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Auteur(s) : PAR CHLOÉ DEVIS
Scandalisé ». C’est ainsi que Gilles Bonnefond, président de l’USPO, réagit spontanément à l’absence de toute référence aux pharmaciens par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, dans sa lutte contre les inégalités territoriales d’accès aux soins. Un plan gouvernemental qui mise sur le numérique avec les consultations à distance et la télé-expertise, négociations conventionnelles à l’appui. Axe complémentaire, le soutien à l’équipement des établissements médicosociaux, établissements de santé, maisons de santé pluriprofessionnelles et centres de santé. Le soutien aux officines reste, lui, virtuel. « Les infirmiers sont cités, pourquoi pas nous ? Seulement 7 % des patients ont un infirmier, alors que 100 % des patients ont un médecin traitant et un pharmacien ! », s’insurge Gilles Bonnefond, décidé à « remonter au créneau » auprès du ministère. « Présents sur tout le territoire, nous pourrions mettre à profit les outils de télémédecine pour assurer le suivi des patients, en lien avec ce que prévoit le statut de pharmacien correspondant », martèle-t-il. Son homologue de la FSPF, Philippe Gaertner, renchérit : « Dans les territoires sous-denses, l’accès à des consultations de télémédecine au sein des officines permettrait aux patients de garder le contact avec un professionnel de santé de proximité. » Un argument contre ceux qui associent la télémédecine à une déshumanisation de la relation thérapeutique.
Sophie Sergent, membre du bureau national de la FSPF, en charge des nouvelles missions et des relations avec les patients, se veut optimiste : « Si le regard sur la télémédecine était au départ très hospitalo-centré, on en parle aujourd’hui pour la ville, ce qui ouvre des perspectives. » Parallèlement, la démocratisation des outils numériques s’est accélérée. Aujourd’hui, « les évolutions sont rapides et nous devons nous y inscrire au travers de l’innovation organisationnelle et de l’interprofessionnalité sur les territoires, autour des patients ». Pour le président de l’UNPF, Jean-Luc Fournival, « la télémédecine est un des axes du repositionnement de la profession dans les zones rurales ». Et une opportunité à saisir face à « la désertification médicale, les nouvelles habitudes des patients, le condiv économique difficile ». Faire des officines des « postes avancés » de la santé dans les déserts médicaux, c’est le souhait de Gilles Bonnefond. Un moyen de les mettre au service des patients les plus fragiles, tout en faisant face à la disparition des prescripteurs. Et, d’après Sophie Sergent, les pharmacies disposent des arguments pour se voir accorder un statut de structure « requérante » en télémédecine tel que l’institue l’arrêté de juillet 2017 pour les établissements de santé, médicosociaux et maisons de santé pluridisciplinaires, ainsi habilités à recevoir un financement forfaitaire des agences régionales de santé (ARS) dans le cadre de la mise en place de téléconsultations. « Nous sommes non seulement un réseau robuste de premier recours, formé à la délégation de tâches, mais aussi une profession de santé pionnière en matière d’informatisation et de partage des données ». Dès lors, fait-elle valoir, « pourquoi ne pas continuer sur la voie de la modernisation en imaginant des développements sur nos actes spécifiques ? ». Ainsi, « en tant que référents d’EHPAD, nous sommes amenés à faire de l’expertise sur les médicaments. C’est une pratique qui pourrait se développer à distance, tout comme les entretiens pharmaceutiques pour des patients qui se déplacent difficilement ».
En pratique, « la télémédecine évoque d’emblée des cabines ultraconnectées, mais un local HPST, une connexion internet sécurisée, une webcam et un ordinateur peuvent suffire, auxquels s’ajouteront des outils de prise de mesure dans le cadre de la délégation de tâches », argue Sophie Sergent. En revanche, c’est bien par « une évolution du code de déontologie et des divs réglementaires » qu’il faudra passer. Parmi les conditions requises au déploiement de la télémédecine dans les pharmacies, Gilles Bonnefond appelle de ses vœux « une simplification des règles de prescription, des aides à l’équipement des ARS et des incitations à la coordination interprofessionnelle, notamment à travers une rémunération des pharmaciens pour la surveillance de leurs patients ». Il souligne aussi la nécessité de mieux organiser les sorties hospitalières. Jean-Luc Fournival insiste de son côté sur la nécessité de mettre en place la démarche de manière consensuelle avec les médecins. Quant à la rémunération, selon lui, elle devra s’appuyer « sur des moyens conventionnels ou non ». Et de rappeler que les mutuelles, très intéressées par le sujet au point de développer leurs propres services de télémédecine, peuvent être mises à contribution.
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