La doxycycline, l’aspirine des antibiotiques ?

C’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures confitures.

Utilisée depuis plus de 50 ans dans le traitement des infections pulmonaires, génito-urinaires, ophtalmiques, ORL, mais aussi de l’acné, de la maladie de Lyme et en prophylaxie du paludisme du voyageur, la doxycycline pourrait bien voir son champ d’indications s’élargir encore.

Une étude présentée aux Etats-Unis à la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes de Seattle (du 13 au 16 février 2017) a été menée chez des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes infectés par le VIH. La prise de 200 mg de doxycycline dans les 24 à 72 heures suivant un rapport à risque a diminué de 70 % l’incidence de la syphilis et de l’infection à Chlamydia trachomatis par rapport au groupe contrôle, mais n’a pas eu d’effet sur les IST à Neisseria gonorrhoeae.

Dans un tout autre domaine, des chercheuses françaises de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière, associées à un laboratoire argentin et deux laboratoires brésiliens, ont établi que la doxycycline à faibles doses (20 à 40 mg/jour) pouvait réduire la toxicité de l'α-synucléine. Cette protéine amyloïde s’accumule de façon anormale dans le cerveau et est impliquée dans la progression de la maladie de Parkinson. « Grâce à des méthodes physicochimiques, nous avons montré comment la doxycycline inhibait l’agrégation de la protéine. Elle agit aussi sur l’inflammation, l’oxydation et les neurones », explique Rita Raisman-Vozari, directrice de recherche émérite au CNRS. « Nous sommes dans une phase expérimentale, on n’a pas encore de preuve chez des patients. Mes collègues en Amérique du Sud vont bientôt commencer une étude avec un petit groupe pilote. En France, nous comptons bien déposer un projet d’essai clinique. Il s’agit d’un nouveau concept, qui ouvre une nouvelle voie d’approche dans la maladie de Parkinson. La doxycycline passe très bien la barrière encéphalique et a montré son innocuité. Les choses peuvent aller vite », poursuit la chercheuse. Mais le problème de l’antibiorésistance inquiète. L’équipe a démarré un projet pour screener des analogues de tétracyclines anti-inflammatoires qui auraient moins d’effet antibiotique. §