La micronutrition - Le Moniteur des Pharmacies n° 3184 du 01/07/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3184 du 01/07/2017
 

Cahiers Formation du Moniteur

Conseil

Auteur(s) : CAHIER  COORDONNÉ  PAR  ANNE-HÉLÈNE COLLIN  E T  ALEXANDRA BLANC ,  PHARMACIENNES, SOUS LA RESPONSABILITÉ DE  FLORENCE BONTEMPS ,  DIRECTRICE SCIENTIFIQUE. INFOGRAPHIE  FRANCK L’HERMITTE. 

GÉNÉRALITÉS 

« J’AI BESOIN DE VITAMINES ! »

Sophie, 28 ans, enceinte de 3 mois : – J’ai été malade les deux premiers mois de ma grossesse. Ça m’a beaucoup fatiguée ! J’aimerais faire une cure de vitamines… – Je vous propose un complément alimentaire spécifique qui vous apportera des vitamines et des minéraux en quantités adaptées, tels que des folates, de la vitamine D, du fer et de l’iode dont les besoins sont augmentés pendant la grossesse. Avez-vous bien arrêté la complémentation en vitamine B9 débutée en début de grossesse ?
L’alimentation contemporaine est riche en calories vides et ne permet pas toujours de couvrir l’ensemble des besoins en micronutriments de l’organisme. Complémenter son alimentation en vitamines, minéraux et oligoéléments s’avère souvent intéressant pour le maintien de nombreuses fonctions biologiques.


UNE APPROCHE « PRO-SANTÉ »

Branche relativement récente de la nutrition, la micronutrition étudie l’influence des micronutriments sur la santé et consiste à satisfaire les besoins en micronutriments de l’individu, par une alimentation diversifiée, associée si nécessaire à une complémentation personnalisée.
Rôle préventif : L’objectif principal est d’agir, en amont de tout symptôme pathologique, sur le terrain (c’est-à-dire l’ensemble des facteurs génétiques, physiologiques, tissulaires ou humoraux qui, chez un individu, favorisent la survenue d’une maladie ou en conditionnent le pronostic), afin d’aider l’organisme à optimiser son fonctionnement physiologique. Pour cela, des compléments alimentaires sont proposés pour maintenir l’équilibre de la flore intestinale, protéger les cellules des agressions extérieures et des effets du vieillissement et limiter les déficits liés aux modes de vie et/ou aux dysfonctionnements de l’organisme.
Rôle complémentaire : Dans les pathologies déclarées, la micronutrition peut être proposée en complément des traitements pharmacologiques, la synergie attendue des micronutriments ayant pour objectif de potentialiser les médicaments ou de diminuer les effets secondaires.


NOTIONS FONDAMENTALES


UNE APPROCHE INDIVIDUALISÉE

Chaque patient relève d’une supplémentation spécifique. Les conseils alimentaires et micronutritionnels et les doses de micronutriments doivent être adaptés au terrain physiologique, aux pathologies et traitements éventuels, ainsi qu’aux circonstances physiologiques (croissance, grossesse, performance, âge…), aux habitudes alimentaires et à l’environnement.
Des questionnaires, le plus souvent proposés au cours d’entretiens spécifiques qui peuvent être menés par le pharmacien, aident à réaliser un bilan individuel plus poussé. Le site de L’Institut européen de diététique et nutrition (IEDM) en propose librement sur son site (iedm.asso.fr).

L’INTESTIN AVANT TOUT

Objet de multiples découvertes récentes, l’intestin est aujourd’hui reconnu comme un acteur majeur dans l’état de santé général. Ce rôle primordial dépend de 3 piliers :
– la flore intestinale qui participe à la digestion, protège des bactéries pathogènes et renforce le système immunitaire ;
– la muqueuse intestinale qui constitue une interface d’échange considérable (environ 300 m2) entre l’extérieur et l’intérieur de l’organisme et dont l’intégrité est indispensable à la bonne assimilation des nutriments apportés par l’alimentation ;
– le système immunitaire intestinal qui assure la défense de l’organisme face aux agresseurs extérieurs et la tolérance des aliments et des bactéries de la flore.
L’approche micronutritionnelle ne peut donc être envisagée qu’après la restauration de l’ensemble des fonctions intestinales.


LE PRINCIPE DE SYNERGIE

Principe fondamental en micronutrition, il est basé sur le fait qu’un élément peut dépendre d’un autre pour son absorption (calcium et vitamine D), son transport et sa rétention intracellulaire (le magnésium pour le potassium, le calcium ou le fer), son incorporation dans des structures (le zinc pour l’incorporation de la cystine dans la kératine), sa mobilisation tissulaire (les acides gras oméga-3 pour la mobilisation de la vitamine E), son activation (le magnésium pour les vitamines du groupe B) ou son action au niveau d’un récepteur (le zinc pour les vitamines A et D).


L’ÉQUILIBRE ACIDO-BASIQUE

L’organisme, naturellement producteur d’acides, possède des mécanismes physiologiques pour maintenir un pH idéal à son métabolisme. Cet équilibre acido-basique est régulé par des systèmes tampons, la respiration et la fonction rénale ;
Lorsque ces systèmes de régulation sont débordés, le réajustement du pH se fait au détriment des réserves minérales osseuses utilisées pour neutraliser l’excès d’acides (voir p. 12). L’approche micronutritionnelle passe également par le rétablissement de l’équilibre acido-basique pour agir de façon optimale sur d’autres fonctions physiologiques.


LE SYSTÈME ANTIOXYDANT

L’ensemble des cellules de l’organisme dispose d’un système de défenses antiradicalaires pour faire face aux diverses agressions environnementales (pollution, tabac, alcool, UV…) et internes (inflammation, infections…). Ce système de protection cellulaire neutralise les radicaux libres grâce à des enzymes, des protéines, des oligoéléments (cuivre, zinc, sélénium) et des antioxydants exogènes (caroténoïdes, polyphénols, anthocyanes…) apportés par l’alimentation essentiellement.
Lorsque la production de radicaux libres dépasse la capacité de neutralisation de l’organisme, les cellules sont soumises au stress oxydant, conduisant à plus ou moins long terme au vieillissement des tissus biologiques. La micronutrition vise à éviter ce phénomène délétère pour l’organisme.


LES MICRONUTRIMENTS


LES PROBIOTIQUES

Ce sont des micro-organismes vivants composant la flore intestinale endogène. On distingue plusieurs types, classés par souche et dont les propriétés varient considérablement d’une souche à l’autre (voir p. 6).
Une souche probiotique est classée par genre, espèce et une désignation alphanumérique. Exemple : Lactobacillus (genre) casei (espèce) DN-114 001 (désignation de souche).


LES ACIDES GRAS ESSENTIELS

Ce sont des molécules formées d’une chaîne hydrocarbonée polyinsaturée qui porte une fonction acide carboxylique.
On distingue :
– les acides gras polyinsaturés de la série oméga 3 (première double liaison au 3e carbone de la chaîne) dont le chef de file est l’acide alpha-linolénique,
– les acides gras polyinsaturés de la série oméga 6 (première double liaison au 6e carbone de la chaîne) dont le chef de file est l’acide linoléique.


LES ACIDES AMINÉS

Composés organiques possédant simultanément une fonction amine et une fonction acide, ils se combinent entre eux pour former les peptides, éléments constituant les protéines. Exemples : tyrosine...

LES VITAMINES

Substances organiques existant en très petites quantités dans les aliments, indispensables à la croissance et au maintien de l’équilibre vital.


LES MINÉRAUX

Substances minérales nécessaires à l’organisme, ils contribuent à la fois au métabolisme normal des macronutriments (lipides, glucides et protéines) et au bon fonctionnement musculaire, cognitif, visuel… Les minéraux exercent des fonctions très diverses dans l’organisme et sont présents en quantités très inégales.
On distingue :
– les macroéléments, présents en quantité relativement importante (de l’ordre de 1 g/kg) : calcium, phosphore, sodium, potassium, chlore, magnésium.
– les oligoéléments, présents en faibles quantités (concentration de 1 µg à 1 mg/kg) : iode, cuivre, zinc, le sélénium, chrome…


LES PHYTONUTRIMENTS

Ils se trouvent naturellement dans les aliments du règne végétal, ce ne sont ni des vitamines ni des minéraux, mais ils sont reconnus pour être des antioxydants puissants : flavonoïdes, acides phénoliques, tanins, caroténoïdes… §
CALORIE VIDE
valeur énergétique des aliments dont la consommation n’apporte aucun nutriment indispensable.


INFOS CLÉS

infos clés


LA MICRONUTRITION VISE À OPTIMISER LE STATUT EN MICRONUTRIMENTS (VITAMINES, MINÉRAUX…) DE L’ORGANISME DE MANIÈRE INDIVIDUALISÉE. ELLE S’ACCOMPAGNE D’UNE BONNE ALIMENTATION.


• La micronutrition vise à optimiser le statut en micronutriments (vitamines, minéraux…) de l’organisme de manière individualisée. Elle s’accompagne d’une bonne alimentation.

• La micronutrition présente un intérêt préventif (réduction de la prévalence des pathologies) ou complète un traitement médicamenteux (synergie, réduction des effets indésirables).


QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?


JULIA, 34 ANS, VÉGÉTARIENNE, SOUFFRE D’ANÉMIE FERRIPRIVE. MALGRÉ UN TRAITEMENT PAR TARDYFERON, SA FERRITINÉMIE RESTE BASSE. LE MÉDECIN REMPLACE PAR FERO-GRAD VITAMINE C.


– LA VITAMINE C EN PLUS DU FER, C’EST POUR ME DONNER UN COUP DE FOUET ?


– LA VITAMINE C CONTRIBUE À RÉDUIRE LA FATIGUE MAIS DANS VOTRE CAS, ELLE VA SURTOUT PERMETTRE À VOTRE ORGANISME DE MIEUX ASSIMILER LE FER.


LE PHARMACIEN A-T-IL BIEN RÉPONDU ?


OUI. L’ACIDE ASCORBIQUE EST LE PLUS PUISSANT FACILITATEUR CONNU DE L’ABSORPTION DU FER NON HÉMINIQUE. IL FACILITE L’ABSORPTION DU FER PAR FORMATION D’UN CHÉLATE DE FER SOLUBLE À̀ P H ACIDE ET QUI RESTE SOLUBLE AU P H DE L’INTESTIN GRÊLE. D’AUTRES ACIDES, TELS QUE L’ACIDE CITRIQUE (AGRUMES) ET L’ACIDE MALIQUE (POMMES...) ONT ÉGALEMENT UN EFFET ACTIVATEUR SUR L’ABSORPTION DU FER NON HÉMINIQUE.



POINT DE VUE

Dr Didier Chos, président de l’Institut européen de diététique et de micronutrition



« LA MICRONUTRITION REPOSE SUR LA PERSONNALISATION

« La micronutrition repose sur la personnalisation

DU CONSEIL ALIMENTAIRE ET EN COMPLÉMENTATION »

du conseil alimentaire et en complémentation »

Quelles différences entre la micronutrition et la nutrition ?
C’est une différence de point du vue conceptionnel : la nutrition s’intéresse à la partie énergétique du contenu de l’assiette et s’est surtout orientée sur le problème du surpoids. La micronutrition s’est intéressée aux différentes familles de micronutriments et a mis l’accent sur l’assimilation digestive et l’importance du microbiote intestinal. En pratique, la nutrition propose des recommandations pour des populations, la micronutrition s’adresse à l’individu. Le conseil de micronutrition est personnalisé ; il est construit à partir de questionnaires fonctionnels de santé et repose sur un équilibre entre la part alimentaire (l’assiette) et la part de complémentation lorsqu’elle est nécessaire (complément alimentaire).

Quelles sont les limites de la micronutrition au comptoir ?
Le pharmacien est légitime pour améliorer les troubles fonctionnels (troubles de l’humeur et du sommeil, troubles digestifs, infections, allergies, douleurs ostéo-articulaires…). En présence de signes inquiétants, comme une fièvre prolongée ou une perte de poids inexpliquée, il demandera une aide médicale. Son rôle dans les conseils personnalisés concernant les habitudes de vie (alimentation, activité physique, gestion du sommeil…) s’avère déterminant.



Par Eva Biniguer , pharmacienne

DANS LES TROUBLES DIGESTIFS 

« DES ANTIBIOTIQUES QUI DÉTRAQUENT ! »

Lola, 3 ans, a une otite. Sa maman vient chercher son traitement : – Le médecin a encore prescrit cet antibiotique ? La dernière fois ça lui a donné la diarrhée ! – Pour prévenir cet effet secondaire, je vous propose de donner à Lola des probiotiques pendant le traitement afin de protéger sa flore intestinale. Faites-lui prendre à distance des antibiotiques, par exemple le soir au coucher.
Le microbiote intestinal est un écosystème en équilibre qui s’autorégule en permanence. Cet équilibre est sous la menace d’agressions externes (alimentation déséquilibrées, médicaments, infections…) et internes (déficit immunitaire, lésions intestinales…) pouvant conduire à sa rupture. Cette dysbiose est à l’origine de nombreux troubles, et notamment digestifs.


DIARRH É ES


DIARRHÉES LIÉES À LA PRISE D’ANTIBIOTIQUES

Les antibiotiques ont un impact direct sur la flore intestinale :
- ils détruisent les bactéries du microbiote dominant qui lui sont sensibles, rompant ainsi l’effet de barrière et favorisant la pullulation de germes pathogènes : les entérocytes n’assurent plus leur fonction d’absorption, l’eau et les déchets se retrouvent en excès dans la lumière intestinale et sont évacués dans les selles. La fréquence des diarrhées augmente aux âges extrêmes de la vie (enfants, personnes âgées) ou lors d’une antibiothérapie à large spectre ;
- ils diminuent également la concentration des bactéries anaérobies dans le côlon qui réduit le processus de fermentation entraînant la persistance de glucides non digérés dans la lumière colique à l’origine d’une diarrhée osmotique.
Conseils de supplémentation*
Toutes les souches de probiotiques peuvent être utilisées en prévention ou dès l’apparition des symptômes.


DIARRHÉES INFECTIEUSES

Quel que soit le germe incriminé, on observe lors d’une infection intestinale une augmentation des bactéries aérobies et une diminution concomitante des bactéries anaérobies strictes. Ce déséquilibre de la flore est à l’origine d’un afflux d’eau et d’électrolytes provoquant des diarrhées.
Conseils de supplémentation :
privilégier les souches Lactobacillus rhamnosus GG et Lactobacillus casei.


DIARRHÉES DANS LES MALADIES INFLAMMATOIRES DE L’INTESTIN

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (maladie de Crohn, rectocolite ulcéro-hémorragique…) sont la conséquence d’une réponse immunitaire intestinale inadaptée à l’encontre des bactéries habituelles du microbiote.
La muqueuse intestinale des patients atteints n’étant plus ou peu protégée par la flore commensale, elle est vulnérable aux agents pathogènes, devient inflammatoire et n’assure plus son rôle d’absorption, à l’origine de diarrhées chroniques.
Conseils de supplémentation :
privilégier les souches Bifidobacterium bifidum, Bifidobacterium breve, Lactobacillus acidophilus, L. rhamnosus GG, L. reuteri, L. salivarius.


CONSTIPATION CHRONIQUE


IL S'AGIT LE PLUS SOUVENT D'UN TROUBLE FONCTIONNEL D'UNE TRÈS GRANDE FRÉQUENCE AUX ÉTIOLOGIES NOMBREUSES (ALIMENTAIRES, IATROGÈNES, PHYSIOPATHOLOGIQUES : TROUBLES MÉTABOLIQUES, DYSKINÉSIE RECTO-ANALE…). SI LE TRAITEMENT ÉTIOLOGIQUE EST INDISPENSABLE, IL EST RECONNU QUE LE RÉÉQUILIBRAGE DU MICROBIOTE INTESTINAL PERMET D’AMÉLIORER LE TRANSIT.

Conseils de supplémentation :
privilégier les souches Bifidobacterium longum, Lactobacillus acidophilus, L. plantarum, L. salivarius, Lactococcus lactis, Streptococcus thermophilus.

COLIQUES DU NOURRISSON


PREMIÈRE CAUSE D’INCONFORT DU NOURRISSON, LES COLIQUES SE TRADUISENT PAR DES DOULEURS ABDOMINALES SPASMODIQUES (CONTRACTIONS MUSCULAIRES) QUI DÉCLENCHENT DES ACCÈS DE PLEURS INTENSES ET UN ÉTAT D’AGITATION, ACCOMPAGNÉS D’ÉMISSIONS DE GAZ. LES COLIQUES SONT ESSENTIELLEMENT DUES A ̀ L’IMMATURITÉ DU TUBE DIGESTIF ET DE LA FLORE INTESTINALE. PLUSIEURS ÉTUDES ONT D’AILLEURS MIS EN ÉVIDENCE UNE FLORE PAUVRE EN LACTOBACILLUS ET RICHE EN BACTÉRIES GRAM NÉGATIF CHEZ LES NOURRISSONS.

Conseils de supplémentation :
privilégier les souches Lactobacillus reuteri, Bifidobacterium lactis, Lactobacillus rhamnosus.


PROBIOTIQUES : CONSEIL DE PRISE

L’objectif étant de reconstituer le microbiote dominant qui compte 109 à 1011 bactéries par gramme, il faut importer une concentration de probiotiques du même ordre de grandeur.
Posologie chez l’adulte : 1 ou plusieurs prises par jour selon la spécialité, avec un liquide froid, à distance des repas, de préférence le matin à jeun ou le soir au coucher. A distance de la prise d’antibiotiques.
Chez l’enfant : 1 prise par jour, dans le premier biberon du matin non chauffé, dans un peu d’eau ou directement dans la bouche si la forme galénique le permet.
Durée : 1 mois idéalement en 1re cure, puis 10 jours par mois (2 ou 3 jours par semaine) en entretien. Dix jours en cas d’antibiothérapie.
La micronutrition s’accompagnant aussi de conseils nutritifs : privilégier les aliments fermentés (choucroute, produits laitiers fermentés : yaourts, lait Ribot, kefir…), les fibres et limiter l’alcool.§
MICROBIOTE
Ensemble des bactéries non pathogènes tapissant certaines muqueuses de l’organisme (intestinales, buccales, vaginales).
DYSBIOSE
Déséquilibre du microbiote associé à des conséquences néfastes pour l’hôte.


INFOS CLÉS

infos clés


LE MICROBIOTE INTESTINAL EST CONSIDÉRÉ COMME UN ORGANE À PART ENTIÈRE D’ENVIRON 2 KG.


• Le microbiote intestinal est considéré comme un organe à part entière d’environ 2 kg.

• Les probiotiques agissent aussi bien sur la diarrhée que la constipation.

• Les probiotiques doivent être pris purs ou avec un liquide froid, de préférence à distance des repas.


QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?


M. S., 65 ANS, EST TRAITÉ PAR CHIMIOTHÉRAPIE DANS LE CADRE D’UN CANCER ET PORTE UNE CHAMBRE IMPLANTABLE. SON MÉDECIN TRAITANT LUI A CONSEILLÉ DE PRENDRE DES PROBIOTIQUES POUR DIMINUER LES DIARRHÉES IATROGÈNES.


– J’AI DE ULTRALEVURE À LA MAISON. C’EST PAREIL ?


- ULTRALEVURE FAVORISE LA RESTAURATION DE LA FLORE INTESTINALE, TOUT COMME LES PROBIOTIQUES. MAIS CONTRAIREMENT À CES DERNIERS, CETTE LEVURE N’EXISTE PAS NATURELLEMENT DANS LE CORPS. IL S’AGIT D’UN CHAMPIGNON MICROSCOPIQUE SUSCEPTIBLE D’ENTRAÎNER UNE INFECTION CHEZ CERTAINES PERSONNES FRAGILISÉES ET NOTAMMENT CHEZ CELLES PORTEUSES D’UNE CHAMBRE IMPLANTABLE. DANS VOTRE CAS, IL EST DONC PRÉFÉRABLE DE PRIVILÉGIER D’AUTRES PROBIOTIQUES.


LE PHARMACIEN A-T-IL BIEN RÉPONDU ?


OUI. ULTRALEVURE CONTIENT UNE LEVURE, SACCHAROMYCES BOULARDII, ORGANISME VIVANT EXPOSANT À DES RISQUES D'INFECTION FONGIQUE SYSTÉMIQUE PAR TRANSLOCATION DIGESTIVE OU MANUPORTAGE. DE RARES CAS DE FONGÉMIES ONT ÉTÉ OBSERVÉS CHEZ DES PATIENTS HOSPITALISÉS, PORTEURS D'UN CATHÉTER VEINEUX CENTRAL, PRÉSENTANT UNE PATHOLOGIE SÉVÈRE, LE PLUS SOUVENT DIGESTIVE.

Par Eva Biniguer , pharmacienne

DANS LES TROUBLES NERVEUX  

La maman d’Elsa, 16 ans, est inquiète : - Ma fille ne se remet pas de sa rupture avec son petit copain ! Depuis deux semaines, elle pleure presque tous les jours. Qu’est-ce que je pourrais lui donner pour l’aider à remonter la pente ?– Elsa peut faire une cure de magnésium couplé aux vitamines du groupe B. Un apport de tyrosine est également conseillé en cas de perte de motivation. Je vous propose donc de lui donner, en plus, un complément alimentaire qui en contient. Enfin, Elsa doit enrichir son alimentation en acides gras oméga-3. Pour cela, vous pouvez ajouter de l’huile de colza dans ses plats.
Si les besoins nutritionnels du cerveau sont assurés principalement par l’oxygène et le glucose, les micronutriments ont un rôle de cofacteur indispensable à de nombreuses réactions enzymatiques locales. Ainsi, le cerveau utilise près de 40 nutriments différents pour assurer l’ensemble de ses fonctions.


DÉPRESSION LÉGÈRE ET TROUBLES DE L’HUMEUR

Plusieurs études confirment l’implication de l’alimentation dans l’étiologie de la dépression. Des conseils en micronutrition ont donc un intérêt en cas de troubles de l’humeur ou de dépression légère, permettant au pharmacien d’agir en amont de toute prescription médicale.
La micronutrition cible en priorité l’équilibre des trois principaux neurotransmetteurs impliqués dans l’humeur : la dopamine (le « starter »), la noradrénaline (l’accélérateur) et la sérotonine (le frein). Ainsi, certains compléments alimentaires sont spécialement conçus pour apporter les précurseurs (acides aminés) nécessaires à leur synthèse. Celle-ci nécessite également la présence de plusieurs vitamines, principalement du groupe B, et d’oligoéléments comme le magnésium,le zinc et le sélénium. Le fer joue également un rôle très important. L’apport en oméga-3 est un autre facteur important : d’une part pour leurs effets structuraux dans les membranes neuronales, et d’autre part pour leur effet anti-inflammatoire. En effet, l’inflammation chronique est responsable d’une inflammation intracérébrale entraînant une perturbation dans la synthèse des neurotransmetteurs et une altération des neurones et de leur renouvellement. Dans les états dépressifs avérés, on apportera principalement de l’EPA, le DHA ayant moins d’effet sur les symptômes déclarés. Le DHA sera davantage conseillé en prévention. Il joue cependant un rôle très important dans l’amélioration de la dépression du post-partum.
Conseils de supplémentation :
Supplémentation en oméga-3 :
– à raison de 250 mg de DHA et de 250 mg d’EPA par jour ;
– systématiquement chez la femme enceinte pendant toute la grossesse, et après l’accouchement pour prévenir la dépression du post-partum.
Supplémentation en acides aminés :
le questionnaire DNS (dopamine/noradrénaline/sérotonine), accessible auprès de l’IEDM, est un outil pratique permettant d’évaluer le déficit en certains neuromédiateurs.
En l’absence de traitement par psychotrope (risque d’intéraction avec les traitements antidépresseurs):
– en cas d’état dépressif associé à une grande fatigue présente dès le matin, une perte de motivation, privilégier un apport en tyrosine, précurseur de la dopamine, de l’adrénaline et de la noradrénaline. L’apport usuel est de 1 g de tyrosine par jour, soit sous forme de complément alimentaire, soit en augmentant la consommation d’aliments riches en tyrosine : produits laitiers, œufs, viande, poisson, amandes, noix de cajou, avocat, banane, graines de citrouille, graine de sésame, soja…
– en cas d’état dépressif associé à du stress, de la nervosité, une irritabilité, privilégier un apport en tryptophane, précurseur de la sérotonine. L’apport usuel est de l’ordre de 400 mg à 3 g par jour et peut dépasser 6 g/j en cas de dépression sévère (avis médical). Celui-ci peut se faire grâce à la prise d’un complément alimentaire, de préférence à distance d’un repas, ou en augmentant la consommation d’aliments riches en tryptophane : viande, volaille, poisson, produits laitiers, noix de cajou, soja, foie, graines de citrouille ou de melon d'eau, amandes, cacahuètes, levure de bière…
Une supplémentation complémentaire en vitamines du groupe B, en magnésium, en sélénium et en fer (selon les besoins) peut être proposée.


STRESS, ANXI É T É

Sur le plan biologique, le stress est une réaction normale d’adaptation de l’organisme destinée à répondre à une agression. Physiologiquement, il se traduit par une sécrétion accrue d’hormones et de neuromédiateurs (cortisol, adrénaline, noradrénaline…). La perception et la réponse face à un stress sont très variables d’un individu à l’autre. Un dysfonctionnement de la voie sérotoninergique semble augmenter la vulnérabilité au stress, devenant délétère pour l’organisme. En effet, le stress prolongé épuise les réserves en sérotonine du cerveau qui ont permis jusque-là de gérer la situation ; d’autre part, le cortisol diminue le tryptophane sanguin précurseur de la sérotonine.
De la même façon, un déficit important en magnésium est associé à une anxiété, une hyperémotivité, une irritabilité, une fatigue matinale, des maux de tête – voire des insomnies –, associés à des signes spasmophiliques (contractures musculaires, fourmillements…). Certaines vitamines du groupe B sont impliquées : la vitamine B5 qui favorise la résistance au stress et contribue à la synthèse des neurotransmetteurs, et la vitamine B6 qui participe au bon fonctionnement du système nerveux.
Conseils de supplémentation :
Apport en magnésium pendant 3 mois minimum, à raison de :
– 5 mg/kg/j chez un adulte ne présentant pas de signes spasmophiliques, soit 350 mg/j pour un individu de 70 kg,
– 10 mg/kg/j chez un adulte présentant des signes de spasmophilie ou chez la femme enceinte ou allaitante,
– 15 mg/kg/j chez l’enfant en période de croissance, soit 300 mg/j pour un enfant de 20 kg.
Supplémentation en vitamines du groupe B et notamment :
– en vitamine B5, à raison de 2,5 mg chez l’enfant de moins de 3 ans, de 3 à 5 mg chez l’enfant de plus de 3 ans, de 5 mg chez l’adulte et de 7 mg chez la femme allaitante,
– en vitamine B6, à raison de 1,8 mg/j chez l'homme, de 1,5 mg/j chez la femme, de 2 mg/j pour les femmes enceinte et de 2,2 mg/j pour les personnes âgées.
Des compléments alimentaires à base de tryptophane peuvent également être proposés en prise quotidienne. §
EPA
Acide eicosa-pentaénoïque, appartenant à la famille des oméga-3.
DHA
Acide docosa-hexanoïque, appartenant à la famille des oméga-3.



LE MAGNÉSIUM : UN SUPER OLIGOÉLÉMENT

le magnésium : un super oligoélément

• Le magnésium est un métal peu lourd qui existe au niveau du sol et dans certains aliments (chocolat, fruits de mer, noix et noisettes, légumes secs tels que les haricots, pois chiches, céréales complètes telles que l’orge, le seigle, le maïs…) principalement sous forme de sels.

• C’est un élément indispensable puisqu’il participe au fonctionnement de plus de 300 enzymes. Il joue un rôle essentiel au sein de la cellule, notamment dans :
– la synthèse de l’ADN et l’ARN,
– la synthèse d’ATP,
– les échanges entre les membranes cellulaires,
– la transmission de l’influx nerveux dans les muscles,
– le stockage et la libération de neurotransmetteurs.

• 98 % du magnésium est stocké à l’intérieur des cellules. Seul le dosage du magnésium intra-cellulaire reflète le véritable stock de l’organisme mais il est n’est effectué que dans des laboratoires spécialisés. L’observation des signes cliniques est donc plus pertinente pour déterminer un déficit qui se manifeste par une hyperexcitabilité musculaire qui peut se localiser à trois niveaux :
– cérébral : anxiété, hyperémotivité, irritabilité, fatigue matinale, maux de tête, insomnie,
– musculaire : crampe, tressautement des paupières, fatigabilité exagérée à l’effort musculaire, douleurs ou tremblements musculaires, fourmillements au niveau des lèvres ou des extrémités,
– thoracique et cardiaque : sensation de boule dans la gorge, oppression thoracique, palpitations,


INFOS CLÉS

infos clés

• Fatigue, perte de mémoire ou stress et anxiété sont souvent le signe que le cerveau souffre d'un déficit en micronutriments.

• Une supplémentation en magnésium est à conseiller pendant 3 mois minimum pour obtenir des bénéfices satisfaisants.

• Dépression légère : supplémentation en acides aminés, en oméga 3 et vitamines du groupe B.

• Stress, anxiété : supplémentation en vitamines B.


TESTEZ-VOUS

testez-vous

VRAI/ FAUX

Vrai/ Faux

L’HUILE DE NOIX, DE COLZA ET DE LIN SONT RICHES EN OMÉGA-3 ?

L’huile de noix, de colza et de lin sont riches en oméga-3 ?
Réponse : vrai.
Par Eva Biniguer , pharmacienne

DANS LES TROUBLES CUTANÉS  

« NON À L’ECZÉMA ! »

Camille, 33 ans, a accouché il y a un mois : - Ma petite Ambre a les joues toutes sèches ! J’ai peur qu’elle fasse de l’eczéma comme son grand frère… A part hydrater sa peau tous les jours, qu’est-ce que je peux faire ?– La prise quotidienne de probiotiques permet de diminuer les risques d’eczéma et de poussées sévères. En effet, chez le jeune enfant, la flore intestinale immature entraine un déséquilibre immunitaire qui se manifeste par des états allergiques, dont l’eczéma. La première prévention de l’atopie est donc de rétablir une flore digestive optimale. L’apport d’oméga-3 est également importante pour améliorer l’état cutané.
La micronutrition peut accompagner la prise en charge des pathologies dermatologiques.


DERMATITE ATOPIQUE

Maladie cutanée inflammatoire prurigineuse chronique, la dermatite atopique est la première dermatose de l’enfant, touchant 6 à 16 % des nourrissons dès l’âge de 3 mois. D’un point de vue physiopathologique, on retrouve systématiquement un défaut de barrière cutanée (évaporation de l’eau intracutanée, pénétration des allergènes), des anomalies des lipides cutanés (défaut d’oméga-3 et excès d’oméga-6), et des déficiences du système immunitaire (hyperproduction d’IgEmédiateurs de l’inflammation et accentuation des mécanismes d’hypersensibilité). Multifactorielle, la dermatite atopique découle à la fois de facteurs génétiques et environnementaux.
La découverte de l’implication de l’intestin et de sa flore dans de nombreux mécanismes immunitaires et inflammatoires a mené les scientifiques à évoquer de nouvelles perspectives de prévention et de thérapeutique grâce aux probiotiques. Les probiotiques semblent pouvoir jouer un rôle en prévention de l’eczéma atopique, en assurant une diversification précoce du microbiote intestinal et un rétablissement rapide de l’équilibre lymphocytaire Th1/Th2 (voir encadré). L’excès physiologique de Th2 les premiers mois de la vie est en effet associé à une sensibilité particulière aux allergènes, expliquant une déviation rapide du système immunitaire vers la voie de l’atopie.
Par ailleurs, l’eczéma atopique est associée à la fois à une xérose (sécheresse cutanée due à des altérations lipidiques) et à un déficit en delta-6-désaturase, enzyme clé du métabolisme local, entraînant une diminution des métabolites de l’acide alpha-linolénique et de l’acide alpha-linoléique. La correction de ces anomalies cutanées semble pouvoir être envisagée grâce à un apport exogène d’acides gras essentiels polyinsaturés (AGPI). Précurseurs de la synthèse des prostaglandines anti-inflammatoires, les AGPI oméga-3 pourraient également réguler les phénomènes inflammatoires à l’origine des lésions épidermiques.
Conseils de supplémentation :
Cure de probiotiques à raison d’une prise quotidienne pendant au minimum un mois, puis entretien de la flore par des cures de 10 jours par mois jusqu’à l’âge de 2 ans. Dans les affections allergiques, les souches probiotiques à privilégier sont : Lactobacillus rhamnosus (diminution du TNF alpha), Bifidobacterium lactis Bb12, Lactobacillus paracasei (diminution des pathologies allergiques) et Lactobacillus acidophilus (diminution du taux d’éosinophiles).
Supplémentation en acides gras oméga-3 à raison de :
– 0,32 % des acides gras totaux en DHA pour l’enfant de 0 à 6 mois (choisir un lait infantile enrichi en oméga 3, enrichir l’alimentation de la maman en poissons gras si allaitement) ;
– 70 mg de DHA par jour pour l’enfant de 6 mois à 3 ans ;
– 125 mg de DHA et 250 mg d’EPA par jour pour l’enfant de 3 à 9 ans ;
– 250 mg de DHA et 500 mg d’EPA par jour pour l’enfant de 10 à 18 ans.


ACN É

Maladie du follicule pilo-sébacé, l'acné est une dermatose inflammatoire chronique aux répercussions cutanées et psychologiques parfois importantes.
D’un point de vue physiopathologique, on retrouve systématiquement une hyperséborrhée, une kératinisation du follicule pilosébacé et une inflammation folliculaire associée à une pullulation microbienne de Proprionibacterium acnes. Des troubles hormonaux (hyperandrogénie) sont également incriminés.
L’arsenal thérapeutique de l’acné associe des topiques médicamenteux à des traitements par voie orale. Une supplémentation en zinc est également proposée pour diminuer la composante inflammatoire de l’acné : le zinc diminuerait le chimiotactisme des polynucléaires. Des études suggèrent également qu’un apport en vitamines du groupe B contribuerait au maintien d’une peau normale : les vitamines B2 et B8 aident au maintien de l’état cutané, les vitamines B5 et B6 contribuent à réguler la synthèse et l’activité des hormones stéroïdes, la vitamine B6 potentialise le pouvoir inhibiteur du zinc sur la 5 alpha-réductase (précurseur de la testostérone). Enfin, l’apport d’antioxydants (sélénium, vitamines C et E) permettrait de limiter le stress oxydatif local.
Conseils de supplémentation :
Supplémentation en zinc, à raison d’une dose journalière de 30 mg, à prendre à distance des repas. La dose quotidienne maximale à ne pas dépasser est de 40 mg (au-delà : absence de bénéfices).
Supplémentation en vitamines du groupe B :
– vitamine B2 (riboflavine), allégation reconnue pour un apport minimal de 0,21 mg pour 100 mg, 100 ml ou par portion. Apport quotidien recommandé de 1,5 mg par jour pour un adulte ;
– vitamine B8 (biotine), allégation reconnue pour un apport minimal de 7,5 µg pour 100 mg, 100 ml ou par portion. Apport usuel dans les pathologies de peau et des phanères de 15 mg par jour pour un adulte ;
– vitamine B5 (acide panthoténique), allégation reconnue pour un apport minimal de 0,9 mg pour 100 mg, 100 ml ou par portion. Apport quotidien recommandé de 5 mg par jour pour un adulte.
– vitamine B6 (pyridoxine), allégation reconnue pour un apport minimal de 0,21 mg pour 100 mg, 100 ml ou par portion. Apport usuel de 35 à 140 mg par jour pour un adulte. §

LES CAROTÉNOÏDES : PROTECTION DE LA PEAU ET DES YEUX

Les caroténoïdes : protection de la peau et des yeux

• Les caroténoïdes sont des pigments végétaux responsables des couleurs rouges, orangées, jaunes et vertes des végétaux. Cette vaste famille de substances liposolubles se divise en deux sous-familles :
– les provitamines A, tels que le béta-carotène, l’alpha-carotène, la béta-cryptoxanthine présents en quantité importante dans les carottes, les oranges, les brocolis…
– les autres caroténoïdes, tels que la lutéine, la zéaxanthine, le lycopène, l’astaxanthine présents en quantité importante dans les épinards, les kiwis, les tomates, les pastèques, les algues, les crustacés…

• D’origine exclusivement alimentaire, les caroténoïdes jouent un rôle antioxydant majeur. De récentes études ont également mis en évidence leur implication dans la communication cellulaire. Enfin, ils interviendraient dans la régulation des défenses immunitaires de l’organisme.

• Au niveau cutané, les caroténoïdes neutralisent les radicaux libres formés sous l’effet des rayonnements ultraviolets, les empêchant d’interagir avec les lipides membranaires et ainsi d’interrompre les procédés de peroxydation lipidique responsables de dommages cutanés importants. Ils ralentissent également la dégradation de la mélanine, pigment biologique protecteur contre les UV.

• Dans l’œil, la lutéine et la zéaxanthine, sont des nutriments spécifiques de la rétine ; leur concentration y est 30 à 10 000 fois plus élevée que dans d’autres tissus. Les propriétés de la lutéine et de la zéaxanthine, confèrent au pigment maculaire un rôle physique de filtration de la composante bleue de la lumière solaire et un rôle biochimique antioxydant local. Les différentes études sur le sujet suggèrent qu’un apport élevé en lutéine et zéaxanthine contribuerait de manière significative à̀ réduire le risque de DMLA sévère.

• Les doses recommandées sont de l’ordre de 6 à 10 mg/jour et ne doivent pas dépasser 20 mg/jour, en tenant compte des caroténoïdes apportés par les aliments.


INFOS CLÉS

infos clés

• Les anomalies du système immunitaire rencontrées dans l’atopie sont directement corrélées à la nature de la flore intestinale.

• Eczéma : conseiller des probiotiques et des oméga-3 (DHA et EPA).

• Acné : conseiller du zinc, des vitamines B2, B8, B5 et B6.


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VRAI/ FAUX

Vrai/ Faux

LA DOSE JOURNALIÈRE USUELLE DE ZINC POUR LE TRAITEMENT DE L’ACNÉ EST DE 20 MG.

La dose journalière usuelle de zinc pour le traitement de l’acné est de 20 mg.
Réponse : faux. La dose journalière de zinc est de 30 mg.

Par Eva Biniguer , pharmacienne

CAS PARTICULIERS  

« QUE FAIRE CONTRE L’ARTHROSE ? »

Monsieur D., 65 ans :- J’ai très souvent mal au genou à cause de mon arthrose ! Je passe déjà mon temps à prendre du paracétamol et des anti-inflammatoires, et ne vois pas ce que je pourrais prendre d’autre ! – Je peux vous proposer des antiarthrosiques d’action lente qui diminuent les symptômes, ralentissent le phénomène de destruction articulaire et qui pourraient réduire votre consommation d’antalgiques.

ARTHROSE

L’arthrose est une pathologie dégénérative du cartilage. D’origine multifactorielle, elle se manifeste généralement à partir de 50 ans. S’il n’existe pas de traitement curatif de l’arthrose, il est possible d’en soulager les symptômes et de prévenir son aggravation. Avec les traitements médicamenteux ou les mesures antiarthrosiques (maintien d’une activité physique, aides techniques…), l’approche micronutritionnelle peut montrer un intérêt.
Deux substances peuvent être conseillées :
– la glucosamine, formée à partir de glucose et de glutamine, est associée à un ralentissement de la destruction du cartilage et une diminution des symptômes (douleur et handicap fonctionnel), permettant une baisse de la consommation d’antalgiques et une amélioration de la qualité de vie ;
– la chondroïtine, constituant essentiel du cartilage et naturellement produite par l’organisme, diminue les symptômes inflammatoires en favorisant la reconstruction du cartilage et en inhibant partiellement les métalloprotéinases destructrices du cartilage.
Conseils de supplémentation :
Supplémentation en glucosamine : 1500 mg/j de sulfate de glucosamine (dosage physiologique actif) pendant 3 mois minimum (délai d’action retardé mais rémanent).
Supplémentation en chondroïtine : 1 200 mg/j pendant 3 mois minimum (délai d’action retardée mais rémanent).
Conseiller également d’augmenter les apports en oméga-3, anti-inflammatoires, et en vitamine C, impliquée dans la synthèse du collagène du cartilage et du tissu conjonctif.


OSTÉOPOROSE

L’ostéoporose est une ostéopathie fragilisante diffuse du squelette qui résulte d’une diminution progressive de la masse osseuse, et d’altérations qualitatives du tissu osseux. L’âge et la carence hormonale en sont les déterminants essentiels.
Des facteurs alimentaires sont incriminés : insuffisance d’apports en calcium (le squelette contenant 99 % du calcium de l’organisme) et en vitamine D (permettant l’assimilation du calcium au niveau digestif et sa fixation au niveau osseux), alimentation trop riche en sodium augmentant l’élimination urinaire du calcium, régimes hyperprotéiques acidifiants (pauvres en fruits et légumes et privilégiant les viandes, fromages, produits céréaliers…) à l’origine d’une fuite de minéraux.
Conseils de supplémentation :
Supplémentation en calcium :
– chez l’adulte, les apports nutritionnels conseillés (ANC) sont de 900 mg par jour,
– chez les femmes ménopausées et/ou de plus de 55 ans, et les hommes de plus de 65 ans, les apports quotidiens optimaux sont de 1 200 mg par jour.
Certaines études suggèrent que la supplémentation pharmacologique en calcium pourrait s’accompagner d’une élévation des événements cardio-vasculaires, essentiellement chez les sujets dont l’apport calcique alimentaire spontané était déjà suffisant. En pratique, il est donc souhaitable d’évaluer les apports alimentaires (autoquestionnaire disponible sur le site du Groupe de recherche et d’information sur les ostéoporoses : grio.org), et d’adapter en fonction du résultat la dose de la supplémentation (consulter la table Ciqual de l’Anses qui donne la composition nutritionnelle des aliments sur pro.anses.fr/tableciqual).
Supplémentation en vitamine D : les apports quotidiens conseillés sont de 200 UI/j chez les adultes et les enfants de plus de 3 ans, et de 400 à 600 UI/j chez la personne âgée. Les apports atteignent 800 à 1000 UI/j en présence de facteurs de risques d’ostéoporose.
Des suppléments nutritionnels à base de minéraux alcalinisants (citrates, gluconates et carbonates de potassium, de magnésium, de fer, de manganèse) peuvent également être proposés pour rétablir l'équilibre acidobasique.
Une alimentation riche en fruits et légumes doit également être privilégiée.


MALADIES CARDIOVASCULAIRES

Elles représentent, en France, la première cause de mortalité chez les femmes et les personnes de plus de 65 ans. Elles résultent d’un processus complexe initié par des lésions de l’endothélium des artères, une accumulation de lipides dans la paroi vasculaire et l’initiation de réactions inflammatoires favorisant la rupture de la plaque d’athérome à l’origine d’un thrombus.
Plusieurs études d’observation ont montré une fréquence de maladies cardiovasculaires bien inférieure chez les sujets consommant des oméga-3 (EPA ou DHA) par rapport aux sujets n’en consommant pas. D’un point de vue physiologique, les acides gras oméga-3 ont des effets spécifiques sur chacun des processus biologiques hémodynamiques. Ainsi, la consommation d’oméga-3 est associée à une diminution de la pression artérielle, des triglycérides sanguins et de la concentration en fibrine plasmatique, et à une amélioration des paramètres inflammatoires, tels que la CRP et les cytokines pro-inflammatoires. Une relation inverse entre la consommation d’EPA-DHA et la mortalité totale, les décès d’origine cardiaque, les taux de morts subites et possiblement les AVC, a également été mise en évidence. Enfin, plusieurs essais ont montré un effet des oméga-3 sur la régulation du rythme cardiaque. L’ensemble des effets cardiovasculaires sont dose-dépendants.
Conseils de supplémentation :
Supplémentation en oméga-3 :
– pour la population générale, un apport quotidien de 250 mg d’EPA et de 250 mg de DHA est nécessaire pour obtenir des résultats significatifs,
– pour les sujets à risque cardiovasculaire, l’apport en EPA-DHA doit être au minimum de 750 mg par jour, voire augmenté à 2 g en cas d’hypertriglycéridémie, et à 3 g en cas d’hypertension artérielle ou d’antécédents d’accidents cardiovasculaires, sans dépasser 5 g par jour. §

INFOS CLÉS

infos clés


A PARTIR DE 55 ANS CHEZ LA FEMME ET 65 ANS CHEZ L’HOMME, LES APPORTS CALCIQUES DOIVENT ÊTRE SYSTÉMATIQUEMENT AUGMENTÉS POUR ATTEINDRE 1 200 MG PAR JOUR.


• A partir de 55 ans chez la femme et 65 ans chez l’homme, les apports calciques doivent être systématiquement augmentés pour atteindre 1 200 mg par jour.

• La glucosamine et la chondroïtine peuvent présenter un intérêt en complément des autres mesures antiarthrosiques.

• Chez les sujets à risque cardiovasculaire, l’apport en EPA-DHA est au minimum de 750 mg et peut atteindre 2 à 3 g par jour.


QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?


M ME D., 66 ANS, DIABÉTIQUE ET HYPERTENDUE, SOUHAITE AUGMENTER SES APPORTS EN OMÉGA-3.


– JE VOUDRAIS COMMANDER DES GRAINES DE LIN. J’AI LU DANS UN MAGAZINE QU’ELLES SONT RICHES EN OMÉGA-3. COMME JE N’AIME PAS LE POISSON, ÇA COMPENSERA !


– EN EFFET, LES GRAINES DE LIN SONT RICHES EN OMÉGA-3. SI VOUS EN PRENEZ EN QUANTITÉ SUFFISANTE, ÇA VOUS APPORTERA LA DOSE D’OMÉGA-3 DONT VOUS AVEZ BESOIN POUR OBTENIR DES BÉNÉFICES CARDIOVASCULAIRES !


LE PHARMACIEN A-T-IL BIEN RÉPONDU ?


NON. LES GRAINES DE LIN CONTIENNENT UNIQUEMENT DE L’ACIDE ALPHA-LINOLÉNIQUE (ALA) QUI SERA CONVERTI AU MAXIMUM À Hdiv DE 15 % EN EPA ET DHA. LA CONSOMMATION SEULE D’OMÉGA-3 D’ORIGINE VÉGÉTALE NE PERMET PAS D’OBTENIR DES DOSES D’EPA-DHA EFFICACES D’UN POINT DE VUE CARDIOVASCULAIRE. LE PHARMACIEN AURAIT DÛ PROPOSER, EN PLUS DES GRAINES DE LIN MOULUES, UN COMPLÉMENT ALIMENTAIRE À BASE D’HUILES DE POISSONS RICHES EN EPA-DHA À PRENDRE AU COURS DU REPAS.

Par Eva Biniguer , pharmacienne

« LA MICRONUTRITION PERMET D’APPROFONDIR MON TRAVAIL DE PHARMACIEN. »

Pourquoi avoir choisi de développer la micronutrition à l’officine ?
C’est une solution pour approfondir le travail du pharmacien, que je trouve incomplet, porté essentiellement sur la pharmacologie. Je suis professionnelle de santé, mon rôle est de faire de la prévention et de l’accompagnement des patients : la micronutrition permet d’éviter l’installation de certaines pathologies métaboliques principalement et de limiter les effets secondaires liés aux traitements. Elle agit en amont de toute pathologie, en se chargeant principalement des déficits (à ne pas confondre avec les carences, pathologiques, qui doivent être prises en charge par un médecin).

Comment avez-vous mis en place des entretiens de micronutrition à l’officine ?
Cela commence par un changement d’état d’esprit de l’équipe. Mon équipe a tout de suite montré de la curiosité. J’ai effectué pour chaque membre un entretien individuel en micronutrition qui a plu. Elle est formée, et maintenant ce sont elles qui recrutent les patients ou planifient les rendez-vous.
Le recrutement des patients a été progressif. J’ai commencé à faire des entretiens pour des patients avec qui la confiance était établie, puis le bouche à oreille a fonctionné. A ce jour j’ai accompagné plus de 200 patients et réalisé plus de 1 000 entretiens. Mais cela a nécessité de réorganiser la routine quotidienne de la vie officinale.

Comment se déroule un entretien ?
J’ai commencé les entretiens de micronutrition avant l’existence des entretiens pharmaceutiques AVK, j’ai donc dû établir des protocoles qui ont évolué au fur et à mesure de mon expérience, et le DU de micronutrition que j’ai suivi m’a donné plus d’assurance. Je prévois 4 entretiens individuels à un mois d’intervalle, le premier d’une heure, puis 3 entretiens d’une demi-heure. Je note mot pour mot pourquoi les patients viennent et ce qu’ils attendent. Au 4e entretien nous faisons une analyse par rapport à l’objectif initial. Puis je revois les patients régulièrement après 6 mois ou 1 an. Les entretiens sont rémunérés : 46 € pour le premier, 23 € les suivants – des tarifs qui rendent mon travail crédible – et les patients l’acceptent bien. Je tiens un dossier pour chaque patient et je fais un compte-rendu aux médecins en cas de nécessité.

Qu’est-ce que cette expérience vous apporte ?
C’est un bon retour sur investissement, qui a largement rentabilisé les frais du DU, des formations, et du matériel. Le rayon micronutrition s’est également bien développé. Cela permet aussi d’ouvrir la pharmacie vers l’extérieur : j’ai pu par exemple faire des interventions dans les écoles maternelles et primaires pour apprendre aux enfants à bien manger.
Maud Mingeau, pharmacienne, micronutritionniste à Pouilly-sur-Loire (Nièvre).

L’ESSENTIEL À RETENIR

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