« Je voudrais quelque chose pour soulager la sécheresse oculaire » - Le Moniteur des Pharmacies n° 3168 du 11/03/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3168 du 11/03/2017
 

Expertise

Dialogue

Auteur(s) : NATHALIE BELIN 

Fréquente, la sécheresse oculaire est responsable d’inconfort et de troubles visuels. Les substituts lacrymaux en constituent le principal traitement. Mais dans certains cas, un avis médical s’impose.

1 Quels sont vos symptômes ?

– Un homme de 40 ans : J’ai l’impression d’avoir du sable dans les yeux.

– Le pharmacien : Est-ce fréquent ? Avez-vous d’autres symptômes ?

– Ça m’arrive parfois, mais là, c’est assez douloureux et je vois trouble.

Toute douleur ou baisse de l’acuité visuelle, même modérée, nécessite un avis ophtalmologique. Les signes cliniques d’une sécheresse oculaire ne sont pas spécifiques et peuvent se retrouver en cas de blépharite ou de conjonctivite allergique, par exemple. En cas de doute ou en l’absence d’efficacité des substituts lacrymaux, recommander un avis médical.

2 Portez-vous des lentilles ?

Une jeune femme de 25 ans : D’habitude, j’utilise Larmabak mais on m’a dit qu’il existe des gels plus efficaces...

Le pharmacien : Vous utilisez Larmabak régulièrement ?

– Oui.

– Portez-vous des lentilles ?

– Oui.

Les problèmes de sécheresse oculaire sont fréquents chez les porteurs de lentilles de contact, notamment de lentilles souples. Les substituts lacrymaux sont généralement compatibles avec le port de lentilles et peuvent être recommandés pour palier l’inconfort. Il faut retirer ces dernières au moment de l’instillation et attendre quelques minutes avant de les remettre. Si le port des lentilles reste inconfortable malgré l’utilisation des substituts, l’avis de l’ophtalmologiste est nécessaire.

3 Etes-vous suivi pour une pathologie ?

Une femme de 50 ans : Mes yeux sont secs et me picotent depuis quelques temps. Vous avez des larmes artificielles ?

Le pharmacien : Oui. Êtes-vous suivi pour une pathologie ? Au niveau des yeux ou ailleurs ?

– J’ai souvent des inflammations des paupières.

Toute pathologie oculaire ou des paupières (blépharite, conjonctivite allergique) peut favoriser une sécheresse oculaire. Celle-ci aggrave l’inflammation locale. Un avis médical doit donc être recommandé. Il en est de même face à certaines pathologies cutanées (rosacée, dermatite séborrhéique…).

4Prenez-vous d’autres traitements ?

Un homme de 20 ans : J’ai l’impression d’avoir des grains de sable dans les yeux.

Le pharmacien : C’est la première fois que vous êtes gêné ainsi ?

– Oui.

– Vous prenez des traitements ?

– Procuta contre l’acné.

Certains médicaments peuvent entrainer une sécheresse oculaire, comme les anticholinergiques, les rétinoïdes ou encore les inhibiteurs de tyrosine-kinase ciblant l’EGFR (indiqués dans le cancer du poumon). L’utilisation de substituts lacrymaux est impératif pour palier la gêne et limiter des complications (kératite).

5 Savez-vous l’utiliser ?

Une femme de 55 ans environ :J’utilise Celluvisc depuis plusieurs semaines mais ça gène ma vision.

Le pharmacien : C’est normal durant quelques minutes car le médicament est assez visqueux. Avez-vous déjà utilisé des produits plus fluides ?

– Oui, mais ils n’étaient pas assez efficaces.

– Le mieux est de combiner plusieurs produits en fonction de vos besoins.

L’emploi de produits de viscosité différente peut être recommandé pour palier les diverses situations du quotidien ; les formes fluides en cas de conduite automobile ou de travail sur ordinateur ; les produits visqueux avant une exposition à des facteurs aggravants (comme le vent, par exemple) ou avant le coucher pour limiter l’inconfort au réveil. Parfois, plusieurs doivent être essayés avant de trouver celui qui convient.

Un homme de 30 ans : Un flacon de larmes artificielles, s’il vous plait.

Le pharmacien : Vous utilisez ce médicament régulièrement ?

– Oui, tous les jours.

– Il serait préférable alors d’opter pour une référence sans conservateurs.

En cas d’utilisation quotidienne à long terme, il est impératif de privilégier des références sans conservateurs. Ces derniers aggravent l‘inflammation et perturbent la qualité du film lacrymal. Rappeler systématiquement les bons gestes : lavage des mains, instillation sans toucher les cils, ni l’œil. En cas d’instillation d’un gel, recommander de cligner des paupières pour bien le répartir sur la surface oculaire. Et de noter systématiquement la date d’ouverture sur un flacon, pour ne pas dépasser la date limite de conservation (jusqu’à 3 mois pour les flacons multidoses sans conservateurs).

L’ESSENTIEL SUR LES TRAITEMENTS 

La sécheresse oculaire est liée à une diminution de la quantité des larmes et/ou à une modification de la qualité du film lacrymal. Les principales causes sont l’âge, les modifications hormonales (ménopause), certaines pathologies (blépharites, allergies oculaires chroniques, psoriasis, dermite séborrhéique), certains médicaments (anticholinergiques, rétinoïdes…), les conservateurs présents dans les collyres (en particulier le chlorure de benzalkonium), le port de lentilles de contact, une chirurgie oculaire, une maladie auto-immune. L’environnement (vent, tabac, poussières, moisissures…) joue aussi un rôle important et peut induire ou aggraver une sécheresse oculaire. Les symptômes sont peu spécifiques : picotements, démangeaisons, brûlures, sensation de grains de sable ou de corps étrangers, larmoiements. L’irritation chronique peut être à l’origine de kératites superficielles, voire de déficits visuels.
Substituts lacrymaux
De viscosité variable, ils compensent le manque de larmes et normalisent l’osmolarité.
Dans quelles situations ?
– Les sécheresses oculaires légères. Solutions de chlorure de sodium (larmes artificielles) et polymères de vinyle (povidone, alcool polyvinylique : Dulcilarmes, Fluidabak, Refresh…). Faible viscosité, rémanence supérieure aux larmes artificielles pour les polymères de vinyle.
– Les sécheresses oculaires légères à modérées. Dérivés cellulosiques (carmellose, hypromellose : Artelac, Celluvisc…). Ils ont une viscosité supérieure aux précédents.
– En cas d’échec des substituts lacrymaux précédents. Carbomères (polymères d’acide acrylique : Lacrifluid, Aqualarm, Lacrigel, Siccafluid…): sous forme de collyres ou de gels, ils soulagent plus durablement.
–  En cas d’échec des substituts lacrymaux précédents ou dans les formes sévères. Hydroxypropyl guar (Systane), acide hyaluronique (Hyabak, Aqualarm Intensive, Vismed…). Ils bénéficient d’une longue rémanence.
Des effets indésirables ? Gêne visuelle possible avec flou transitoire pour les gels et notamment les carbomères (les solutions d’acide hyaluronique n’entrainent généralement pas ou peu de flou visuel). La présence de conservateurs contre-indique le port de lentilles souples et est associée à un risque d’irritations oculaires lors de traitements chroniques.
Des interactions ? En cas de traitement concomitant par un autre collyre, espacer les instillations d’au moins 10 à 15 minutes en terminant par le collyre le plus visqueux.

Compléments alimentaires
A base d’acides gras oméga-3, anti-inflammatoires, et d’autres composants antioxydants (vitamines C, E, zinc, cuivre…) : Dioptec, Hydrofta…
Dans quelles situations ? En complément des substituts lacrymaux dans les formes les plus sévères. Pas d’efficacité démontrée.
Des interactions ? Les oméga-3 peuvent potentialiser l’action des anticoagulants ou des anti-agrégants plaquettaires.
Conseils
– Limiter les facteurs favorisants : fumée de cigarette, climatisation… Humidifier l’air intérieur, boire suffisamment, porter des lunettes de soleil (qui protègent aussi du vent et des particules irritantes).
– En cas de travail sur ordinateur, faire des pauses régulières et cligner fréquemment des yeux.

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