Décollage imminent ! - Le Moniteur des Pharmacies n° 3178 du 20/05/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3178 du 20/05/2017
 
VACCINATION À L’OFFICINE

Temps Forts

Enjeux

Auteur(s) : LOAN TRANTHIMY 

A titre expérimental, pendant trois ans, des pharmaciens volontaires exerçant dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine vont pouvoir vacciner à l’officine les patients contre la grippe. A condition toutefois pour ces pionniers de respecter un cadre réglementaire strict.

P lus de 4 000 pharmaciens titulaires et adjoints des deux régions concernées, Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine, ont exprimé leur volonté de contribuer à l'augmentation de la couverture vaccinale. » Cette réaction commune des représentants de la profession (ordre des pharmaciens, académie, syndicats et étudiants) fait suite à la publication le 11 mai dernier de deux divs réglementaires détaillant les modalités pratiques de l’expérimentation de la vaccination à l’officine. Mais pour être prêts au démarrage de la campagne de vaccination en octobre prochain, les pharmaciens volontaires devront respecter les conditions fixées.

Qui peut vacciner à l’officine ?

Les pharmaciens, titulaires et adjoints, peuvent administrer le vaccin à condition d’être formés. La formation doit respecter les objectifs pédagogiques fixés par l’arrêté publié le 11 mai. Selon Carine Wolf, présidente de l’ordre régional des pharmaciens de Haute-Normandie, qui a participé à la concertation sur les divs réglementaires, cette formation d’une journée (une demi-journée en e-learning consacrée aux aspects théoriques et une demi-journée en présentiel pour la pratique de l’acte vaccinal) sera prise en charge par le FIP-PL pour les pharmaciens titulaires et par Actalians pour les adjoints. « On peut espérer que cette formation soit reconnue validante dans le cadre du DPC », ajoute Carine Wolf.

Comment se porter volontaire ?

Le pharmacien doit adresser sa demande au directeur général de l'Agence régionale de santé (ARS) accompagnée de deux documents importants : une attestation de conformité aux conditions techniques que le pharmacien doit établir lui-même (lire question « Quelles sont les conditions à remplir ? »), et une attestation délivrée par l’organisme de formation. Il doit aussi envoyer une copie de sa demande à l’ordre régional des pharmaciens. Le directeur général de l'ARS dispose d’un délai de 2 mois à compter de la réception de la demande pour délivrer son autorisation, après avoir pris l’avis de l’instance ordinale régionale. Une fois l’autorisation reçue, le pharmacien pourra accéder à la plateforme web proposée par l’Ordre. « Le pharmacien peut être guidé tout le long de la vaccination et y retrouver l’ensemble des supports pédagogiques », précise Carine Wolf. Selon François Martial, président de l’URPS pharmaciens Nouvelle Aquitaine, « l’Ordre sera la porte d’entrée pour s’assurer que les dossiers des pharmaciens seront bien complets ».

Quels patients concernés ?

Les pharmaciens peuvent vacciner tous les patients adultes âgées de 18 ans et plus, ciblés par les recommandations vaccinales définies chaque année dans le calendrier vaccinal, comme par exemple les patients atteints de mucoviscidose, d’asthme, d’une BPCO, les personnes obèses (IMC supérieur ou égal à 40 kg/m2) et les personnes âgées de 65 ans et plus. Sont exclues de cette vaccination les femmes enceintes, les primo-vaccinations et les personnes à risque particulier (personnes immunodéprimées ou avec des antécédents de réaction allergique à une vaccination antérieure). Pour ce dernier cas, le pharmacien doit réorienter le patient vers le médecin. Les deux syndicats de pharmaciens, FSPF et USPO, regrettent la liste « restrictive » des patients éligibles et demandent déjà l’extension de cette liste. « Ce qui était intéressant, c’était de pouvoir vacciner les patients adultes qui gravitent autour des personnes en ALD ou âgées », ajoute Gilles Bonnefond, président de l’USPO. Pour Carine Wolf, l’expérimentation permettra néanmoins d’améliorer la couverture vaccinale pour la population ciblée disposant d’un bon de prise en charge. « Aujourd’hui, 48 % seulement de ces patients se font vacciner chaque année, alors que l’objectif fixé par l’OMS est de 75 % », rappelle-t-elle.

Quelles sont les contraintes techniques à respecter ?

Le pharmacien doit disposer d’un local adapté comprenant un espace de confidentialité clos pour mener l'entretien préalable, accessible depuis l'espace client, sans accès possible aux médicaments, et des équipements adéquats (table, chaises..) afin d’installer la personne pour l'injection. Le pharmacien doit aussi disposer de matériel nécessaire pour l'injection du vaccin et éliminer les déchets d'activité de soins à risque infectieux. D’autres conditions techniques sont précisées dans le div réglementaire, comme la présence d’un point d'eau pour le lavage des mains et d’un poste informatique pour l'accès à la plateforme de l'ordre national des pharmaciens. Outre ces éléments techniques, l’arrêté prévoit aussi que le pharmacien mette le patient sous observation après l’administration du vaccin, pendant 15 minutes. « Pourquoi cette contrainte alors que cela n’est pas demandé aux autres acteurs, médecins et infirmiers ? », regrette Philippe Gaertner.

Faut-il informer le médecin ?

Sauf opposition formelle du patient vacciné, le pharmacien s’engage à informer le médecin traitant du patient. La transmission de cette information peut s'effectuer par messagerie sécurisée de santé, par une mention dans le dossier médical partagé (qui n’existe pas encore) ou, le cas échéant, par le remplissage du carnet de vaccination électronique, justement en cours d’expérimentation dans les deux régions retenues pour la vaccination antigrippale.

Pour quelle rémunération ?

Le pharmacien perçoit 6,30 euros par personne vaccinée sur présentation d’un bon de prise en charge par l’Assurance maladie, et 4,50 euros dans le cas, moins fréquent, d’une personne bénéficiant d’une prescription médicale. De plus, chaque pharmacien ayant réalisé au moins cinq vaccinations recevra 100 euros « au titre du dédommagement lié aux contraintes spécifiques de l'expérimentation ». Gilles Bonnefond reconnaît que « le processus demandé est lourd. Pour atteindre la rémunération de 10 euros par acte, il faut réaliser jusqu’à 25 vaccinations par pharmacie. Cela me paraît une moyenne raisonnable ».

Comment facturer ?

A l'issue de la campagne de vaccination, le pharmacien communique au directeur général de l'Agence régionale de santé (ARS) le bilan de son activité, au titre de cette expérimentation afin de bénéficier de la rémunération prévue. Il établit donc une facturation globale qu’il enverra à l’URPS pharmaciens de sa région chargée d’effectuer le paiement.

À RETENIR


•  Deux divs réglementaires fixent les conditions à remplir par les pharmaciens souhaitant participer à l’expérimentation dans deux régions (Nouvelle Aquitaine et Auvergne-Rhône Alpes).

•  La rémunération prévue est de 6,30 euros par personne vaccinée sur présentation d’un bon de prise en charge par l’Assurance maladie, et 4,50 euros par personne bénéficiant d’une prescription médicale.

REPÈRES 

LA VACCINATION À L’OFFICINE EN 6 ÉTAPES

Par Anne-Hélène Collin - Infographie : Franck L'Hermitte

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