Contre les nausées et vomissements chimio-induits - Le Moniteur des Pharmacies n° 3200 du 25/11/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3200 du 25/11/2017
 
AKYNZEO

Expertise

Nouvelles molécules

Auteur(s) : YOLANDE GAUTHIER 

Akynzeo est une association à dose fixe de deux antiémétiques administrés par voie orale : le palonosétron 0,5 mg (antagoniste des récepteurs 5-HT3 de la sérotonine déjà disponible sous forme injectable à l’hôpital dans Aloxi), et le nétupitant 300 mg (nouvel antagoniste des récepteurs NK1). Akynzeo est un traitement préventif de première intention utilisé en association à un corticoïde au cours de certaines chimiothérapies.

INDICATIONS

Akynzeo est indiqué dans la prévention des nausées et vomissements aigus et retardés associés aux chimiothérapies anticancéreuses hautement émétisantes à base de cisplatine, ou aux chimiothérapies anticancéreuses modérément émétisantes. Le médicament est remboursé uniquement dans le premier cas.

POSOLOGIE

Une gélule à prendre entière environ une heure avant le début de chaque cycle de chimiothérapie, au cours ou en dehors des repas.

Aucune adaptation posologique n’est requise chez les patients âgés, mais la prudence est recommandée après 75 ans du fait de la longue demi-vie des molécules actives et de l’expérience limitée dans cette population.

CONTRE-INDICATION

Akynzeo est contre-indiqué en cas d’hypersensibilité au nétupitant ou au palonosétron, ainsi qu’en cas d’hypersensibilité à l’un des excipients (présence de sorbitol et de saccharose). Akynzeo ne doit pas être utilisé chez les patients qui présentent une intolérance au fructose, un syndrome de malabsorption du glucose et du galactose, ou un déficit en sucrase/isomaltase.

Ce médicament doit être évité chez les patients insuffisants rénaux sous hémodialyse. Il sera utilisé avec précaution en cas d’insuffisance hépatique sévère.

GROSSESSE ET ALLAITEMENT

Akynzeo est contre-indiqué pendant la grossesse. Un test de grossesse doit être réalisé avant le traitement chez toutes les femmes non ménopausées. Les femmes en âge de procréer doivent utiliser une contraception efficace pendant le traitement et jusqu’à un mois après son arrêt.

L’allaitement sera interrompu pendant le traitement et pendant un mois après la dernière dose d’Akynzeo.

EFFETS INDÉSIRABLES

Les patients qui ont des antécédents de constipation ou qui présentent des signes d’occlusion intestinale subaiguë doivent être surveillés après l’administration d’Akynzeo, car le palonosétron peut augmenter le temps de transit colique.

Akynzeo peut fréquemment être responsable de céphalées, de constipation ou de fatigue.

INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

L’administration concomitante d’Akynzeo avec un inhibiteur puissant du CYP3A4 (kétoconazole…) peut augmenter la concentration plasmatique du nétupitant et doit être envisagée avec précaution. L’association à un inducteur puissant du CYP3A4 (rifampicine…) doit être évitée.

Si de la dexaméthasone est administrée en même temps qu’Akynzeo, la dose orale recommandée de corticoïde devra être diminuée d’environ 50 %.

La prudence est recommandée en cas d’association du nétupitant avec de la digoxine ou avec d’autres substrats de la P-gp, tels que le dabigatran ou la colchicine.

La surveillance des patients qui prennent d’autres médicaments sérotoninergiques (ISRS, IRSN) est nécessaire pour détecter un syndrome sérotoninergique.

Prudence en cas d’administration concomitante de médicaments allongeant l’intervalle QT, ainsi que chez les patients qui présentent des déséquilibres électrolytiques ou une insuffisance cardiaque congestive. 

FICHE TECHNIQUE

Nétupitant 300 mg et palonosétron 0,5 mg pour une gélule blanche et caramel contenant trois comprimés (nétupitant) et une capsule molle (palonosétron).
Boîte de 1 gélule, 71,51 €, remb. SS à 65 %, AMM : 34009 300 386 2 8
Vifor France : 01 41 06 58 90
Les prix sont mentionnés hors honoraires de dispensation.

LES NAUSÉES ET VOMISSEMENTS CHIMIO-INDUITS

Les nausées et vomissements chimio-induits (NVCI) sont plus ou moins fréquents selon les molécules utilisées. Leur survenue dépend également de facteurs de risque individuels et ils sont plus fréquents chez les femmes, chez les sujets de moins de 55 ans, chez les sujets anxieux, ou en cas d’antécédents de nausées gravidiques et de mal des transports. Les NVCI ont un impact à la fois sur la qualité de vie et sur la poursuite du traitement. Ils peuvent en effet être responsables de troubles hydroélectrolytiques graves.

A quoi sont-ils dus ?
Les NVCI sont dus à l’action sur les centres cérébraux et bulbaires de neuromédiateurs (5-HT3, dopamine, substance P) libérés par la chimiothérapie. Les différents neuromédiateurs agissent à la fois au niveau digestif (effet immédiat, notamment via le 5-HT3) et au niveau central (effet retardé avec essentiellement la substance P). Les chimiothérapies anticancéreuses sont classées en fonction de leur potentiel émétisant en l’absence de prévention : risque élevé avec 90 % de vomissements (cisplatine, dacarbazine, cyclophosphamide…), modéré avec 30 à 90 % de vomissements (anthracyclines, cyclophosphamide à forte dose, irinotécan, oxaliplatine…), faible avec 10 à 30 % de vomissements (gemcitabine, paclitaxel, docétaxel, tamoxifène, 5-fluoro-uracile, étoposide, topotécan…), et minime avec moins de 10 % de vomissements (bléomycine, vinblastine, vincristine, vindésine, vinorelbine…).

Quelles sont les différentes formes de nausées et vomissements chimio-induits ?
Les NVCI sont classés en 4 catégories : les NVCI aigus qui surviennent dans les heures qui suivent l’administration de la chimiothérapie et cèdent en 24 heures ; les NVCI retardés qui surviennent entre la 24e heure de la chimiothérapie et 5 à 7 jours après le début de la chimiothérapie ; et les NVCI anticipés qui surviennent avant la chimiothérapie par un mécanisme de conditionnement réflexe.
Delphine Guilloux

L’AVIS DE LA HAS


• Service médical rendu important pour les chimiothérapies anticancéreuses hautement émétisantes à base de cisplatine, insuffisant pour les chimiothérapies anticancéreuses modérément émétisantes.

• Pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V) par rapport au traitement de référence sétron + aprépitant + corticoïde.

• Population cible comprise entre 33 000 et 200 000 patients.

DÉLIVRANCE


• Liste I

• Médicament d’exception

DITES-LE AU PATIENT


• Akynzeo ne doit pas être utilisé pour traiter les nausées et vomissements après la chimiothérapie.

• Le médicament peut provoquer des étourdissements, une somnolence ou une fatigue. Ne pas conduire ni utiliser de machines si ces symptômes surviennent.

• Des traces de lécitihine de soja peuvent être présentes. Les patients connus pour être hypersensibles à l’arachide ou au soja seront étroitement surveillés.

PHARMACOLOGIE


1 COMMENT AGIT LE MÉDICAMENT ?

Le nétupitant est un antagoniste sélectif à affinité élevée pour les récepteurs de la neurokinine-1 (NK1) dont le ligand physiologique est la substance P, sans affinité pour les récepteurs à la sérotonine (5-HT3), à la dopamine ou aux corticostéroïdes.
Le palonosétron est un antagoniste sélectif à haute affinité des récepteurs 5-HT3 à la sérotonine.

2 SON ACTION EST-ELLE ORIGINALE ?

Le nétupitant est un analogue de l’aprépitant (Emend), déjà commercialisé comme antiémétique, et du rolapitant (non disponible en France).
Le palonosétron, un analogue des sétrons commercialisés depuis les années 1990 (granisétron = Kytril ; ondansétron = Zophren), est déjà disponible sous forme injectable (Aloxi). Il a une demi-vie plus prolongée que celle des autres sétrons (ondansétron : 5-6 heures ; granisétron : 12 heures ; palonosétron : plus de 40 heures) et un profil pharmacologique original puisqu’il induit une internalisation des récepteurs 5-HT3 et inhibe la communication entre ces récepteurs et les récepteurs NK1.
Akynzeo constitue cependant une association fixe administrée par voie orale susceptible de faciliter la prise en charge des nausées et vomissements chimio-induits.


3 QUEL EST LE VERDICT DES ÉTUDES CLINIQUES ?

L’évaluation de l’association nétupitant/palonosétron repose sur :
– une étude comparative de phase II ayant établi la supériorité de l’association nétupitant 300 mg/ palonosétron 0,5 mg vs palonosétron oral (0,5 mg) associé à la dexaméthasone chez des sujets traités par cisplatine ;
– une étude comparative d’efficacité de phase III ayant établi que l’association est plus efficace que le palonosétron (0,5mg) pour prévenir les nausées et vomissements en phase retardée comme aiguë après chimiothérapie à base d’anthracycline et de cyclophosphamide. Dans les deux cas, ces études ne permettent pas de situer l’intérêt de l’association par rapport au traitement de référence actuel : aprépitant oral + anti-HT3 + corticostéroïde. Une étude versée au dossier de transparence en post-enregistrement a établi la non infériorité de l’association vs une combinaison de référence aprépitant + granisétron + dexaméthasone chez des patients asiatiques (transposabilité de ces résultats à la population française non assurée).
L’association n’a pas été évaluée dans le cas d’une chimiothérapie moyennement émétisante (pour laquelle il n’est d’ailleurs pas établi que l’association de trois antiémétiques soit justifiée par rapport à celle de deux, (sétron et corticostéroïde).
La non infériorité du palonosétron oral a été établie par rapport au palonosétron injectable (associé à un corticostéroïde) mais non par rapport à un autre sétron oral.
Denis Richard

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