« Je voudrais une crème solaire » - Le Moniteur des Pharmacies n° 3184 du 01/07/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3184 du 01/07/2017
 

Expertise

Dialogue

Auteur(s) : MATTHIEU DRUEL 

L’arrivée des beaux jours ne doit pas faire oublier qu’une exposition solaire excessive peut avoir des conséquences parfois graves. Quelques conseils suffisent pour garantir une protection et un comportement adaptés.

1 Savez vous l'utiliser ?

ANNA, 18 ANS : Je voudrais un complément alimentaire pour préparer ma peau au soleil.

LE PHARMACIEN : Vous avez aussi pensé à une protection solaire…

- C’est vraiment nécessaire ?

Les compléments alimentaires dits préparateurs solaires (Œnobiol, Phytobronz…) contiennent des caroténoïdes (pour le hâle), des huiles (bourrache, onagre… contre le dessèchement cutané) et des antioxydants (contre les radicaux libres et le vieillissement cutané). Ils sont à débuter 15 jours avant l’exposition solaire et à prolonger 15 jours après. Le hâle superficiel qu’ils induisent ne protège pas des effets néfastes profonds des UV et ne dispense pas du recours à une protection solaire adaptée en fonction du phototype et de l’indice UV.

MARC, 35 ANS : Il me faudrait un petit tube de crème solaire.

LE PHARMACIEN : Un petit tube… pour le week-end ?

- Non, pour 15 jours, mais je déteste mettre de la crème.

Pour une personne de corpulence moyenne (1,75 m et 65 kg) en maillot, une protection solaire efficace implique d’utiliser l’équivalent de 6 cuillères à café de produit (2 mg/cm²) par application. La répartition doit être uniforme, sans oublier les oreilles, la nuque, l’arrière des genoux et les pieds. Renouveler l’application toutes les 2 heures et après chaque baignade ou activité physique intense, sur peau séchée (60 à 90 % d'efficacité en moins sur peau mouillée sauf galénique adaptée). L’application d’une protection solaire ne doit pas être liée à une augmentation du temps d'exposition. Proposer une formulation peu grasse, fluide et/ou en spray peut faciliter l’acceptation du produit.

2 A qui cela s’adresse t-il ?

EMMA, 28 ANS : Je ne trouve pas de produit solaire pour mon enfant.

LE PHARMACIEN : Quel âge a-t-il ?

- 5 mois.

Même si leur usage est envisageable, aucun produit solaire n'est testé sur les enfants de moins de 6 mois. Avant l’âge de 3 ans, il est recommandé de ne pas exposer un enfant au soleil ni à la chaleur. Les mesures de protection sont impératives : vêtements (tee-shirt à maille serrée, chapeau, lunettes de soleil), haute protection sur les parties non couvertes, parasol, en évitant les heures les plus chaudes (de 11 heures à 16 heures). Le temps d'exposition et les coups de soleil avant 15 ans augmentent le risque de cancer cutané. Chez les jeunes enfants et les patients sensibles, on privilégie un produit peu allergisant, sans parfum et contenant un filtre minéral qui ne pénètre pas la peau.

3 Quel est le condiv ?

FLORE, 30 ANS, ENCEINTE : Je crois que j'ai un coup de soleil sur les joues et le front. Il me faut de la Biafine.

LE PHARMACIEN : Vous ne vous êtes pas protégée ?

- Non, mais je me suis à peine exposée.

Le melasma (ou masque de grossesse) est une hyperpigmentation cutanée symétrique (front, tempes, joues) sous influence hormonale (grossesse, pilule). Il peut être observé dès le 4e mois de grossesse et disparaît généralement 6 à 18 mois après l’accouchement. L'exposition solaire peut l'aggraver et retarder sa disparition. Durant la grossesse, recommander une exposition raisonnable et l’application d’un produit solaire haute protection. Il est préférable d’éviter les filtres organiques dont certains peuvent perturber le système hormonal. Les écrans minéraux sont à privilégier, en évitant ceux sous forme de nanoparticules qui pourraient passer la barrière cutanée avec une suspicion d’effets systémiques.

4Prenez-vous d'autres médicaments ?

STACY, 22 ANS : Je cherche une crème hydratante avec un petit indice solaire.

LE PHARMACIEN : Suivez-vous un traitement ?

- Oui, je suis sous Procuta.

Il convient de protéger les lésions acnéiques ainsi que toute cicatrice récente (moins d’un an) du soleil pour éviter une pigmentation définitive. Sous traitement photosensibilisant, un indice de protection solaire trop faible (< 50+), expose à une dermatite actinique de gravité variable. Par ailleurs, un arrêt du traitement peut être envisagé sous contrôle médical pendant l'exposition associé à une photo-protection adaptée. Ceci pour éviter un effet rebond après l'amélioration provisoire de l'acné sous l’effet des UV. Si l'arrêt est impossible (fluoroquinolone, cyclines, amiodarone...), recommander une protection vestimentaire et solaire haute protection sur les zones non couvertes. Toute réaction cutanée doit orienter vers un dermatologue. 

L’ESSENTIEL SUR LES TRAITEMENTS 

Si l'absence d'exposition au soleil est délétère (hypovitaminose D), une exposition solaire excessive peut entraîner l’apparition de dermatite actinique, d’un vieillissement cutané prématuré, de mélanome ou carcinome... Un produit solaire adapté doit combiner une protection efficace contre les effets néfastes du soleil et un confort d’application. On distingue trois critères de choix : le type de filtre, la forme galénique, l'indice de protection solaire.
Les filtres
Un produit solaire contient souvent plusieurs filtres afin d’obtenir un large spectre de protection anti-UV et associe parfois filtres chimiques et filtres minéraux.
Filtres chimiques : il s’agit de molécules possédant un noyau aromatique qui absorbe l’énergie du rayonnement UV. Ils pénètrent dans l’épiderme. Une application 30 minutes avant l’exposition au soleil est préconisée.
Des précautions d’emploi ? A éviter sur les peaux sensibles, car certaines molécules peuvent provoquer irritations et intolérances locales (ex : PABA, Padimate O), et chez la femme enceinte en raison d’effets perturbateurs hormonaux (ex : benzophénone-3, 4-MBC, 3-BC).
Filtres minéraux : ces microparticules minérales restent à la surface de la peau, en formant un film blanchâtre, et agissent comme une barrière qui réfléchit les rayonnements UV.
Des précautions d’emploi ?L’innocuité des nanoparticules transparentes d’oxyde de zinc et d’oxyde de titane est non établie à long terme, avec un éventuel passage transcutané et la suspicion d’effets systémiques, notamment cancérigènes.

les Formes galéniques
Les sticks sont adaptés aux zones surexposées du visage ainsi qu’aux taches pigmentaires, naevi, cicatrices…
Pour le corps et les zones pileuses, préférer une texture fluide (gel, émulsion fluide, lait). Les brumes sont contre-indiquées chez l’enfant de moins de 15 ans et les patients asthmatiques.
Pour les peaux grasses choisir les formes peu comédogènes.
Les huiles présentent une bonne rémanence à l’eau et à la transpiration.

Le facteur de protection solaire
Le facteur de protection solaire (FPS ou sun protection factor ¬ SPF) définit la protection contre les UVB. Il existe 4 types de photoprotection : faible (SPF 6 ou 10), moyenne (SPF 15, 20 et 25), haute (SPF 30 ou 50), très haute (SPF 50+).
La protection UVA minimale doit représenter 1/3 du SPF.
Le choix du facteur de protection solaire se fait selon deux critères* : le phototype cutané qui se définit en fonction de la réactivité cutanée à l’exposition solaire, et le type d’exposition solaire qui dépend du lieu et du mode de vie ainsi que des activités pratiquées.

* « Guide pour le choix d'un produit de protection solaire », ANSM, juin 2008, ansm.sante.fr.
Conseils
– Éviter d'exposer un coup de soleil ou, à défaut, le protéger avec une très haute protection solaire.
– Ne pas appliquer de parfum ou de déodorant, potentiellement photosensibilisants.
– Se protéger les yeux avec une protection anti-UV portant le marquage CE.


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