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Temps Forts
Reportage
Auteur(s) : LOAN TRANTHIMY (PARIS), JEAN-LUC DECAESTECKER (LILLE) ET MYRIEM LAHIDELY (MONTPELLIER)
L’ambiance est bon enfant. Malgré le froid polaire, une centaine de titulaires, adjoints, préparateurs et étudiants se sont donné rendez-vous devant le siège de la CNAMTS, à Paris. Caroline Dupré, titulaire à Draveil (Essonne), non syndiquée, témoigne. « J’ai une petite pharmacie de quartier et mon chiffre d’affaires dépend à 90 % des médicaments remboursables. Je n’ai pas versé de salaires depuis plusieurs mois. Si les baisses de prix continuent, je ne sais pas si je vais pouvoir continuer », dit-elle. A son côté, Mohand Ahras, adjoint à la pharmacie de la Mairie à Corbeil-Essonnes, reconnaît que cette manifestation ne le concerne pas directement. Mais, « si demain, je souhaite m’installer, les décisions prises vont forcément me concerner », ajoute-t-il. Un peu plus loin, une titulaire de Montreuil (Seine-Saint-Denis) est en colère : « Je n’ai pas l’habitude de manifester, mais la coupe est pleine. J’ai fermé ma pharmacie ce matin. Aujourd’hui, l’Assurance maladie nous demande de faire son travail, entre autres sur la transmission des numéros RPPS, et sans rien ou presque en retour ». A Montpellier et dans le département de l’Hérault, les pharmaciens adhérents à l’USPO étaient… à leur comptoir. Leur présidente Anne-Marie Lavalette, dont l’officine est restée fermée le 26 janvier, explique que « dans l’Hérault beaucoup de pharmaciens souffrent. Ils n’ont pas fermé, mais ils ont sensibilisé le public de leur comptoir et communiqué avec des affiches. » Pierre Ravoire titulaire de la pharmacie Saint-Jaumes à Montpellier confirme : « Vu la conjoncture et la concurrence voisine, je ne peux pas me permettre de baisser le rideau. La clinique Saint-Roch, toute proche, a fermé, j’ai déjà perdu 20 % de mon CA ». A Lille, devant l’ARS, 120 officinaux, tous adhérents, ont répondu présents à l’appel. Plusieurs pharmaciens lillois qui n’ont pas fermé sont solidaires. C’est le cas de Morgane Salmi, pharmacienne sur la Place ronde. Elle a fait la grève des gardes et affiché à son comptoir : « L’accès aux soins, en danger ». Quant à Dominique Gaudet, titulaire à Lille, il défend la ligne du syndicat FSPF. « Mieux vaut négocier. Faire grève alors que les négociations arrivent, c’est une arme à double tranchant ». Mais de conclure que « si l’on ne nous donne rien, nous serons présents au prochain mot d’ordre ».
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