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Temps Forts
Interview
Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR FRANÇOIS POUZAUD
Comment se porte aujourd’hui la répartition ?
Joaquim Fausto Ferreira :Nous subissons une baisse préoccupante de nos ressources. Depuis 2008, les répartiteurs ont perdu 240 M€, soit 18 % de leur rémunération. Une tendance qui s’est accélérée depuis 2012. Cette profonde dégradation a des causes multiples. Comme les officines, les répartiteurs souffrent de mesures de baisses de marge : une perte de 66 M€ en 2008 et de 83 M€ en 2012. Pour rappel, notre marge actuelle se traduit par un taux de rémunération unique de 6,68 % sur le PFHT, avec un montant plancher de 0,30 € et un plafond de 30 €. La répartition est également touchée de plein fouet par les mesures de baisse de prix des médicaments et des dispositifs médicaux. 77 % des baisses de prix concernent des médicaments dont le PFHT est compris entre 10 € et 100 €, segment sur lequel la rémunération des répartiteurs est exclusivement dépendante du prix industriel. Concernant les dispositifs médicaux, sur ces trois dernières années, les baisses de prix ont généré un manque à gagner de 20 M€ de marge. Enfin, le déséquilibre de notre rémunération sur la distribution des génériques s’aggrave avec le fort développement de ce marché.
La répartition gagne des parts de marché sur le générique et pourtant vous affirmez que ce secteur n’est pas lucratif…
La distribution des médicaments génériques pèse particulièrement lourd dans la dégradation de la situation économique de la répartition. Certes, depuis 2006, le nombre de boîtes de génériques vendues en France a été multiplié par deux, et la répartition a pris en charge la distribution de 100 % des volumes supplémentaires. Mais les volumes ne font pas tout. Lorsqu’un médicament princeps est « génériqué », le répartiteur subit un double impact par rapport à la situation antérieure. D’une part, il perd des volumes car le niveau des ventes directes sur le segment des génériques est plus élevé que sur celui des princeps. D’autre part, sa rémunération diminue : les prix des génériques sont inférieurs de 60 % par rapport à ceux des princeps. Au total, la « générication » correspond pour les répartiteurs à une baisse de marge de 50 %. En outre, afin de maintenir les flux dans la répartition, nous avons dû abandonner le cadre de l’arrêté de marge : nous ne bénéficions plus de la rémunération minimum garantie de 0,30 €, destinée à protéger notre marge pour les produits dont le PFHT est inférieur ou égal à 4,50 €. Cela génère un manque à gagner significatif. Chaque année, l’écart entre l’application de l’arrêté de marge et la marge effective, négociée de gré à gré avec les laboratoires de génériques, se creuse. Ce modèle de rémunération n’est plus soutenable.
Est-ce à dire qu’il est urgent de réviser la rémunération des répartiteurs ?
Le résultat d’exploitation des répartiteurs a été divisé par 6 depuis 2010 et ne représente plus que 0,1 % du chiffre d’affaires. Au niveau de nos entreprises, il n’est plus possible d’absorber l’augmentation des coûts par des gains de productivité. En l’absence de refonte de notre système de rémunération, cette situation critique se traduira pour les pharmaciens d’officine par une baisse de la qualité de nos services.
Que propose la CSRP pour refondre le système de rémunération ?
Un groupe de travail réunissant l’ensemble de la chaîne de distribution des médicaments et produits de santé vient d’être lancé. Enfin. Notre première demande, c’est qu’il se traduise par des mesures concrètes opérationnelles dans les prochains mois. S’il est trop tôt pour évoquer en détail nos propositions, celles-ci devront répondre au diagnostic que je viens de faire. Il est donc nécessaire de désensibiliser la rémunération des répartiteurs des politiques de baisses de prix, de définir pour les médicaments génériques une rémunération adaptée avec une rémunération unitaire suffisante pour permettre d’accompagner la croissance de ce marché en France. Enfin, la distribution de quelques médicaments spécifiques (stupéfiants ou produits thermosensibles) signifie pour la répartition des investissements significatifs afin de répondre aux exigences de traçabilité ou de respect de la chaîne du froid. A produits spécifiques, rémunération spécifique. Voilà trois axes de réflexion qui devront être au cœur des discussions.
Cette nouvelle rémunération pourrait-elle avoir des conséquences pour le pharmacien d’officine ?
La question de la rémunération des répartiteurs dépasse largement les seules entreprises de la répartition. L’enjeu du groupe de travail, l’urgence de la situation, c’est la préservation de notre système de distribution du médicament, c’est l’égal accès de tous les patients à leur traitement partout sur le territoire. La clé de voûte de ce système, c’est la capacité économique des répartiteurs à remplir leurs missions de service public. Elle est aujourd’hui sérieusement menacée. En clair, cela signifie que demain, certains médicaments pourraient ne plus être distribués par les répartiteurs et certaines pharmacies ne plus être livrées. Il ne s’agit pas d’une hypothèse d’école. Il faut que le ministère de la Santé et tous les participants au groupe de travail aient clairement conscience que ce risque est réel.
L’enjeu est donc bien l’égalité d’accès aux produits de santé et la pérennité du maillage officinal. Pour toutes ces raisons, le groupe de travail n’a pas le droit à l’échec et doit proposer dans un délai très court les solutions équilibrées et durables.
LA CSRP, C’EST QUOI ?
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