Cahiers Formation du Moniteur
Ordonnance
Auteur(s) : CAHIER COORDONNÉ PAR NATHALIE BELIN ET ALEXANDRA BLANC , PHARMACIENNES, SOUS LA RESPONSABILITÉ DE FLORENCE BONTEMPS , DIRECTRICE SCIENTIFIQUE
MME V., 58 ANS, DÉBUTE UN TRAITEMENT PAR TARCEVA
RÉCEPTION DE L’ORDONNANCE
POUR QUI ?
Mme V., 58 ans.PAR QUEL MÉDECIN ?
Un médecin oncologue hospitalier.L’ORDONNANCE EST-ELLE CONFORME À LA LÉGISLATION ?
Oui, l’erlotinib doit être prescrit sur une ordonnance hospitalière par un spécialiste en oncologie ou en hématologie.QUEL EST LE CONdiv DE L’ORDONNANCE ?
QUE SAVEZ-VOUS DE LA PATIENTE ?
Mme V., sans emploi, a arrêté de fumer il y a une dizaine d’années, après avoir été une « petite fumeuse » (5 à 6 cigarettes par jour). Depuis plusieurs mois, son état de santé se détériore : une perte de poids, une fatigue et une toux associée à des crachats de sang, l’ont conduit à consulter son médecin généraliste.QUE LUI A DIT LE MÉDECIN ?
Les analyses moléculaires ont montré la présence de certains récepteurs qui rendent la tumeur sensible à un traitement anticancéreux « ciblé », dirigé spécifiquement contre ces récepteurs. Le médecin a expliqué que des effets indésirables étaient fréquents avec ce traitement, mais que l’on pouvait les limiter avec des médicaments symptomatiques adaptés.VÉRIFICATION DE L’HISTORIQUE PATIENT
Mme V. ne prend aucun traitement de fond particulier. L’historique révèle quelques délivrances ponctuelles de Gaviscon à la suite de « brûlures d’estomac » occasionnelles.LA PRESCRIPTION EST-ELLE COHÉRENTE ?
QUE COMPORTE LA PRESCRIPTION ?
L’erlotinib est un antinéoplasique de la famille des inhibiteurs de tyrosine kinase (ITK) ciblant l’EGFR (récepteur du facteur de croissance épidermique), notamment indiqué dans certains cancers bronchiques.EST-ELLE CONFORME AUX RÉFÉRENTIELS ?
Oui. L’erlotinib est indiqué en traitement de première ligne des formes localement avancées ou métastatiques du CBNPC chez les patients présentant des mutations activatrices de l’EGFR.Y A-T-IL DES MÉDICAMENTS À MARGE THÉRAPEUTIQUE ÉTROITE ?
Non.Y A-T-IL DES CONTRE-INDICATIONS POUR LA PATIENTE ?
Non. Il n’y a pas de contre-indications particulières à l’emploi de l’erlotinib. Mme V. ne présente pas non plus de contre-indications aux autres traitements prescrits, en particulier pas de troubles du rythme qui déconseilleraient la prescription du métoclopramide.LES POSOLOGIES SONT-ELLES COHÉRENTES ?
Oui. Dans le cancer du poumon, l’erlotinib s’emploie à la dose de 150 mg par jour.Y A-T-IL DES INTERACTIONS ?
Non. Cependant l’erlotinib est un substrat du CYP 3A4 et à un degré moindre du CYP 1A2, d’où de nombreuses interactions médicamenteuses potentielles.LE TRAITEMENT NÉCESSITE-T-IL UNE SURVEILLANCE BIOLOGIQUE PARTICULIÈRE ?
Oui. Un suivi des fonctions rénale et hépatique est mis en place. Par ailleurs, la tolérance clinique de l’erlotinib est évaluée régulièrement. Des effets indésirables importants (diarrhée ou mucite sévère par exemple) nécessitent une diminution de posologie, voire un arrêt du traitement.QUELS CONSEILS DE PRISE DONNER ?
CONCERNANT L’ERLOTINIB
Des conseils de prise et des recommandations sur les effets indésirables possibles du traitement sont à donner.UTILISATION
Les comprimés doivent être avalés avec de l’eau exclusivement, à distance des repas. Après discussion, une prise en milieu de matinée semble le plus facile à gérer pour Mme V. Comme avec tous les anticancéreux, recommander de bien se laver les mains après chaque manipulation des comprimés.QUE FAIRE EN CAS D’OUBLI ?
En cas d’oubli ou de vomissements, il est préférable de ne pas rattraper la dose. Signaler l’oubli au médecin. Ne surtout pas doubler la dose suivante.LA PATIENTE POURRA-T-ELLE JUGER DE L’EFFICACITÉ DU TRAITEMENT ?
Non. Un scanner sera réalisé tous les 3 mois afin de suivre l’évolution de la tumeur et des métastases. Le traitement est poursuivi tant qu’il est efficace et correctement toléré par le patient. En cas de progression tumoral, l’ITK doit être arrêté : selon le cas, une chimiothérapie conventionnelle, voire une autre thérapie ciblée sera alors envisagée.QUELS SONT LES PRINCIPAUX EFFETS INDÉSIRABLES ?
Les effets indésirables les plus fréquents sont les troubles cutanés (éruption cutanée, acné, sécheresse cutanée, toxicité unguéale, démangeaisons…) et des diarrhées. Les dyspepsies, nausées et vomissements sont moins fréquents. Des troubles oculaires (sécheresse oculaire, voire kératite, allongement des cils) sont possibles. Des mucites, des céphalées, des ulcérations gastriques et des infections pulmonaires sont également rapportées.QUELS SONT CEUX GÉRABLES À L’OFFICINE ?
Des conseils hygiénodiététiques doivent accompagner les troubles digestifs. Hydratation suffisante en cas de diarrhée (2 litres par jour) et alimentation pauvre en fibres (type jambon, viande blanche, pâtes, riz, carottes cuites...) ; fractionnement des repas en cas de nausées, en évitant les aliments gras et/ou odorants.QUELS SIGNES NÉCESSITERAIENT D’APPELER LE MÉDECIN ?
Des signes d’infection pulmonaires (fièvre, toux, difficultés à respirer…), des troubles cutanés sévères (réactions bulleuses...), des diarrhées non contrôlées par le traitement symptomatique (plus de 3 à 4 par jour), l’apparition d’aphtes (prescription de bain de bouche au bicarbonate seul). Ces effets indésirables peuvent nécessiter une adaptation de la posologie, voire un arrêt du traitement.CONCERNANT LES AUTRES TRAITEMENTS
La doxycycline peut être débutée en même temps que l’ITK. En cas de prurit, la cétirizine sera prise à la demande.CONSEILS COMPLÉMENTAIRES
Les thérapies ciblées donnent de bons résultats, mais une bonne observance du traitement est essentielle. Déconseiller toute automédication (millepertuis, AINS…), ainsi que la prise de pamplemousse. Signaler le traitement à tout professionnel de santé pour éviter les risques d’interactions médicamenteuses.
qu’en pensez-vous ?
A quel moment la prise de l’ITK doit-elle se faire ?
1) Quand la patiente le souhaite, mais à heure régulière chaque jour.
2) Systématiquement avec une prise alimentaire.
3) A distance d’un repas.
Réponse : la prise concomitante d’aliments augmente la biodisponibilité de l’erlotinib et de fait ses effets indésirables. Il est donc recommandé de prendre le médicament à distance d’un repas, au moins 1 heure avant ou deux heures après. Il fallait choisir la troisième proposition.
D’une manière générale, le moment de prise des ITK est très variable d’une molécule à l’autre. Beaucoup se prennent toutefois à distance des repas. Penser à vérifier systématiquement les modalités d'administration avec le patient.
qu’en pensez-vous ?
Mme V. revient quelques jours après la délivrance de son ordonnance. Elle n’a pas de nausées mais est gênée par des douleurs gastriques. Il lui reste chez elle des comprimés de Gavison et de MopralPro. Peut-elle utiliser l’un de ces traitements ?
1) L’IPP peut être pris sans problème
2) Le topique antiacide est à préférer, à distance de l’ITK et des autres traitements
Réponse : les IPP augmentent le pH gastrique et peuvent diminuer la biodisponibilité de l’erlotinib. Ils doivent être évités durant le traitement par l’ITK. Si nécessaire, un topique anti-acide, comme Gaviscon, doit être privilégié en recommandant une prise au moins 4 heures avant ou 2 heures après l’ITK. Il faut également le prendre à 2 heures de distance des autres traitements. Selon son plan de prise ci-dessous, Mme V. peut le prendre entre 12 et 17 heures environ et si besoin au coucher.
LE CANCER DU POUMON EN 6 QUESTIONS
1 QUELS SONT LES SIGNES CLINIQUES ?
Le cancer du poumon reste longtemps asymptomatique, les symptômes apparaissant souvent à un stade tardif de la maladie. Le plus souvent, il est évoqué devant la présence ou la persistance de symptômes respiratoires en particulier chez un fumeur ou un ancien fumeur. Les signes évocateurs peuvent être liés :2 QUELS SONT LES PRINCIPAUX TYPES ?
On distingue les cancers bronchiques « à petites cellules » (CBPC) et les cancers bronchiques « non à petites cellules » (CBNPC) dont l’évolution et la sensibilité aux traitements sont bien distinctes.3 QUELS SONT LES FACTEURS DE RISQUES ?
Le principal facteur de risque est le tabagisme actif ou passif. Le risque est en fonction de la quantité de tabac fumé, et surtout de l’ancienneté du tabagisme. Le tabagisme est évalué en nombre de paquet/année : un paquet-année correspond à un paquet par jour pendant un an ou encore 10 cigarettes par jour pendant 2 ans. Le tabac est toujours nocif, il n’existe pas de seuil en dessous duquel il n’est pas cancérigène.4 COMMENT SE FAIT LE DIAGNOSTIC ?
Toute hémoptysie ou autre symptomatologie thoracique persistante ou résistante au traitement doit faire rechercher un cancer bronchopulmonaire, en particulier chez un fumeur ou ancien fumeur. Le cancer peut être également découvert fortuitement sur un bilan d’imagerie réalisé pour une autre indication.5 QUEL EST LE PRONOSTIC ?
Du fait de la difficulté à détecter la maladie à un stade précoce, plus des deux tiers des cancers bronchiques sont diagnostiqués tardivement, alors qu’ils ne sont plus accessibles à un traitement local. D’où un sombre pronostic : 5 ans après le diagnostic de la maladie, moins de un malade sur six est encore en vie (voir tableau ci-dessous).6 OÙ EN EST LE DÉPISTAGE ?
La population tabagique représente une cible idéale pour un éventuel dépistage car facilement identifiable. Une étude américaine (NLST : National Lung Screening Trial) a montré que le dépistage annuel par scanner faiblement dosé, pendant 3 ans, réduisait de 20 % la mortalité par cancer du poumon des personnes fumeuses dépistées, et de 6,7 % la mortalité générale. Ce dépistage est remboursé aux USA pour les fumeurs entre 55 et 75 ans fumant plus de 30 paquet-années et s’engageant dans une démarche de sevrage tabagique. En France, la Haute Autorité de santé considère que les conditions pour un tel dépistage n’étaient pas réuniesen 2016.
en chiffres
En France, environ 40 000 nouveaux cas par an.
Age moyen au diagnostic : 65 ans.
Plus des 2/3 des cancers du poumon sont diagnostiqués chez l’homme (2e cancer le plus fréquent) ; leur fréquence a triplé chez la femme en 20 ans (3e cancer le plus fréquent).
Environ 30 000 décès annuels (1re cause de mortalité par cancer en France et dans le monde)
En France, le tabac est responsable de 47 000 décès par an dont près de 60 % par cancer du poumon (hors tabagisme passif).
Physiopathologie du cancer du poumon
La plupart des cancers du poumon débutent au niveau des cellules bronchiques avant d’envahir les poumons d’où le nom de cancers broncho-pulmonaires. Les cellules cancéreuses prolifèrent ensuite de manière anarchique et peuvent envahir les structures avoisinantes ou à distance (métastases).
Il existe 2 grands types de cancer du poumon issus de cellules bronchiques d’origine différente (et d’aspect différent au microscope, d’où leur dénomination).
Les cancers bronchiques non à petites cellules (CBNPC, environ 85 % des cancers du poumon) se répartissent principalement en 3 sous-types :
- le carcinome épidermoïde (40 % des cancers du poumon) : il prend souvent naissance dans les grosses bronches de la partie centrale du poumon, peut rapidement obstruer la bronche et être à l’origine d’infection respiratoire ;
- l’adénocarcinome (25 %) : il atteint plus volontiers les voies aériennes distales (bronchioles et alvéoles) ;
- le carcinome à grandes cellules (20 %) : de croissance rapide, il se localise partout dans les poumons.
Les cancers bronchiques à petites cellules (CBPC, environ 15 % des cancers bronchiques) sont les plus agressifs (risque important de métastases rapides) et les plus à risque d’entrainer un syndrome paranéoplasique. Ils constituent une urgence thérapeutique.
COMMENT TRAITER LE CANCER BRONCHIQUE ?
STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE
Outre le type histologique, le stade et la localisation de la tumeur, la stratégie thérapeutique tient compte des résultats des examens anatomopathologiques, de l’âge du patient, de ses comorbidités et du score de performance (PS).CANCER BRONCHIQUE À « PETITES CELLULES »
C’est une urgence thérapeutique du fait de la rapidité de croissance cellulaire et du risque d’apparition rapide de métastases, notamment cérébrales. Sauf pour des formes exceptionnellement très localisées, ce cancer ne relève pas de la chirurgie. La chimiothérapie, traitement de référence, repose généralement sur la bithérapie sel de platine et étoposide.CANCER BRONCHIQUE NON À PETITES CELLULES
STADES LOCALISÉS (I ET II)
Le traitement de référence est une chirurgie d’exérèse avec curage ganglionnaire étendu, parfois associée à une chimiothérapie néo-adjuvante.
STADES LOCALEMENT AVANCÉS (III)
En cas de tumeur résécable, une chirurgie d’exérèse associée à une chimiothérapie néo-adjuvante ou adjuvante est proposée. Sinon, la prise en charge repose sur la chimiothérapie et la radiothérapie associées de façon concomitante ou séquentielle.STADES MÉTASTATIQUES (IV)
En l’absence de mutations, une chimiothérapie est proposée (4 à 6 cycles espacés généralement de 21 jours). Le protocole dépend de l’âge et du score de performance (PS), mais inclus si possible un sel de platine. Cette chimiothérapie peut être associée au bévacizumab (anti-angiogénique).CHIRURGIE
Principal traitement du cancer du poumon, elle a pour objectif l’ablation de la totalité de la tumeur ainsi que des ganglions lymphatiques correspondants.RADIOTHÉRAPIE
C’est un traitement locorégional curatif ou palliatif. La radiothérapie est le plus souvent fractionnée, à raison de 5 séances hebdomadaires pendant 5 à 8 semaines. Les doses prescrites sont de l’ordre de 50 à 70 Grays (Gy). Effets indésirables. Aigus ou à court terme : érythème cutané, douleur en avalant (œsophagite), nausées, vomissements, essoufflement, fatigue, pneumopathie aiguë radique. Tardifs : fibrose pulmonaire (rare).CHIMIOTHÉRAPIE
Le protocole de référence associe un sel de platine (cisplatine ou carboplatine) à une molécule dite de 3e génération : vinorelbine, docétaxel, paclitaxel, gemcitabine ou pémétrexed dans les cancers « non à petites cellules », et étoposide pour les cancers à petites cellules.AGENTS ALKYLANTS
Sels de platine. Le cisplatine est la molécule de référence, le carboplatine une alternative. Effets indésirables principaux : myélosuppression, néphrotoxicité (surtout avec le cisplatine) prévenue par hydratation adéquate, neurotoxicité et ototoxicité (bourdonnements d’oreille, perte auditive), action très émétogène, agueusie, goût métallique. Interactions : prudence avec des médicaments néphrotoxiques (AINS, aminosides…) et ototoxiques (aminosides, diurétiques de l’anse).POISONS DU FUSEAU
Les vinca-alcaloïdes (vinorelbine, vincristine) sont notamment à l’origine de troubles hématologiques, de troubles gastro-intestinaux (nausées, vomissements, diarrhées, mucites), d’une neurotoxicité (également à l’origine d’une constipation).INHIBITEURS DES TOPO-ISOMÉRASES
Le topotécan, indiqué dans le traitement du CBPC en rechute précoce, est très alopéciant et induit très fréquemment une myélosuppression sévère et des diarrhées importantes.ANTIMÉTABOLITES
Le pémétrexed est un antifolate indiqué dans le CBNPC. Effets indésirables : toxicité hématologique, diarrhées, anorexie, mucites, toxicité rénale, réactions cutanées nécessitant une prémédication par corticoïde. Une supplémentation en acide folique et vitamine B12 est effectuée pour limiter la toxicité du traitement. Interactions : prudence avec les médicaments néphrotoxiques (aminosides, diurétiques de l’anse…), association déconseillée avec les AINS et l’aspirine en cas de fonction rénale altérée.THÉRAPIES CIBLÉES
Les traitements à l’officine nécessitent une prescription hospitalière réservée aux spécialistes en cancérologie ou selon le cas en hématologie.ITK CIBLANT L’EGFR
Erlotinib (Tarceva), géfitinib (Iressa), afatinib (Giotrif) sont à l’officine. L’osimertinib (Tagrisso), à l’hôpital, est indiqué en 2e ligne.ITK CIBLANT ALK
Le crizotinib (Xalkori) et le céritinib (Zykadia, en 2e ligne) sont à l’officine. En 2016, le crizotinib a obtenu une AMM pour le traitement du CBNPC avec translocation du gène ROS1.INTERACTIONS
Tous ces ITK sont contre-indiqués ou déconseillés avec les inducteurs enzymatiques (millepertuis, anticonvulsivants, rifampicine, alcool en prise chronique). Prudence avec les inhibiteurs enzymatiques qui majorent le risque d’effets indésirables (azolés, clarithromycine, télithromycine, pamplemousse) ; ils sont notamment à prendre à distance de l’afatinib et pour les plus puissants (azolés, notamment), la dose de céritinib doit être réduite. L’association aux AINS ou à des anticoagulants majore le risque d’hémorragie gastro-intestinale. Inhibiteurs de la pompe à protons et anti-H2 peuvent altérer la biodisponibilité de l’ITK. Les topiques antiacides sont à prendre à au moins 2 heures de distance.ANTICORPS CIBLANT VEGF
Le bévacizumab (Avastin, à l’hôpital), anticorps monoclonal antiangiogénique ciblant le VEGF (Vascular Endothelial Growth Factor), est indiqué en cas de tumeur non épidermoïde.IMMUNOTHÉRAPIE
Le nivolumab (Opdivo) et le pembrolizumab (Keytruda), traitements hospitaliers, visent à restaurer l’immunité antitumorale médiée par les lymphocytes T.PERSPECTIVES
L’immunothérapie offre de nouvelles perspectives de traitement. Des études sont en cours sur l’efficacité de nouveaux anticorps monoclonaux, tel que l’atézolizumab.
vigilance !
Certaines contre-indications sont à connaître :
Cyclophosphamide : infection urinaire aiguë, cystite hémorragique préexistante, grossesse, allaitement.
Vinorelbine : neutropénie ou infection sévère actuelle ou récente (< 2 semaines), patients requérant une oxygénothérapie, grossesse, allaitement.
Etoposide, topotécan : grossesse, allaitement.
CE QUI A CHANGÉ
Apparu
Afatinib (Giotrif) en 2014 : ITK ciblant l’EGFR, de profil similaire à Iressa (géfitinib) et Tarceva (erlotinib) indiqué dans le cancer bronchique non à petites cellules avec mutation activatrice de l’EGFR.
Céritinib (Zykadia), en ville depuis janvier 2017 : ITK ciblant la translocation ALK, indiqué dans le cancer bronchique non à petites cellules chez les patients préalablement traités par crizotinib.
Pointdevue
Pr Thierry Le Chevalier, oncologue, Institut d’oncologie thoracique, Gustave-Roussy, Villejuif (Val-de-Marne)
« Les thérapies ciblées s’adressent à un peu moins de 10 % des patients »
Quels résultats attendre des thérapies ciblées et de l’immunothérapie ?
Les thérapies ciblées donnent de très bon résultats mais s’adressent globalement à un peu moins de 10 % des patients : le profil type étant la femme non fumeuse avec un adénocarcinome. L’immunothérapie cible un plus grand nombre de patients (plutôt des hommes fumeurs ayant un cancer de type épidermoïde et un bon état général), mais avec encore des questions en suspens. Notamment la durée du traitement et une meilleure identification des « bons répondeurs » : actuellement 25 à 30 % des patients répondent bien, mais 10 % ont une progression tumorale très rapide sous immunothérapie.
Où en est-on du dépistage du cancer du poumon en France ?
Une étude américaine a récemment montré l’intérêt d’un dépistage par scanner faiblement dosé, dans une population à risque (fumeurs, plus de 55 ans), pour diminuer la mortalité de ce cancer (voir page 7). Nos autorités de santé n’ont pas validé le dépistage de masse en France. Aujourd’hui, tout médecin face à un patient fumeur inquiet, peut proposer un dépistage par scanner à basse tension.
Mais si le résultat est négatif, le patient rassuré va-t-il continuer à fumer ? Scanner ou pas, le premier message à faire passer pour diminuer la mortalité de ce cancer est toujours le même : arrêter le tabac.
CHRISTOPHE, 54 ANS, MÉCANICIEN
LA MALADIE VUE PAR LES PATIENTS
IMPACT PSYCHOLOGIQUE
Le cancer du poumon est connu pour être grave, avec un pronostic souvent sombre et des traitements lourds. L’isolement, les troubles anxieux, voire la dépression sont fréquents.IMPACT SUR LA VIE QUOTIDIENNE
Les nombreux effets indésirables rendent le quotidien et la vie sociale difficiles, et ne permettent généralement pas la poursuite d’une activité professionnelle. Cette dégradation de la qualité de vie, qui concerne tout patient atteint d’un cancer, est particulièrement importante dans le cancer du poumon*.À DIRE AUX PATIENTS
A PROPOS DE LA PATHOLOGIE
Il est important que le patient se sente soutenu. Il ne doit pas hésiter à faire appel aux professionnels de santé présents au sein du service de cancérologie : psycho-oncologue, nutritionniste, tabacologue… Les associations de patients peuvent permettre de rencontrer des personnes traversant une situation similaire.A PROPOS DU TRAITEMENT
Chirurgie : prendre le temps de réaliser les exercices de kinésithérapie et de rééducation respiratoires prescrits en postopératoire qui aideront le patient à récupérer au mieux.PRÉVENTION
Le principal facteur de risque est le tabagisme actif et, à un degré moindre, passif. L’âge de début et l’ancienneté du tabagisme sont 4 fois plus déterminants que la quantité de cigarettes fumées. A l’arrêt du tabac, le risque de survenue d’un cancer pulmonaire diminue progressivement. Plus on arrête tôt, plus ce bénéfice est grand.
question de patient Depuis que je suis sous traitement, j'ai les ongles abîmés. Que puis-je faire ?
« Certains cytotoxiques (taxanes, cyclophosphamide, étoposide…), ainsi que les ITK ciblant l’EGFR peuvent fragiliser l’ongle et son pourtour. Coupez les ongles droits, pas trop courts, et limitez les traumatismes (gants pour les travaux ménagers, chaussures confortables). Evitez le plus possible de mettre les mains dans l’eau. L’application d’un vernis à base de silicium puis d’un vernis coloré (action anti-UV) renforce et protège la matrice de l’ongle. L’application d’un émollient (Cicaplast Baume B5, Addax Cica B5…) sur le pourtour de l'ongle peut être conseillé. Appliquez aussi régulièrement un émollient pour limiter le syndrome main-pied. »
question de patient Est-ce que je vais perdre mes cheveux ?
«La chimiothérapie conventionnelle entraîne presque systématiquement une alopécie. Sous ITK ciblant l’EGFR, une alopécie partielle ou des modifications de la texture des cheveux sont également fréquentes. Dans tous les cas, il faut éviter les gestes et soins agressifs (permanentes, colorations…), et laver les cheveux avec un shampooing doux 1 à 2 fois par semaine, pas plus. »
EN SAVOIR PLUS
Institut national du cancer
e-cancer.fr
OMéDIT
par ex : omedit-hautenormandie.fr
Des fiches de bon usage des chimiothérapies orales pour les patients et les professionnels de santé.
MÉMO-DÉLIVRANCE
LA PRESCRIPTION COMPORTE UNE THÉRAPIE CIBLÉE
ITK ciblant EGFR (erlotinib -Tarceva ; gélitinib - Iressa ; afatinib -Giotrif) ou ITK ciblant ALK (crizotinib -Xalkori ; céritinb -Zykadia). Vérifier qu’il s’agit d’une prescription hospitalière émanant d’un spécialiste en cancérologie.LE PATIENT EST SOUS CHIMIOTHÉRAPIE
Généralement un sel de platine associé à un autre cytotoxique. En ville : vinorelbine (Navelbine), étoposide (Celltop), topotécan (Hycamtin), médicaments à prescription hospitalière réservée aux spécialistes en cancérologie notamment.Y A-T-IL DES RISQUES D’INTERACTIONS ?
Les vaccins vivants atténués sont contre-indiqués jusqu’à 6 mois après l’arrêt du cytotoxique.CONSEILS
L’arrêt du tabac est bénéfique quel que soit le stade du cancer : amélioration de la qualité de vie, diminution du risque de complications infectieuses en péri-opératoire, d’échec des traitements et de récidive du cancer.Le manque à gagner lié à la perte des produits de contraste vous inquiète-t-il ?
1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.
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