« Je persiste et signe en zone ultra-sensible » - Le Moniteur des Pharmacies n° 3199 du 18/11/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3199 du 18/11/2017
 
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Auteur(s) : FRANÇOIS POUZAUD 

Installé depuis 1994 dans le centre commercial de l’ex-ZUS (zone ultra-sensible) des Amonts, aux Ulis (Essonne), Thierry Licha, 54 ans, a été exproprié après la rénovation du quartier. Avec une pharmacie plus spacieuse, il a gagné une nouvelle clientèle.

Thierry Licha doit la longévité de son exercice à son intégration dans un quartier où la clientèle de passage ne s’aventure jamais. « J’ai traversé des hauts et des bas et parfois songé à vendre pour recommencer ailleurs », confie-t-il. Mais, malgré l’insécurité, il apprécie d’entretenir depuis toujours une très forte proximité avec les habitants. Aussi, lorsque la ville a entamé un programme de rénovation urbaine, il a accepté d’échanger ses 115 m² contre un local de 190 m² dans le nouveau centre commercial, situé 50 mètres plus loin. « De toute façon, je n’avais guère le choix car j’étais exproprié », précise-t-il.

En conservant la même domiciliation, la procédure mise en place n’a pas été celle d’un transfert, mais d’une modification substantielle d’exploitation. Du fait de lenteurs administratives liées à la requalification de la ZUS des Amonts en ZAC (zone d’aménagement concerté), le projet mettra plus de dix ans à sortir de terre. Après la destruction d’une tour et d’un autre immeuble (soit une perte momentanée de 140 logements), Thierry Licha a rongé son frein. « Le nouveau local nous a été livré le 22 mai dernier, brut de béton, sans vitrine, il y avait tout à faire », raconte-t-il. Quant à l’ancien local de la pharmacie, il sera à son tour détruit.

Trois mois de loyer gratuits

Ce pharmacien a négocié une indemnité d’installation dans un nouveau local et trois mois de loyer gratuits couvrant la période des travaux d’agencement. La négociation de l’indemnité de transfert a été âpre : le montant n’a pu être calculé que sur la base de l’ancienne surface (qui est plus petite) et au vu du devis d’agencement le moins cher, mais sans les améliorations souhaitées par le titulaire (avec notamment l’installation d’un robot). « L’indemnité a couvert à peine plus de la moitié du devis, raconte-t-il. J’ai dû emprunter 100 000 € en complément à la banque. » Thierry Licha a pu également obtenir un montant de loyer au mètre carré inchangé, mais au prix d’autres concessions : « Le bailleur a mis à ma charge le paiement de la taxe foncière qui est de l’ordre de 6 000 à 8000 € ! » L’aménagement de la nouvelle pharmacie n’a également pas été simple. « Le plan de l’architecte du constructeur du centre commercial était très vague. Il a fallu composer avec la présence des piliers porteurs et d’une conduite d’aération situé au sous-sol, et, surtout, de beaucoup de surfaces perdues ! », souffle-t-il.

Renaissance

En dépit de ces difficultés, le pharmacien parvient à aménager de nouveaux locaux, avec notamment une salle d’orthopédie et un espace pour les entretiens pharmaceutiques, les premiers soins et les vaccinations. En deux jours, il déménage sa pharmacie grâce à l’aide de ses collaborateurs et de sa famille. Dès le retour des vacances, les premiers effets de ce transfert ne tardent pas à se faire sentir. « En septembre, la fréquentation a augmenté de 16 % et le chiffre d’affaires de 12 %. Une plus grande surface de vente a permis un rééquilibrage de l’activité en faveur des ventes à TVA 10 % et 20 % », constate-il. Avec la réhabilitation et la rénovation du quartier, la pharmacie des Amonts, en outre, ne souffre plus d’un déficit d’image auprès de la population âgée des quartiers pavillonnaires avoisinants, qui constitue un apport nouveau de clientèle. 

T hierry Licha, titulaire aux Ulis (Essonne)

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