Les nouvelles expertises des logiciels de gestion officinale - Le Moniteur des Pharmacies n° 3189 du 09/09/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3189 du 09/09/2017
 

Cahiers Formation du Moniteur

Entreprise

Auteur(s) : CAHIER RÉDIGÉ PAR CHLOÉ DEVIS 

L’INFORMATIQUE OFFICINALE FACE AUX DÉFIS DE LA PROFESSION



1 L’ÉVOLUTION AU FIL DU TEMPS

Depuis une trentaine d’années, les logiciels de gestion officinaux (LGO) accompagnent le pharmacien dans son exercice au quotidien. Nés d’abord de la volonté de faciliter la gestion des stocks et des commandes, ils lui permettent d’intégrer par la suite les évolutions législatives, réglementaires ou conventionnelles, par exemple avec l’arrivée de SESAM-Vitale en 1998, puis celle du dossier pharmaceutique en 2009. Ils se sont également enrichis au fil des années d’une palette d’outils pour optimiser la gestion du back office, gagner du temps au comptoir...
En intégrant un certain nombre de fonctionnalités, les LGO incitent les pharmaciens à développer des axes émergents, comme les nouvelles missions, la digitalisation, l’e-santé…
Mais le marché actuel des LGO reste hautement concurrentiel. Deux éditeurs, Smart Rx et Pharmagest (avec son LGPI) représentent plus de 70 % du parc officinal. Leur challenger, Winpharma, s’est démarqué en choisissant d’opérer sous Windows, le système d’exploitation le plus répandu en officine. Une dizaine d’autres acteurs évoluent sur ce secteur. Pour ce dossier, nous avons retenus les principaux acteurs du marché : Smart Rx, LGPI, Winpharma, Actipharm, Isipharm, PharmaVitale et Caduciel. D’autres existent aussi, comme Vindilis, Logiphar/Pharmavision, Crystal/Infosoft, Esculape/CIAM ou encore Visiopharm/Visiosoft.



2 UNE CHECK-LIST POUR S’ÉQUIPER

Au vu de l’importance du LGO dans le bon fonctionnement de l’activité officinale, le choix d’une solution n’est pas une décision anodine. Or il peut rapidement virer au casse-tête face au nombre de prestataires du marché et à la difficulté de comparer les prestations proposées. En effet, les terminologies peuvent varier d’un éditeur à l’autre pour désigner des fonctionnalités similaires, tout comme le périmètre des modules intégrés et optionnels.
Mais un grand nombre de fonctionnalités sont aujourd’hui communes à la plupart des solutions du marché, soit par nécessité réglementaire, soit parce qu’elles sont perçues comme indispensables. La différence se niche alors dans un certain nombre de variantes sur le plan de la présentation, de l’ergonomie… ou de services ajoutés. « Le choix final reste avant tout une question de sensibilité », note Laurent Cassel, expert-comptable au sein du cabinet Adequa. Les critères à retenir en priorité ? Tout dépend de sa connaissance de l’outil informatique, de sa stratégie de développement, des compétences de l’équipe… « Une pharmacie rurale ressentira moins le besoin d'un automate ou d'étiquettes électroniques qu'une pharmacie avec une forte affluence », relève Charles Brisset, div d’une thèse sur les LGO*. Reste qu’au-delà des fonctionnalités elles-mêmes, un certain nombre de précautions sont de mise avant de choisir un prestataire ou d’en changer. Check-list.


VEILLER À LA CONFORMITÉ RÉGLEMENTAIRE

Une nouvelle législation impose, au 1er janvier 2018, la certification de l’ensemble des logiciels de caisse afin de prévenir la dissimulation de recettes. A bon entendeur : « La fiabilité des données comptables transmises à l’administration fiscale doit être irréprochable », insiste Laurent Cassel. Par ailleurs, des mises à jour régulières sur tous les aspects réglementaires sont impératives.


PRIVILÉGIER LA SIMPLICITÉ D’UTILISATION

Tous les pharmaciens n’étant pas des « geeks », c’est une attente majeure. Toute l’équipe, depuis le titulaire jusqu’aux préparatrices en passant par les stagiaires ou intérimaires, doit pouvoir rapidement prendre en main l’outil. Les éditeurs ont fait des progrès notables en matière d’ergonomie… et d’économies de « clics », mais rien ne vaut un test grandeur nature avant achat.


TIRER AU CLAIR LA TARIFICATION

Les modalités de financement varient selon les éditeurs, mais l’option la plus courante reste la location. Reste que la transparence n’est pas toujours de mise sur les coûts inclus (matériel, logiciel, options…), les durées d’engagement, les modalités de service après-vente… « Insistez pour obtenir des devis clairs et détaillés, et faites jouer la concurrence », préconise Laurent Cassel.


METTRE L’ACCENT SUR LA FORMATION

« Les capacités des LGO sont trop souvent sous-utilisées », remarque Laurent Cassel. Or, il est dommage de ne pas profiter de la montée en puissance des outils statistiques, d’où l’importance de la formation de l’équipe à la prise en charge du logiciel mais aussi à l’analyse des données recueillies. Laurent Cassel recommande, plusieurs mois après l’installation, une piqûre de rappel qui permettra, après une phase d’utilisation, de poser les bonnes questions.


PRENDRE EN COMPTE LE COÛT DE SORTIE

« On parle beaucoup du coût d'entrée d’un logiciel mais rarement du coût de sortie, sur lequel beaucoup d'éditeurs misent pour garder leur client captif », note Charles Brisset. D’où l’importance de se renseigner auprès de son prestataire sur les dispositions prévues pour éviter toute perte de données en cas de résiliation du contrat. Charles Brisset met également en garde contre les offres commerciales sous forme de contrats en chaîne qui rendent difficile la possibilité de changer de LGO. Dans l’autre sens, vérifiez également les modalités d’accompagnement mises en œuvre par les éditeurs en cas de migration vers leur solution.

* LGO : Les logiciels de gestion d’officine : fonctionnalités et acteurs, 2014

ZOOM SUR LES FONCTIONNALITÉS « MÉTIER »

Si la relation humaine a toujours été au cœur de la pratique officinale, elle n’a peut-être jamais été aussi valorisée qu’aujourd’hui. Vieillissement de la population oblige, les patients chroniques représentent 70 % du public reçu à la pharmacie, tandis que les pouvoirs publics poussent les feux de la prévention. En parallèle, le pharmacien doit envisager de nouveaux modèles de croissance qui passent par l’essor des services proposés aux patients. Or si les nouvelles technologies ne se substitueront ni aux compétences ni au savoir-être du professionnel de santé, elles peuvent en revanche l’aider à répondre au mieux à des enjeux qui vont de la dispensation à l’observance, en passant par le conseil associé au comptoir, le dépistage et le suivi des patients… mais aussi la conformité réglementaire et l’amélioration de la communication avec les patients, et entre professionnels de santé. Voici le comparatif de deux fonctionnalités cruciales sur une sélection de LGO : le suivi des patients et l’aide au comptoir.


1 LE SUIVI DES PATIENTS

Le module de suivi patientsde Smart Rx met l’accent sur la sécurisation de la délivrance en croisant le dossier thérapeutique des patients, leur dossier pharmaceutique et les données de la BCB Dexther. Les contre-indications, interactions médicamenteuses et autres allergies sont détectées et s’affichent à l’écran en cours de dispensation. Parmi les services fournis, on peut citer des protocoles de dépistage, une bibliothèque d’entretiens pharmaceutiques et d’informations destinée à l’accompagnement du patient chronique et un outil de planification des rendez-vous. C’est en outre via ce module que les pharmaciens récupèrent les ordonnances transmises par leur patient via l’appli monAppliPharma.
Chez Pharmagest, le logiciel de suivi d’observance associé au LGPI a vocation à centraliser toutes les données du patient, afin de l’aider à comprendre sa maladie, son traitement, et à favoriser l’observance. Le pharmacien peut ainsi mesurer au fil du temps l’évolution des acquis du patient à l’égard de son traitement et de sa pathologie, mais aussi lui proposer des entretiens pharmaceutiques. Il dispose également de questionnaires mis au point avec des associations de patients pour réaliser des enquêtes de dépistage et de prévention lors de la délivrance auprès de personnes présentant un facteur de risque.
Le volet d’aide à la délivrance a été également renforcé du côté d’Actipharm par la mise en place du dossier médical interne, axé sur le suivi des interactions médicamenteuses, des allergies à des principes actifs et des constantes biologiques des patients. Il intègre aussi les bases de données des principaux extracteurs du marché (Ospharm, Santestat, Pharmastat, Offisanté…) et de quelques groupements.
Chez Caduciel, le dossier de suivi pharmacothérapeutique regroupe l’ensemble des informations des patients, renseignées au fil des visites par le pharmacien : mensurations, pathologies, constantes biologiques, dates des vaccins, allergies… L’objectif est d’apporter un service supplémentaire et de fidéliser la patientèle. En complément, le pharmacien peut également visualiser les liens familiaux via le module Gestion Familles.
Du côté de PharmaVitale, c’est la démarche qualité qui guide les services proposés. Le logiciel intègre en particulier un module de gestion partagée des carnets de vaccination, mis en oeuvre en partenariat avec le site mesvaccins.net. La création et l’alimentation du carnet de vaccination sont proposées automatiquement lors de la délivrance d’un vaccin mais peuvent également être initiées à tout moment par le pharmacien depuis le LGO. Une fois le carnet créé, le patient est alerté des rappels à effectuer et peut bénéficier de bilans vaccinaux. Il lui est également possible de partager son carnet de vaccination avec d’autres professionnels de santé homologués. Autre fonctionnalité proposée, le contrôle des délivrances:un premier contrôle est effectué au comptoir par le comptage des boîtes délivrées, et dans un deuxième temps, un dispositif propose la vérification de la conformité des délivrances avec les prescriptions avant la transmission des feuilles de soin électroniques.
À partir de janvier prochain, l’assistant de création prescripteur d’Isipharm sera disponible. Cette fonctionnalité permet de créer une fiche prescripteur automatiquement à partir du nom et du département de ce dernier. À même de reconnaître le prescripteur, le logiciel pourra remonter les informations de sa base de données pour la création d’une fiche patient.


2 L’AIDE AU COMPTOIR

Smart Rx mise sur deux atouts pour épauler l’équipe au comptoir. Dotée d’un puissant moteur de recherche, la base de données de parapharmacie d’Alliance Pharmathèque comporte plus de 100 000 références hors AMM et donne également accès aux équivalences de 101 pays, tandis que le conseiller interactif a vocation à aider le pharmacien à pratiquer un conseil personnalisé en l’orientant vers une prescription officinale appropriée dans les domaines de l’allopathie, de la phytothérapie ou de l’homéopathie.
La dernière version de Pharmagest dévoile, quant à elle, un nouveau portail d’informations dont le contenu est mis à jour quotidiennement. Il intègre les bases de données conseil des partenaires de l’éditeur (Vidal, Medisite, Santélog…) Au-delà de l’intégration de la base Vidal, le LGPI offre aussi un accès au service Vidal Recos et aux fonctionnalités de l’application Vidal Mobile.
Winpharma propose un module optionnel, winProduitsConseil, axé sur l’amélioration du conseil et le développement des ventes. En cours de vente ordonnancée, le logiciel affiche les références à proposer au client ainsi que l’argumentaire ou les questions à poser. Si le produit concerné fait l’objet d’une promotion, celle-ci peut aussi apparaître auto-matiquement à l’écran. Le conseil peut être complété par une fiche à remettre au client et une vidéo-conseil associée. Enfin, un outil statistique permet d’évaluer l’impact des opérations menées. 

FOCUS SUR LES FONCTIONNALITÉS « ENTREPRISE »

Source de gain de temps à travers l’automatisation de tâches du back office, le logiciel permet aussi d’identifier et d’actionner des leviers de croissance à différents niveaux de l’activité officinale. Si depuis une quinzaine d’années déjà, les LGO fournissent statistiques et tableaux de bord, le volet économique a gagné en importance pour le pharmacien à la reconquête de ses marges perdues. Or, la montée en puissance des capacités informatiques et le développement des algorithmes permettent d’aller toujours plus loin dans la connaissance des comportements de la clientèle et donnent accès à des indicateurs toujours plus nombreux et fiables et à des possibilités de recoupement et de comparaison à de multiples échelles. De quoi aiguiller ses choix stratégiques en matière d’offre, de politique de prix, gestion des promotions, merchandising et en valider la pertinence, au plus près de la réalité de l’entreprise.
Smart Rx intègre avec Smart Rx 360 un module de pilotage de l’activité officinale. Au-delà d’une vision globale des stocks et des achats, il permet au pharmacien d’optimiser son référencement via le suivi des ventes par laboratoire, des familles de produits et de génériques. Le professionnel a également le choix parmi trois méthodes d’achat : la commande directe, la commande marché ou la commande groupée. Un comparateur des conditions commerciales lui permet d’identifier le meilleur circuit de réapprovisionnement. Enfin, il est possible de négocier un volume d’achat sur une période déterminée.
Chez Pharmagest, le module MyPilotlivre en temps réel les données principales de l’officine (stocks, ventes, achats, encours). Il se base sur l’analyse croisée d’un ensemble d’indicateurs internes et la comparaison avec la situation des autres pharmacies du panel pour aider le titulaire à établir un diagnostic vis-à-vis des objectifs qu’il s’est fixé et à déterminer des plans d’action. Sur des problématiques qui vont des achats à l’équipe en passant par les clients, le merchandising, l’animation du point de vente, un système d’alertes visuelles l’avertit immédiatement des points d’amélioration à considérer.
La solution Business Intelligence développée par Isipharm passe au crible l’ensemble des indicateurs clés de la pharmacie : activité, marchés, marge, paniers moyens, prescripteurs, stocks et encours, démarque inconnue, qualité des process, emploi du temps et performance de l’équipe… Sur la partie « marché », le titulaire peut par exemple identifier la raison d’une baisse de chiffre d’affaires à travers l’analyse d’un « top clients » du chiffre d’affaires des ordonnances et l’évolution par prescripteur, ou bien celle du CA hors ordonnances avec des informations sur l’évolution du panier moyen et des différents marchés. Autre exemple : côté équipe, le logiciel peut suivre les ventes par collaborateur et par marché, et plus spécifiquement les challenges sur des opérations spéciales.
Au menu chez Winpharma, le pack automatisation de stock associe une technologie de simulation et d’optimisation des achats et l’accompagnement des experts Winpharma. L’outil peut être paramétré en fonction des objectifs propres à chaque officine, qu’il s’agisse d’améliorer sa marge à stock identique ou sa trésorerie, diminuer le stock… Il permet de se passer d’intervention manuelle pour envoyer et réceptionner des commandes ou choisir le bon canal d’achats tout en conservant un niveau de marge satisfaisant et une trésorerie optimale.
Le module de gestion des commandes planifiées mis au point par Actipharm permet de faire des calculs sur l’ensemble des laboratoires et des fournisseurs présents dans l’officine. Il détecte les produits et les classe selon quatre catégories avec un jeu de curseurs et de couleurs: les produits financièrement intéressants ou pas suivant les ventes et la rotation, les produits nécessitant un réapprovisionnement en commande directe pour éviter les achats répartition, les produits qui pourraient procurer un gain de marge si commande répartition, les produits en rupture. Via un paramétrage préalable des fichiers produits, cette solution permet également de générer directement les commandes. L’éditeur a mis en place une gestion des statistiques développée sous la base de données MySQL exploitable avec le tableur Microsoft.
Caduciela développé un module d’analyse en direct des propositions commerciales des laboratoires. En tenant compte des prix et des remises, l’outil détermine instantanément la pertinence d’une proposition vis-à-vis de l’atteinte du point d’équilibre, de la durée d’écoulement des stocks… A noter qu’au-delà des tableaux de bord et différents outils statistiques intégrés au LGO, des études personnalisées peuvent également être produites à la demande.
Enfin, PharmaVitale propose un module de merchandising permettant de développer une stratégie commerciale sur une gamme de produits. A partir d’éléments chiffrés de ventes et de critères indiqués par le pharmacien, le programme réalise une projection et propose une politique de prix globale sur la gamme étudiée. 

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !