Épisode 22 Echographie et nausées - Le Moniteur des Pharmacies n° 3167 du 04/03/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3167 du 04/03/2017
 
UNE ANNÉE DANS LA VIE DE MADAME MARTIN

Expertise

Feuilleton

Auteur(s) : ANNE DROUADAINE 

Mylène, 26 ans, la fille aînée de Madame Martin, entame son 3 e mois de grossesse. Elle souffre de nausées et vient demander des conseils.

Vendredi 24 février

À la maison

- Mylène Martin au téléphone avec son amie Laure : ça y est, nous avons la première photo du bébé. L’échographie s’est bien passée.

- Laure : alors vous savez déjà si c’est un garçon ou une fille ?

- Non, c’est trop tôt ! Mais on sait déjà que tout va bien et qu’il n’y en a qu’un ! Jeff était tellement stressé qu’il a posé tout un tas de questions à la gynécologue.

- Alors, c’est pour quand ?

- Normalement fin août. Et puis, c’est rassurant, la clarté nucale est OK.

- C’est quoi ce truc ?

- C’est une petite zone au niveau de la nuque du bébé. Sa taille permet de dépister certaines anomalies chromosomiques, dont la trisomie 21. A priori tout va bien de ce côté-là aussi. Pour être sûr, une prise de sang a été réalisée. Encore une.

- Tu n’as pas fini ma pauvre… On va toujours à la piscine demain ?

- Oui. J’en ai parlé à la gynécologue. Elle m’a dit que je pouvais poursuivre une activité physique douce, si j’en avais envie. J’ai arrêté l’équitation.

Mercredi 1er mars

à la pharmacie

- Mylène Martin : bonjour, je viens vous voir car j’ai des nausées.

- Mme Dorvault : cela dure depuis plusieurs jours ? Vous souffrez également d’autres symptômes : fièvre, vomissements, crampes abdominales, diarrhée ?

- Ah non, pas du tout. Ce n’est pas une gastroentérite. Je suis enceinte.

- Oh félicitations ! Vous auriez dû commencer par là avant de demander un médicament. Certains ne sont pas compatibles avec la grossesse. Veillez à toujours prévenir votre interlocuteur, particulièrement les premiers mois où il n’y a pas de signes visibles.

- C’est vrai. D’ailleurs, j’aimerais mieux éviter les médicaments. Avez-vous quelque chose de naturel ?

- La première chose est d’adapter vos habitudes alimentaires. Les nausées peuvent survenir si vous avez l’estomac vide, par exemple. Une solution peut donc être de fractionner votre alimentation en prenant 3 repas légers et 1 ou 2 collations. Notamment le soir, afin d’éviter de rester trop longtemps à jeun la nuit. Essayez de prendre votre petit déjeuner assez tôt, voire de manger un petit quelque chose avant de vous lever si c’est possible. Préférez des repas riches en sucres, lents ou rapides et pauvres en graisses. Je vous conseille aussi de boire de l’eau en petites quantités, mais souvent.

- Oui, c’est vrai que ça se calme quand je mange. Et j’ai entendu parler de l’acupuncture… Qu’en pensez-vous ?

- L’acupuncture avec les aiguilles, je ne sais pas, mais il y a effectivement l’acupressure qui consiste à stimuler un point d’acupuncture. Pour les nausées, le point à stimuler se trouve sur la face interne de l’avant-bras, trois doigts au-dessus du poignet, entre les tendons.

- Ah oui, j’essaierai.

- Je peux également vous conseiller l’huile essentielle de citron. Vous passez juste le flacon sous votre nez en cas de nausées.

- Oui c’est pratique ça, comme ça je l’ai toujours sur moi et l’odeur est agréable en plus. Merci beaucoup pour vos conseils. Je peux en mettre quelques gouttes sur le poignet…

- Non, pas d’huiles essentielles sur la peau pendant la grossesse !

- Emma l’étudiante en pharmacie à Mme Dorvault :je n’ai entendu que la fin de votre conseil. Pourquoi ne pas lui avoir proposé la doxylamine ?

- Elle ne souhaitait pas de médicaments. D’ailleurs à propos de la doxylamine, sais-tu que l’usage dans le cadre des nausées est réalisé hors AMM en France ?

- Il paraît. Mais ça marche quand même, non ?

- Oui, il y a plusieurs essais cliniques en ce sens. Et elle est notamment utilisée au Canada. Cependant, c’est un antihistaminique qui expose particulièrement à un risque sédatif parfois mal toléré. Pour l’instant, il n’y a pas de médicament commercialisé en France avec cette indication.

Nous remercions le D r Brice Le Taillandier pour son aimable relecture. Sources : Recommandations professionnelles de la HAS « Suivi et orientation des femmes enceintes en fonction des situations à risque identifiées », mai 2016 ; « Le guide nutrition de la grossesse », INPES, septembre 2015 ; ameli-santé, interruptions de grossesse ; « Femmes enceintes et médicaments oraux des nausées-vomissements modérés », Prescrire, août 2013, tome 33 n°358.

À RETENIR


• La première échographie a lieu entre la 11e et la 13e semaine et 6 jours d’aménorrhée. Elle permet de déterminer précisément la date de conception et donc la date prévue de l’accouchement. La mesure de la longueur craniocaudale (entre le sommet du crâne et les fesses) permet la détermination de l’âge. La première échographie permet également d’identifier une grossesse gémellaire.

• La mesure de la clarté nucale permet le dépistage d’anomalies chromosomiques (trisomies, par exemple) et d’anomalies malformatives. Dans le cadre du dépistage combiné de la trisomie 21, en plus de la mesure de la clarté nucale, un examen des marqueurs sériques Papp-A et ß-HCG est proposé. Il doit être réalisé au même terme que la mesure de la clarté nucale. Cet examen n’est pas obligatoire.

• La trisomie 21 est une anomalie chromosomique liée à la présence d’un chromosome 21 surnuméraire. Il s’agit de l’anomalie la plus fréquente en France. Le seul facteur de risque connu est l’âge maternel. Le tableau clinique associe des anomalies morphologiques, malformatives et une déficience intellectuelle plus ou moins sévère.

• En cas de risque important, un diagnostic anténatal avec étude du caryotype fœtal est proposé. Une réflexion autour d’une interruption médicale de grossesse est alors réalisée avant tout prélèvement.

• Si l’enfant à naître montre une forte probabilité d’être atteint d’une affection incurable ou si la poursuite de la grossesse nuit gravement à la santé de la mère, une interruption médicale de grossesse peut être pratiquée, quel que soit le stade de la grossesse.

• Les nausées débutent généralement à la fin du premier mois de grossesse et disparaissent au 4e mois. Elles peuvent être accentuées par un délai trop long entre deux repas. Un fractionnement de l’alimentation peut donc être conseillé. Si elles nécessitent une prise en charge, les méthodes naturelles sont recommandées en premier lieu (stimulation du point d’acupuncture P6 : face interne de l’avant-bras, trois doigts au dessus du poignet), puis la HAS considère les antihistaminiques comme une alternative possible. La doxylamine, hors AMM en France, est utilisée dans cette indication dans d’autres pays européens.

• En cas de doute sur l’utilisation d’un médicament pendant la grossesse, consulter le site du Centre de référence sur les agents tératogènes chez la femme enceinte (lecrat.fr).

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !