« Je voudrais un produit contre les hémorroïdes » - Le Moniteur des Pharmacies n° 3174 du 22/04/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3174 du 22/04/2017
 

Expertise

Dialogue

Auteur(s) : ALEXANDRA BLANC 

Maladie fréquente et bénigne, la pathologie hémorroïdaire peut s’avérer très gênante et douloureuse au quotidien. Quelques questions simples permettent de bien conseiller et de détecter les situations nécessitant un avis médical.

1 Quel est le condiv ?

– Une femme de 40 ans : Je voudrais de la crème Micro H et des gélules de Cyclo 3 Fort.

– Le pharmacien : Vous avez l’habitude de prendre ce traitement ?

– Oui. J’ai des crises de temps en temps.

– Vous avez d’autres problèmes de santé ?

– Non, pas vraiment...

– Vous prenez un traitement actuellement ?

– Oui, je prends Donormyl car j’ai du mal à dormir.

Les crises hémorroïdaires sont particulièrement fréquentes en cas de constipation, liées notamment aux efforts de poussée répétés pour évacuer les selles. Certains médicaments induisent ou aggravent une constipation, notamment les médicaments atropiniques (antihistaminiques H1, amitriptyline, neuroleptiques phénothiaziniques...), les opioïdes, les inhibiteurs calciques. La régulation du transit est recommandée en traitement, ainsi qu’en prévention de la pathologie hémorroïdaire. Les premières mesures à mettre en place sont diététiques : augmenter l’apport en fibres alimentaires (légumes verts, fruits, pain au son, céréales…), boire suffisamment (1,5 à 2 litres par jour), pratiquer une activité physique, comme la marche. Si ces mesures ne suffisent pas, un laxatif de lest (sterculia, karaya, guar, ispaghul, lin, psyllium) ou osmotique (macrogol, lactulose, lactilol) peut être conseillé. Ils agissent en 24 à 48 heures.

– Une femme de 30 ans : Je voudrais des suppositoires Sédorrhoïde, s’il vous plaît.

– Le pharmacien : C’est pour vous ? Pas de grossesse en cours ?

– Si, je suis enceinte de 4 mois.

La pathologie hémorroïdaire touche 1 femme sur 10 pendant la grossesse et 1 femme sur 5 après l’accouchement. Elle disparaît en général spontanément après l’accouchement. Elle est le plus souvent due à une constipation et à une diminution du retour veineux par augmentation du volume utérin. La limitation du risque de crise passe d’abord par la régularisation du transit. La plupart des traitements topiques et per os ne sont pas conseillés chez la femme enceinte faute de données. Le centre de référence sur les agents tératogènes (crat.org), sur la base des données disponibles, permet l’utilisation en conseils de certains topiques : Titanoréïne sans ou avec lidocaïne et Rectoquotane, ainsi que la prise de diosmine, hespéridine, troxérutine, rutoside pour les veinotoniques per os. Le paracétamol est proposé pour diminuer la douleur. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont à proscrire. Si les symptômes persistent ou s’aggravent malgré le traitement, un avis médical est nécessaire.

2 A qui s’adresse-t-il ?

– Un homme autour de 50 ans : Il me faudrait une crème contre les hémorroïdes.

– Le pharmacien : Vous avez déjà eu des crises ?

– Oui. Mais c’était il y a plus de 15 ans.

– Quels sont les symptômes ?

– Je suis gêné et j’ai des pertes rougeâtres.

– Je peux me permettre de vous demander votre âge ?

La pathologie hémorroïdaire survient majoritairement entre 45 et 65 ans. Dans cette même tranche d’âge, le risque de survenue d’un cancer colorectal est fortement augmenté. Un saignement anal non douloureux, surtout si le sang est foncé, doit alerter, principalement chez les personnes de plus de 50 ans. Un examen médical s’impose alors. De façon générale, si les signes hémorroïdaires sont associés à une perte de poids, une fatigue anormale ou une modification des selles, orienter vers une consultation médicale.

– Une femme de 35 ans : Que pourriez-vous me conseiller contre les hémorroïdes ?

– Le pharmacien : Il y a des traitements locaux et par voie orale. C’est pour vous ?

– Non, en fait, c’est pour ma fille de 4 ans, elle a mal et saigne un peu.

La pathologie hémorroïdaire est peu fréquente chez l’enfant. En général, avant l’âge de 4 ans, il s’agit surtout de malformations vasculaires. Au-delà de 4 ans, il peut s’agir d’une fissure anale, déchirure de la peau due le plus souvent à une constipation et au passage difficile de selles trop dures. Chez l’enfant, une consultation médicale est nécessaire pour poser le diagnostic. En cas d’hémorroïdes, des laxatifs et des topiques pourront être utilisés. 

L’ESSENTIEL SUR LES TRAITEMENTS 

Les hémorroïdes sont des structures anatomiques normales de l’anus contenant un tissu hypervascularisé. Elles peuvent devenir pathologiques (inflammation et dilatation) à la suite d’une augmentation locale de la pression sanguine. Elles se manifestent par crises avec, selon les cas, gêne, douleurs, œdèmes, démangeaisons, perte de sang, prolapsus. Elles sont asymptomatiques dans environ 40 % des cas. Cette pathologie bénigne évolue en général spontanément vers la guérison en moins de deux semaines. En conseil, le traitement repose sur la régularisation du transit, des topiques et des veinotoniques, bien que l’efficacité de ces deux derniers soit probablement limitée.
Traitement local
– Disponibles sous formes de suppositoire, gel ou onguent intrarectal, crème ou pommade, ils permettent de soulager l’inconfort et faciliter l’exonération des selles. Ils contiennent plusieurs actifs : anti-inflammatoire, anesthésique, antiseptiques et vasculoprotecteur (Phlebosup, Sédorrhoïde), anesthésique et antiseptique (Rectoquotane), mucoprotecteur seul (Micro H, H-Control) ou associé à un anesthésique (Titanoréïne à la lidocaïne). L’application d’un lubrifiant seul (vaseline ou gel aqueux) peut être suffisant.
Comment ? Appliquer 1 à 4 fois par jour, sur une courte durée (7 jours maximum).
Des effets indésirables ? Allergies locales possibles avec les anesthésiques.
Des précautions ? La plupart ne sont pas conseillés chez la femme enceinte et allaitante, faute de données. Les anesthésiques peuvent induire une réaction positive au test antidopage. Ne pas appliquer sur des lésions infectées.
– Des lingettes (Micro H, H-Control) imprégnées de produits à visée apaisante peuvent être utilisées plusieurs fois dans la journée, notamment après les selles.
Par voie orale
– Les veinotoniques, en comprimés, gélules ou tisanes, améliorent la circulation veineuse locale en augmentant la vasoconstriction et la résistance des vaisseaux. Les spécialités contiennent des extraits végétaux (marronnier d'Inde, vigne rouge, hamamélis, petit houx), des principes actifs d'origine végétale (esculoside, rutosides, hespéridines) ou des molécules de synthèse (diosmine, troxérutine).
Comment ? A forte posologie sur 5 à 7 jours.
Des effets indésirables ? Rares troubles digestifs.
Des interactions ? Ne pas associer l’heptaminol (Ampecyclal, Ginkor Fort) aux IMAO (risque de poussée hypertensive), et l’utiliser avec précaution chez les patients sous antihypertenseurs.
Des précautions ? La plupart sont à éviter chez la femme enceinte et au cours de l’allaitement. L’heptaminol peut induire une réaction positive au test antidopage.
– Les antalgiques : Paracétamol ou AINS (sauf chez la femme enceinte). L’aspirine favorise les saignements.
– Les laxatifs: osmotiques (lactulose, macrogol) ou de lest (ispaghul, psyllium). Les laxatifs stimulants, irritants, sont à éviter.
Conseils
– Lutter contre la constipation.
– Eviter les irritations locales (remplacer le papier hygiénique par des lingettes imprégnées, porter des vêtements amples), se laver avec un savon doux. Des bains de siège et l’application de compresses froides peuvent aider à diminuer la douleur.

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