« Je voudrais quelque chose contre les infections urinaires » - Le Moniteur des Pharmacies n° 3163 du 12/02/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3163 du 12/02/2017
 

Expertise

Dialogue

Auteur(s) : NATHALIE BELIN 

Les infections urinaires sont parmi les infections bactériennes les plus fréquentes. Selon le contexte, elles imposent des conseils adéquats et/ou un avis médical rapide.

1 Quels sont les symptômes ?

Une femme d’une trentaine d’année avec une boîte de Duab : Je crois que j’ai une infection urinaire…

Le pharmacien : Que ressentez-vous ?

- J’ai très souvent envie de faire pipi et des brûlures en urinant.

- Pas d’autres symptômes ?

- Si… j’ai les urines un peu rouges. Et je crois que j’ai de la fièvre.

Une cystite aiguë provoque uniquement des signes urinaires (mictions fréquentes et douloureuses). Une hématurie ne constitue pas un signe de gravité. La présence de signes généraux (fièvre, frissons, douleurs lombaires) et/ou parfois de signes digestifs traduit une atteinte rénale (pyélonéphrite) dont la principale complication est la septicémie. Elle impose une consultation médicale sans tarder et la prescription d’une antibiothérapie après réalisation d’un ECBU* .

Une jeune femme de 18 ans avec une boîte de Cys-control Flash : Ca me brûle quand j’urine…

Le pharmacien : Vous avez déjà eu une infection urinaire ?

- Non.

- Pas de fièvre ni d’autres symptômes ?

- Pas particulièrement…

- Le mieux serait de réaliser un test urinaire qui confirmera le diagnostic.

Les patientes qui ont déjà eu une infection urinaire en reconnaissent les signes. Sinon, un test par bandelette urinaire (Uritest 2, MyTest Infection Urinaire…), qui détecte les nitrites (témoins de la prolifération bactérienne) et les leucocytes (marqueurs de l’inflammation), peut être proposé. Une bandelette positive (nitrites et/ou leucocytes positifs) associée à des signes urinaires d’infection confirme le diagnostic. Une bandelette négative l’élimine avec certitude chez la femme. Des brûlures en urinant peuvent aussi être le signe d’une infection vulvovaginale.

2 C’est pour qui ?

Mme K., 60 ans : Je voudrais une boîte d’Urell, s’il vous plaît.

Le pharmacien : De la cranberry…C’est pour vous ?

- Non, c’est pour ma fille. Elle fait des infections urinaires et là elle sent que ça débute.

- N’est-elle pas enceinte ?

- Si. Mais on a vérifié… Urell peut être utilisé durant la grossesse !

Si la prise de cranberry (ou canneberge) est effectivement possible au cours de la grossesse, un avis médical est impératif dès lors qu’une infection urinaire est suspectée chez une femme enceinte. La grossesse majore le risque de complication (pyélonéphrite exposant à une fausse-couche ou à un retard de croissance intra-utérin). La réalisation d’un ECBU est dans ce cas systématique et une antibiothérapie probabiliste doit être démarrée rapidement. D’autres situations imposent un ECBU et un avis médical rapides : infection urinaire chez l’homme (risque de prostatite), chez l’enfant, immunodépression, pathologie urinaire connue (reflux vésical…).

3Prenez-vous d’autres traitements ?

Mme X., 65 ans : J’ai lu que la canneberge permettait d’éviter les cystites. Vous en avez ?

Le pharmacien : Rappelez moi vos traitements actuels?

- J’ai des médicaments pour ma tension et je prends Sintrom.

Des augmentations de l’INR et des hémorragies ont été observées chez des patientes sous AVK prenant de la canneberge. La prudence s’impose dans cette situation. En période post-ménopausique, les cystites peuvent être liées à l’atrophie vaginale qui déstabilise la flore locale. La prescription d’estrogènes locaux permet de limiter les récidives de cystite.

4 Savez-vous l’utiliser ?

Une femme de 30 ans avec une boîte de Gyndelta Prim : Je voudrais aussi du SpasfonLyoc.

Le pharmacien : Quand les symptômes ont-ils débuté ?

- Hier soir.

- L’idéal aurait été de démarrer le traitement très vite, dès les premiers signes.

Une cystite aiguë simple se complique très rarement en pyélonéphrite mais les symptômes peuvent parfois persister plusieurs semaines. Des traitements associant canneberge et huiles essentielles (ex : Gyndelta Prim) peuvent aider à enrayer l’infection. Ils sont d’autant plus efficaces qu’ils sont débutés rapidement dès l’apparition des premiers symptômes (la multiplication des bactéries étant très rapide, en quelques heures) et accompagnés d’une hydratation suffisante et régulière. 

* ECBU = examen cytobactériologique des urines

L’ESSENTIEL SUR LES TRAITEMENTS 

La cystite aiguë, infection bactérienne de la vessie, est la plus fréquente des infections urinaires. Elle concerne la femme ou la petite fille (> 3 ans). Les germes en cause sont des entérobactéries d'origine fécale (E. coli dans 70 à 95 % des cas). On distingue les cystites aiguës simples, pouvant évoluer favorablement même en l’absence d’antibiothérapie, et les cystites à risque de complication survenant sur un terrain susceptible de rendre l’infection plus grave : traitements immunosuppresseurs, reflux vésical, grossesse… La cystite se manifeste par une pollakiurie (mictions fréquentes, peu abondantes), un besoin urgent d’uriner, des brûlures à la miction, parfois du sang dans les urines. Il n’y a ni fièvre, ni douleurs lombaires.
Plantes
Canneberge
Vaccinium macrocarpon (ou cranberry).
Intérêt ? Recommandée en prévention des cystites récidivantes à E. coli, à condition d’apporter 36 mg/jour de proanthocyanidines de type A (substance responsable de l’effet anti-adhérent sur les E. coli).
Des contre-indications ? Allergie aux fruits rouges.
Des interactions ? Sous AVK, des augmentations de l’INR et des hémorragies ont été observées.

Autres
Plantes antiseptiques et/ou diurétiques (bruyère, busserole, genévrier, piloselle, orthosiphon, bouleau, pissenlit…), anti-inflammatoires (reine des prés, harpagophyton, hibiscus…).
Intérêt ? Usage traditionnel notamment aux premiers signes de l’infection.
Des précautions ? A éviter au cours de la grossesse et de l’allaitement. La reine des prés est contre-indiquée en cas d’allergie aux salicylés et d’antécédents d’ulcère gastroduodénal. L’harpagophyton n’est pas recommandé en cas d’antécédents d’ulcère gastroduodénal. Pas d’utilisation au long cours.

Huiles essentielles
Propriétés antibactériennes (sarriette, arbre à thé, romarin, cannelle de Ceylan, thym à thymol, cajeput…) ou anti-inflammatoires/antalgiques (romarin 1,8 cinéole…).
Intérêt ? Usage traditionnel aux premiers signes de l’infection ou en cure de quelques jours par mois.
Des précautions ? Pas d’utilisation au cours de la grossesse et de l’allaitement. A éviter en cas d’antécédents de convulsion ou d’asthme. Les huiles essentielles de cannelle de Ceylan, sarriette, thym à thymol sont contre-indiquées en cas d’antécédents d’ulcère gastroduodénal. Traitement de 5 à 7 jours maximum.

Autres
Extrait de propolis (propriétés anti-infectieuses) : contre-indiqué en cas d’allergie aux produits de la ruche ou aux piqûres d’abeille.
AINS : uniquement dans les cystites simples ou paracétamol.
Phloroglucinol : éventuellement contre les spasmes du tractus urinaire.
Conseils - En curatif et préventif : boire suffisamment (plus de 1,5 litre par jour) pour assurer des mictions suffisantes et régulières. - En prévention : prendre en charge une constipation éventuelle, une sécheresse vaginale à la ménopause (estrogènes locaux), arrêter les spermicides, éviter pantalons et sous-vêtements serrés. En cas de cystite post-coïtale, il est conseillé d’uriner après les rapports.

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