épisode 19 Confusion et agitation pour Paul Martin - Le Moniteur des Pharmacies n° 3160 du 22/01/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3160 du 22/01/2017
 
UNE ANNÉE DANS LA VIE DE MADAME MARTIN

Expertise

Feuilleton

Auteur(s) : ANNE DROUADAINE 

Paul Martin, 53 ans, souffre d’une polyarthrite rhumatoïde traitée par méthotrexate et occasionnellement par tramadol, et d’une dépression traitée par fluoxétine. Pour fêter ses 25 ans de mariage, il a pris un petit cocktail médicamenteux qui aurait pu lui être fatal…

Vendredi 13 janvier matin

– Paul Martin à sa femme : Valérie ! Sais-tu s’il me reste du tramadol ? J’ai mal à l’épaule depuis quelques jours, c’est à cause du bricolage. Je ne peux vraiment plus rien faire.

– Valérie : Non, je ne sais pas. Regarde dans l’armoire à pharmacie.

– Tu es plus attentionnée avec Oscar et Lola ! Bon, il m’en reste un peu, je vais en reprendre et voir si ça passe.

– Il faudrait peut-être que tu reprennes rendez-vous avec le rhumatologue. J’ai l’impression que ton traitement fonctionne moins bien.

– Je dois faire une prise de sang avant. Mais avec le restaurant de ce soir, je crois que ça va attendre encore un peu !

Samedi 14 janvier

à la pharmacie

–M. Galien : Bonjour M. Martin !

–M. Martin à sa femme :Laisse-moi Valérie ! Pourquoi est-on venu ? Bonjour, M. Galien. Elle a insisté pour que je vienne, mais ça ne sert à rien.

– Que vous arrive-t-il ?

– Madame Martin : Il est agité, agressif et un peu confus.

– Tu racontes n’importe quoi. J’ai une sorte de gastro, c’est la saison, non ?

– Oui. Depuis combien de temps cela dure-t-il ? Avez-vous des nausées, des vomissements, de la fièvre ?

– Pas de vomissements. Mais j’ai des sueurs et aussi de la fièvre. Depuis ce matin, seulement.

– Mais regardez, il tremble aussi, il est ailleurs. Il n’est pas comme d’habitude. Et pourtant hier soir, il était en forme ! On a fêté nos 25 ans de mariage ! Tout allait bien !

– Asseyez-vous un instant, Monsieur Martin. Je vais prendre votre tension. Il ne faut pas parler pendant la mesure… Avez-vous pris de nouveaux médicaments depuis quelques jours ?

– Comme d’habitude, le méthotrexate et l’acide folique, une fois par semaine. Je prends aussi la fluoxétine tous les matins. Hier et ce matin, j’ai repris quelques gélules de tramadol qu’il me restait de la dernière poussée, car j’avais de nouvelles douleurs.

– Vous avez une tension normale habituellement ?

– Oui, aucun problème de ce côté-là, normalement.

– Elle est un peu haute, je vais refaire une mesure dans 5 minutes.

– Valérie Martin : Bon, je file chercher Oscar à son cours de tennis. A tout de suite…

–M. Galien : Etes-vous sûr que vous n’avez rien pris d’autre ? Un complément alimentaire, un fortifiant ?

– Paul Martin : Bon, je peux bien vous le dire, maintenant qu’elle est partie. Hier soir, j’avais prévu une chouette soirée pour nos 25 ans. J’ai anticipé et je suis allé voir un médecin près de mon boulot. Depuis quelque temps, durant nos rapports ça va trop vite. Il m’a prescrit Priligy. J’en ai pris un comprimé hier soir.

– Ah… de la dapoxétine. Je pense que c’est l’addition de tous ces médicaments qui est à l’origine de vos symptômes. Il s’agit d’un syndrome sérotoninergique. Il y a un excès de sérotonine au niveau de votre cerveau qui provoque tous ces désagréments. Je vais tout de suite appeler le 15 pour qu’ils viennent vous chercher.

– Vraiment ? C’est grave ?

– Oui, je ne vous trouve vraiment pas bien, cela nécessite un traitement et une surveillance étroite. Et vous devez très sérieusement indiquer chaque traitement que vous prenez au médecin ou au pharmacien inhabituels que vous consultez, afin d’éviter les mélanges inappropriés.

– Je n’y ai pas pensé.

Quelques jours plus tard :

à la pharmacie

– Mme Martin : M. Galien, je voulais vraiment vous remercier pour ce que vous avez fait ce week-end pour mon mari. Aux urgences, il a été admirablement bien pris en charge.

–M. Galien : Les cocktails médicamenteux improvisés, c’est toujours risqué. Pour vous surtout avec votre diabète, il faut éviter l’automédication. Et ça vaut également pour les compléments alimentaires.

– Du coup, il a arrêté son traitement pour la dépression aussi. J’espère qu’il ne va pas rechuter. Je ne sais pas franchement comment le prendre. Avec des gants ou avec des pincettes. Heureusement il reste la psychothérapie… s’il n’abandonne pas aussi.

– C’est difficile, c’est vrai. Tenez, je vous donne un peu de lecture sur le sujet de la dépression.

Vous trouverez des conseils et des témoignages pour comprendre et mieux appréhender la maladie.

Mais il faut impérativement que votre époux revoie son médecin pour faire le point ! 

Nous remercions le D r Brice Le Taillandier pour son aimable relecture. Sources : Le syndrome sérotoninergique en bref, Guide des interactions médicamenteuses 2016 de Prescrire ; orpha.net ; Thésaurus des interactions médicamenteuses de l’ANSM, septembre   2016.

À RETENIR


• Le syndrome sérotoninergique, caractérisé par un excès de sérotonine dans le système nerveux central, a une origine médicamenteuse. Il peut survenir quelques heures à quelques jours après l’initiation du traitement (introduction d’un autre médicament, augmentation de posologie…).

• L’association de plusieurs médicaments à l’origine d’un syndrome sérotoninergique majore le risque d’apparition du syndrome. Les médicaments potentiellement impliqués sont les suivants : la plupart des antidépresseurs, les inhibiteurs de recapture de la sérotonine, les IMAO, certains tricycliques (clomipramine, amitriptyline, imipramine), la venlafaxine, le milnacipran, la duloxétine, la péthidine, le tramadol, la dapoxétine, le millepertuis, le lithium…

• La dapoxétine (Priligy) est un inhibiteur de recapture de la sérotonine utilisé dans l’éjaculation prématurée.

• Le syndrome sérotoninergique se manifeste par des symptômes digestifs (diarrhée), psychiques (agitation, confusion, hypomanie), moteurs (myoclonies, tremblements, hyperréflexie, rigidité et hyperactivité) et des symptômes végétatifs (hypotension ou hypertension, tachycardie, frissons, hyperthermie, sudation).

• Le syndrome sérotoninergique nécessite une prise en charge en urgence lorsqu’il est identifié.

• En cas de traitement symptomatique adapté (benzodiazépine, arrêt du médicament incriminé), l’évolution est généralement favorable rapidement. Cependant, dans certains cas, des complications graves peuvent survenir nécessitant une hospitalisation : hyperthermie sévère, convulsions, coma voire décès.

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