«   Je voudrais un produit contre les poux   » - Le Moniteur des Pharmacies n° 3170 du 25/03/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3170 du 25/03/2017
 

Expertise

Dialogue

Auteur(s) : ALEXANDRA BLANC 

Si la pédiculose est toujours bénigne, elle n’en est pas moins gênante. Le conseil est centré sur le bon usage des produits antipoux, conditionnant leur efficacité et leur innocuité. Et les mesures environnementales pour prévenir une réinfestation.

1Le traitement est-il bien utilisé ?

Un homme de 40 ans : Je voudrais un shampooing antipoux.

Le pharmacien : Vous savez comment l’utiliser ?

- C’est comme un shampooing normal, non ?

L’efficacité des traitements antipoux dépend de leur bon usage. Le mode d’emploi est spécifique de la forme choisie (shampooing, crème, lotion, spray), de la molécule active et de la spécialité : nombres d’applications, temps de pose (de quelques minutes à plusieurs heures)… Les produits antipoux ayant une activité lenticide incertaine, une seconde application est recommandée 7 à 10 jours après le premier traitement, même si certaines spécialités ne préconisent qu’une seule application, pour tuer les poux qui auraient éclos dans l’intervalle.

Anaïs, 35 ans : Je voudrais un tube de K.O. Poux.

Le pharmacien : Qui a attrapé des poux ?

- Mes trois filles !

- Un tube ne sera probablement pas suffisant…

- Si, si. J’en mets un peu et je masse pour répartir sur le cuir chevelu. Ces produits coûtent cher !

Pour être efficaces, les produits antipoux doivent être appliqués de façon homogène sur tout le cuir chevelu et les cheveux, des pointes à la racine. Sur cheveux longs, un flacon entier de 100 ml peut être nécessaire. Le coût des produits antipoux peut amener les parents à réduire les quantités utilisées. Or cette pratique expose à un risque d’échec du traitement et oblige à un nouvel achat de produit.

Une femme de 30 ans : Bonjour, je voudrais trois Para spécial Poux.

Le pharmacien : Vous avez beaucoup de têtes à traiter ?

- Non, mais j’ai décidé de traiter mes enfants une fois par semaine !

Seules les personnes infestées doivent être traitées. L’utilisation des traitements antipoux en prévention ne présente aucun intérêt et expose à un risque d’irritation du cuir chevelu. Des produits répulsifs sont commercialisés dont l’efficacité n’a pas été formellement démontrée. Il est préférable de contrôler régulièrement les cheveux, de passer un peigne antipoux et de limiter les échanges de bonnets ou de brosses.

2Avez-vous traité l’environnement ?

Séverine C. et sa fille : Je voudrais un traitement antipoux efficace. Le dernier n’a pas fonctionné.

Le pharmacien : Vous avez bien suivi le mode d’emploi ?

- Oui, scrupuleusement.

- Avez-vous pensé à traiter les linges et vêtements ?

Parallèlement au traitement antipoux local, il est nécessaire de traiter l’environnement pour éviter une nouvelle infestation. Ainsi, les linges (taie d’oreiller, draps, serviettes…), les vêtements (bonnets, écharpes…) ou les doudous, doivent être décontaminés par lavage en machine à au moins 60 °C. Il est aussi possible de les enfermer dans un sac plastique hermétique pendant deux jours. Les poux, privés de nourriture, meurent.

3 A qui cela s’adresse-t-il ?

Un homme et ses 2 enfants : Je voudrais de l’Hégor Abapou.

Le pharmacien : Pour qui est-ce ?

- Le grand de 4 ans.

- Vous avez vérifié la tête de votre autre enfant aussi ?

- Non. Mais s’il a des poux, je le traiterai aussi.

- Quel âge a-t-il ?

L’utilisation des produits antipoux chez le jeune enfant dépend du principe actif, de la forme galénique et de la spécialité. Certains sont indiqués chez l’enfant dès 6 mois, d’autres (comme Hégor Abapou à base de diméticone) ne sont utilisables qu’à partir de 3 ans. Chez les nourrissons, les formes pressurisées et les préparations contenant des terpènes, exposant à un risque de convulsions, sont à éviter.

4 Quels sont les signes ?

Un homme de 45 ans : Je crois que ma fille a des poux !

Le pharmacien : Qu’est-ce qui vous fait suspecter des poux ?

- Elle se gratte la tête et a des particules blanches. Mais je ne vois pas de poux.

Un prurit du cuir chevelu peut signer une pathologie dermatologique (dermatite atopique ou séborrhéique). Pour s’assurer qu’il s’agit d’une pédiculose, il faut rechercher des poux vivants et des lentes. Les lentes sont pondues à la racine des cheveux. Vivantes, les lentes sont grises, opalescentes. Elles adhèrent fortement aux cheveux. Les pellicules s’enlèvent facilement. Une lente située à plus de 1,5 cm du cuir chevelu est morte. Les lentes mortes peuvent encore être présentes jusqu’à 6 mois après le dernier traitement. 

L’ESSENTIEL SUR LES TRAITEMENTS 

L’infestation du cuir chevelu par des poux, ou pédiculose, est très fréquente chez les enfants de 3 à 11 ans. Le pou (Pediculus humanus capitis) est un parasite exclusivement humain. La pédiculose se manifeste le plus souvent par un prurit déclenché par la salive du pou, injectée dans la peau au cours des repas sanguins. Les parasites aiment se loger à l’arrière des oreilles, sur les tempes et la nuque. Ils ne transmettent pas de maladie. Les femelles pondent jusqu’à 10 lentes par jour dont l’éclosion survient après 7 à 10 jours d’incubation. Le pou survit environ 24 heures en dehors du cuir chevelu. Il se transmet le plus souvent par contact direct.
produits d’action physique
La diméticone (K.O. Poux, Ecoprioderm, Pouxit Extra…), le myristate d’isopropyle (Apaisyl Xpert) et le 1,2-octanediol (Pouxit Easy).
Comment ? Le mode d’utilisation dépend de la forme : 1 ou 2 applications (laisser agir de 15 minutes à 1 heure et jusqu’à 8 heures pour le 1,2 octanediol), à renouveler 7 jours après.
Pour qui ? Utilisables à partir de 6 mois, 2 ans ou 3 ans, en fonction des produits.
Des effets indésirables ? Rares. Irritation du cuir chevelu.
Des précautions ? Produits inflammables (éloigner cigarette, sèche-cheveux…). Eviter le contact avec les yeux et les muqueuses.

insecticides neurotoxiques
Les pyréthrinoïdes (phénothrine, dépalléthrine) : Para spécial Poux, Item, Parasidose, Itax…
Le malathion (Prioderm) est un insecticide organophosphoré à utiliser en 2e intention. Une résistance est possible avec ces molécules.
Comment ? Le mode d’utilisation dépend de la forme : 1 ou 2 applications (laisser agir de 5 à 30 minutes et jusqu’à 8 heures pour le malathion), à renouveler 7 jours après.
Contre-indications ? Pour la forme spray : les sujets asthmatiques, ainsi que les nourrissons ou les enfants ayant des antécédents de bronchite dyspnéisante.
Pour qui ? Utilisables à partir de 30 mois pour certains produits (malathion uniquement > 2 ans). A éviter chez la femme enceinte ou allaitante, faute de données.
Des effets indésirables ? Prurit, hypersensibilité, sensation de brûlures. Pour le malathion, risque d’effets indésirables cholinergiques.
Des précautions ? Possible survenue de bronchospasme avec les sprays. Produits inflammables. Eviter le contact avec les yeux et les muqueuses.

autres mesures
Huiles végétales (notamment huile de noix de coco et dérivés) et huiles essentielles (lavande, géranium, anis…) : Paranix, Parasidose soin traitant, Puressentielle antipoux… Leur efficacité est peu évaluée.
Des effets indésirables ? Eviter les dérivés terpéniques chez les jeunes enfants et les épileptiques (risque de convulsions).
Des précautions ? Eviter le contact avec les yeux et les muqueuses. Produits inflammables.
CONSEILS
- Pour éviter la transmission, attacher les cheveux longs, ne pas partager les écharpes, bonnets et brosses. Vérifier régulièrement les cheveux.
- Traiter l’environnement : lavage à 60 °C des linges, vêtements, doudous ou les renfermer dans un sac plastique pendant 2 jours.
- L’utilisation d’un peigne à poux peut compléter le traitement ou le remplacer chez le nourrisson et la femme enceinte (30 minutes sur cheveux mouillés, 2 à 3 fois par jour pendant 3 semaines).

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