pour 163 officines. Ce troisième plus grand département de métropole en superficie, compte aujourd’hui 15 MPS en fonctionnement, et 3 en cours*. Selon la FNAMPoS, deux des MPS existantes n’ont pas ou plus de médecin généraliste. A Saint-Agnan d’Hautefort, par exemple, la MPS où exercent 12 professionnels (infirmières, ostéopathe, pédicures, psychologues…), a vu ses deux praticiens – qui ont porté le projet en 2012 - partir exercer ailleurs il y a six mois, et personne pour les remplacer. Arnaud Dufraisse, titulaire à Excideuil, explique que « les charges ont été sous-estimées et les loyers se sont avérés trop élevés, selon eux. » Ce jeune pharmacien installé depuis deux ans a quant à lui rejoint un projet qui court depuis 2013 et a finalement échoué. « C’était le plan typiquement lancé par des élus qui voulaient une maison de santé pour leur commune sans tenir compte des besoins ou des attentes des professionnels de santé » explique-t-il. Le projet interprofessionnel et le programme immobilier n’ont pas pu s’accorder. A force de lenteurs, un des deux médecins a claqué la porte. « Comme il en faut deux pour obtenir l’accord de l’ARS, notre projet de MPS capote. Les élus devraient être des facilitateurs, pas des décideurs », estime Arnaud Dufraisse.
Pour beaucoup de professionnels, plutôt que les déserts médicaux, c’est l’adaptation du système de soins aux besoins qui pose problème. « Pour que les projets marchent, il faut au préalable un diagnostic territorial sur la démographie en général, la démographie médicale, les besoins en soins (morbidité, problématiques sociales, industries implantées localement…) qui permettent d’adapter notre offre de soins aux besoins réels du territoire, résume Antoine Prioux. On devrait se libérer du terme “maison”. La pierre angulaire des MPS aujourd’hui, c’est la communication, et les logiciels pluriprofessionnels partagés ». Installé à Bugeat (Corrèze), il travaille actuellement sur un projet multisite (sites partagés de soins primaires) sur le plateau de Millevaches, une zone de moyenne montagne comptant 12 habitants au km2. Une décentralisation des soins permet au médecin de répartir son offre de soin sur le territoire, un jour à tel endroit, une demi-journée dans un autre…
Revoir les conventionnements ?
A l’ARS Dordogne, Céline Brazzoto, déléguée départementale, confie que « les jeunes médecins qui ont fait leurs études à Limoges ou Bordeaux ont peur de l’isolement, en zone rurale. » L’ARS a toutefois enregistré l’arrivée de sept jeunes généralistes dans le département, dont cinq à Bergerac, un à Nontron. « Cela reste insuffisant pour combler les départs à la retraite, fait observer la déléguée. Certaines maisons de santé vides ont été créées avec des médecins, partis à la retraite depuis. »
« Peut-être faudrait-il notamment revoir les conventionnements en fonction des lieux d’installation ? », s’interroge Jean-Baptiste Chemille. De contrainte quant à l’installation des médecins généralistes, il n’en a pas été question dans les solutions qu’a présentées la ministre de la Santé, mi-octobre. Dans son rapport sur l’avenir de l’Assurance maladie publié le 29 novembre, la Cour des comptes a pris moins de gants.
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